Les caméras ont un système manuel qui doit être enclenché par les agents. PHOTO : RADIO-CANADA

Pressions à la hausse pour le port obligatoire de caméras par nos policiers

Pour le moment, seul le service de police de Calgary oblige tous ses policiers de première ligne à porter des caméras corporelles. Dans la quatrième ville du pays, environ 1100 agents portent des caméras depuis l’été dernier.

La police de Calgary s’était précédemment engagée à équiper ses agents de caméras d’ici 2016. Mais en raison de « problèmes techniques compromettant la sécurité des agents », on a mis quatre ans de plus pour remplir la promesse.

Ailleurs au pays, les corps policiers invoquent souvent les coûts élevés pour retarder ou rejeter l’idée.

C’est le cas à Vancouver où les recherches du département de police sur les caméras corporelles remontent à 2012. La police dit ne pas avoir l’intention de les mettre en place, car la technologie est « en grande partie à un coût prohibitif ».

Des millions pour équiper nos agents

Cela fait plus de cinq ans que la police de Toronto tente de prendre l’initiative. Mais les projets ont été déroutés là aussi par des considérations techniques ou financières.

En 2016, après avoir mené à bien un programme pilote utilisant deux modèles différents de caméras sur 85 agents, il a été recommandé au service de police d’aller de l’avant avec les caméras corporelles pour tous ces policiers au coût de 85 millions de dollars sur 10 ans.

En 2018, la police de Toronto a commencé à chercher un fournisseur de caméras. Le projet n’a guère avancé depuis.

Les pressions populaires augmentent

La semaine dernière, plus de 70 000 personnes ont signé une pétition en ligne demandant le port de ces appareils par les policiers d’Halifax, citant la nécessité de responsabiliser la police et faisant référence aux récentes manifestations aux États-Unis après la mort de George Floyd.

Une autre pétition en ligne demandant que les policiers de Toronto soient équipés de caméras corporelles dépasse les 100 000 signatures.

Arrestation de George Flyod (YouTube)

La situation évolue rapidement

Le chef de la police de Toronto, Mark Saunders, promet d’accélérer le programme de caméras corporelles, disant qu’il aimerait le mettre en place d’ici septembre pour  000 policiers. « J’ai beaucoup insisté. Je veux que ce soit fait maintenant, a déclaré le chef Saunders aux journalistes jeudi dernier. Les gens parlent, ils veulent ça. Je veux ça. »
 
Mike McCormack, président de l’association des policiers de Toronto, soutient l’utilisation des caméras corporelles et a déclaré que la décision de les mettre en place n’a pas été prise à la hâte et ne constitue pas une réaction aux récents événements.

« C’est une discussion que nous avons depuis plusieurs années. C’est déjà fait. L’encre a séché », a-t-il dit.

Résistance policière élevée à Montréal

Après un projet pilote d’un an, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a publié, l’an dernier, un rapport concluant que les caméras corporelles ont peu d’impact sur les interventions, présentent des défis logistiques et donnent aux agents le sentiment d’être sous surveillance.

Le SPVM a mené ce programme pilote en 2016-2017, mais a refusé d’aller de l’avant avec cette technologie, qui coûterait environ 24 millions de dollars par an. Il y a quelques jours, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a changé de cap et a déclaré que la ville obtiendra des caméras corporelles pour le service dès que possible.

La policière et porte-parole Tania Visintin explique cependant que le SPVM émet toujours des réserves importantes. « Nous continuons à nous inquiéter de l’efficacité avec laquelle les caméras portées sur le corps peuvent capturer avec précision les interactions de la police avec le public. La vidéo peut être obstruée ou ne montrer qu’un point de vue partiel lorsqu’un agent est impliqué dans une lutte ou une situation dynamique. »

La Gendarmerie royale du Canada, qui compte plus de 20 000 policiers et fournit des services de police au niveau fédéral et dans certaines provinces, a mené deux programmes pilotes de caméras corporelles. Après avoir mené une étude de faisabilité en 2016, la GRC a choisi de ne pas mettre en place de caméras corporelles jusqu’à ce que « la technologie disponible puisse répondre à ses besoins opérationnels spécifiques », déclare la porte-parole Marie-Christine Lemire.

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RCI avec CBC News

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