Pas moins de 91 % des citoyens du pays qui ont reçu des soins ou des évaluations médicales à distance depuis le début de la pandémie se disent très satisfaits de leur expérience.
Voilà la conclusion d’un sondage publié par l’Association médicale canadienne (AMC) qui révèle que l’accès virtuel aux soins est de l’avis des citoyens du pays l’une des transformations positives des derniers mois, et qu’ils aimeraient la voir se prolonger sur une base permanente. Ce sentiment est le plus fort parmi les Québécois.
S’ils avaient à choisir entre une rencontre virtuelle ou une rencontre en chair et en os avec leur médecin, moins de la moitié des Québécois choisirait dorénavant de rencontrer leur médecin en personne. Dans l’ensemble au pays en moyenne, le sentiment est quelque peu inversé : 58 % des Canadiens préfèrent encore l’option d’un médecin présent à leurs côtés pour une consultation médicale.
En détail, les résultats de ce sondage révèlent que tout près de la moitié des Canadiens (47%) ont bénéficié de « soins virtuels » depuis les trois derniers mois que cela soit sous la forme d’un simple appel téléphonique, d’un échange de courriels ou d’une conversation en ligne avec une infirmière ou un médecin.
À l’opposé, seulement environ 10 % des Canadiens ont vu un médecin en personne durant la pandémie et 6 % se sont rendus dans une clinique sans rendez-vous et 5 % aux urgences.
Précisons qu’avant que la pandémie soit déclarée, environ 4 % seulement des consultations de soins primaires au Canada se faisaient virtuellement, selon les données de l’Inforoute Santé du Canada.
Un accès virtuel plus facile et rapide
Plus du tiers des Canadiens (34 %) qui ont eu besoin d’une consultation médicale durant la pandémie sont parvenu à contacter directement leur médecin par téléphone ou en ligne. Et 7 % ont utilisé le service de télésanté de leur province, 6 % ont eu recours à la vidéoconférence, 6 % ont contacté un fournisseur privé de santé virtuelle et 4 % ont texté ou échangé des courriers électroniques.
Le sondage a été mené auprès de 1800 Canadiens du 14 au 17 mai, par Abacus Data. Les résultats ont été pondérés sur la base du recensement canadien. La marge d’erreur est de 2,3 %, 19 fois sur 20.
Des soins virtuels à développer

Dr Sandy Buchman (CBC)
« Les Canadiens ont été contraints de s’éloigner physiquement, de s’isoler, de rester chez eux », explique le Dr Sandy Buchman, président de l’Association médicale canadienne, qui suggère que les responsables du système de santé doivent maintenant capitaliser sur cet acquis et développer les soins en télémédecine.
« Nous devons saisir l’occasion. Nous devons trouver le bon côté des choses », ajoute-t-il à CBC News.
Le Dr Buchman, spécialisée dans les soins palliatifs aux sans-abri de Toronto, propose de travailler maintenant pour un meilleur accès aux services grâce aux téléphones portables et à l’Internet haut débit dans les communautés rurales, isolées et autochtones.
Il déclare qu’il n’est pas surpris par les résultats de l’enquête, compte tenu de la fréquence à laquelle les Canadiens effectuent des opérations bancaires et des achats en ligne et de ce qu’il a entendu comme anecdote durant la pandémie concernant la diminution sévère des visites dans les cabinets médicaux ou les services d’urgence.
Le mois dernier, le Dr Barry Rubin, directeur médical du Peter Munk Cardiac Centre de Toronto, affirmait que le nouveau coronavirus a obligé les cliniciens à faire des soins virtuels une part beaucoup plus importante du traitement des patients. En fait, disait-il, la pandémie a entraîné en quelques semaines des changements qui ont échappé aux professionnels de la santé pendant des décennies.
« Nous avons parlé de faire des soins virtuels pendant tout le temps que j’ai passé dans le secteur de la santé, soit 25 ans, mais c’est à cause de cette pandémie que nous sommes simplement obligés d’agir », a déclaré M. Rubin.
« Je n’ai jamais rien vu bouger aussi vite dans le domaine des soins de santé. Cela montre que la nécessité est la mère de l’invention », a-t-il conclu.
Les soins en personne devraient-ils demeurer la norme même pour les plus vieux?
La Dre Iris Gorfinkel, médecin de famille à Toronto, estime que pour les personnes jeunes, en bonne santé et appartenant à des groupes socio-économiques supérieurs, la télémédecine est une bonne solution et un bon moyen de communiquer avec un médecin. Selon elle, cela n’est pas nécessairement souhaitable pour toutes les catégories de patients.
« Je pense que la vidéoconférence serait très difficile à réaliser pour les patients les plus vulnérables, les patients plus âgés », a dit Mme Gorfinkel, qui contacte actuellement la plupart de ses propres patients par téléphone.
Elle s’inquiète également de l’absence d’indices subtils qui peuvent être difficiles de détecter à distance pour un médecin comme le fait de savoir si une personne est rasée, son odeur ou si quelqu’un dit « tout va bien » alors qu’une larme coule sur sa joue.
Mme Gorfinkel aimerait également que des recherches soient menées sur les coûts complets et à long terme des soins virtuels. Par exemple, elle commande désormais davantage de tests comme les rayons X et les ultrasons lorsqu’un examen physique à distance ne permet pas de vérifier si l’abdomen d’un patient présente une hypertrophie des organes ou d’autres problèmes.
NOUVEAU : La reprise des chirurgies électives est difficile au pays sans dons de sang
RCI avec CBC News et La Presse canadienne
LISEZ AUSSI
Revoir la réglementation pour faciliter les soins virtuels
L’avenir des soins de santé en ligne et de nos cliniques virtuelles
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.