La brutalité policière est une fois de plus remise en question au sein des communautés autochtones qui déplorent la perte de Chantel Moore, une jeune fille qui rêvait de devenir ingénieure et qui a été tuée, lors d’une intervention policière, à son domicile. Crédit : Istock

Obsèques de Chantel Moore: les Autochtones hors réserve sollicitent plus d’aide

Le décès de cette jeune fille autochtone a semé l’émoi au Canada et particulièrement au sein des communautés autochtones partout au pays.

Ce décès est survenu jeudi dernier dans un contexte où le monde entier est mobilisé contre le racisme et la violence policière à l’endroit des communautés racialisées. Le déclencheur de cette mobilisation planétaire est le meurtre d’un Afro-Américain par un policier blanc de Minneapolis.

Comme l’Américain George Floyd, Chantel Moore est morte tuée par des policiers. La jeune fille a trouvé la mort à la place de l’aide dont elle avait tant besoin lorsque les policiers sont arrivés chez elle et ont argué qu’elle était armée d’un couteau et se montrait particulièrement menaçante.

Ce décès est venu remettre sur la table les préoccupations en ce qui a trait à la violence policière à l’endroit des femmes autochtones au Canada, un pays qui tente toujours de panser les blessures ouvertes par la disparition ou l’assassinat de 1200 femmes autochtones de 1980 à 2012.

La famille de la jeune fille a indiqué jeudi que les obsèques ont lieu dans l’intimité, tandis que les associations autochtones plaident pour une stratégie nationale de financement pour les peuples des Premières Nations hors réserve.

Cet appel émane du Congrès des peuples autochtones (CPA), de ses organisations provinciales et territoriales (OPT) et de son Conseil national de la jeunesse (CNJ).

Tous ensemble, ils ont dénoncé les pesanteurs administratives et institutionnelles ainsi qui le soutien insuffisant qui ont possiblement causé cette mort.

« Chantel Moore a été accidentellement tuée la semaine dernière lors d’une vérification policière de son état de santé. Cette mort met en lumière la façon dont les gouvernements fédéral et provinciaux perpétuent un héritage colonialiste encore ancré dans les institutions gouvernementales qui continuent de nuire aux peuples autochtones hors réserve », a relevé le chef national du Congrès des peuples autochtones, Robert Bertrand, dans un communiqué.

M. Bertrand observe que les choses se seraient peut-être passées autrement si Mme Moore avait eu accès rapidement à l’aide dont elle avait besoin dans les circonstances. Il pense que cette aide a été entravée par le manque ou par l’insuffisance des ressources au sein des organismes communautaires qui ont l’habitude d’intervenir pour faire face rapidement aux demandes dans les communautés autochtones hors réserve.

« Les Autochtones vivant hors réserve comme Chantel sont systématiquement confrontés à un accès inéquitable aux programmes et services que le gouvernement fédéral a pourtant l’obligation de fournir. Les organismes hors réserve mandatés pour soutenir des gens comme Chantel n’ont malheureusement pas les ressources suffisantes pour répondre aux besoins de ceux qui vivent dans ces communautés », observe Robert Bertrand.

Les OPTS ont la responsabilité de fournir une variété de services aux communautés autochtones hors réserve, dont les soins de santé, le logement, le soutien à l’emploi et au renforcement des compétences.

Le problème soulevé par le congrès des peuples autochtones est celui de l’orientation des financements gouvernementaux qui ciblent davantage les organismes qui interviennent principalement dans les réserves.

« L’absence d’une stratégie de financement national pour financer les programmes et services essentiels proposés par les organismes hors réserve, comme le Conseil des peuples autochtones du Nouveau-Brunswick (NBAPC), est directement reliée au fait que les peuples autochtones déménageant hors réserve ne reçoivent pas le soutien adéquat », affirme pour sa part Richard Cooper, représentant du Conseil national de la jeunesse.

Parmi les besoins les plus urgents des communautés autochtones vivant hors des réserves, les organismes ciblent l’accès à la santé et surtout aux soins en santé mentale qui font cruellement défaut, causant des tragédies comme celle qui est survenue avec le décès de Chantel Moore.

Dénonçant le manque de compréhension et d’empathie de la part du corps policier, les organisations autochtones remettent en question la manière dont les policiers appliquent la loi, et elles critiquent leur approche basée sur les réalités d’un passé colonial douloureux.

C’est un héritage qui ne devrait plus continuer à teinter les relations entre les Autochtones et les policiers aujourd’hui. Il est question de plus de justice, d’équité et de soutien aux communautés, a conclu Christy Mellor-Gorham, la représentante provinciale des jeunes pour le NBAPC.

Il faut souligner que les obsèques de Chantel Moore, à Edmundston, au Nouveau-Brunswick, le 11 juin, a été l’occasion pour la famille, qui n’en est pas à la première perte d’un de ses membres à cause de la brutalité policière, de demander une enquête nationale sur la brutalité policière envers les Autochtones et d'exiger le port obligatoire de caméras portatives par les policiers.
Avec des informations du Congrès des peuples autochtones

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Catégories : Autochtones
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