Ayant analysé les données de Global Fishing Watch, outil développé pour surveiller la vitesse et le positionnement des navires dans les zones de conservation des baleines noires de l’Atlantique Nord, Océana Canada recommande au gouvernement du Canada de rendre le ralentissement des navires obligatoire. Crédit : Istock

Sauver la baleine noire en rendant obligatoire le ralentissement des navires

Cette espèce est menacée d’extinction dans le monde. Océana Canada, un organisme caritatif indépendant sans but lucratif qui œuvre à la conservation des océans depuis 2015, tire la sonnette d’alarme sur l’une des plus importantes causes de décès qui menace la baleine noire en Amérique du Nord. L’organisme invite Transport Canada à rendre le ralentissement des navires obligatoire.

Cette espèce a vu sa population diminuer considérablement au fil des ans pour tomber à quelque 400 têtes. Pourtant, il y a près d’un siècle et demi, ces géants des mers, avec une population atteignant les 21 000, étaient abondants et considérés comme des espèces idéales pour la chasse, en raison de leur proximité avec le rivage et de la lenteur de leur mouvement. Cette population est tombée rapidement à moins d’une centaine dans les années 1920 avant de remonter à la suite de l’interdiction de la chasse dans les années 30.

Depuis 2010, où la population est remontée à 483, il n’y a pas eu de croissance supplémentaire. Cette population est en déclin avec les pertes enregistrées au cours des dernières années pendant lesquelles on a assisté à une véritable saignée.

Pour 2018-2019, ce sont en tout 28 carcasses de baleines noires qui ont échoué sur les côtes nord-américaines. Au bout de plusieurs analyses, les chercheurs ont conclu que l’activité humaine était à l’origine de ces décès et ont suggéré que des mesures soient prises pour resserrer les règles autour de ces activités aussi bien au Canada qu’aux États-Unis.

En ce qui concerne le Canada, en raison d’entremêlement des baleines dans des engins de pêche dans le golfe du Saint-Laurent, le gouvernement a exigé la limitation du nombre de lignes de cordes le long des routes migratoires et dans les zones d’alimentation. Il a institué une limitation volontaire des navires à 10 nœuds.

Le bruit et surtout les collisions avec les navires ont été mentionnés comme les autres causes de décès. Selon plusieurs études, la vitesse des navires aurait une incidence directe sur les collisions avec les baleines. C’est pourquoi il a été recommandé que les navires observent volontairement une limitation de vitesse qui leur permettrait de réagir rapidement, en changeant notamment de direction à la vue d’une baleine.

Ayant observé en quelques jours, du 19 au 25 mai, le comportement des navires dans le détroit de Cabot, Global Fishing Watch a noté que 72 % des navires n’ont pas respecté le ralentissement volontaire à 10 nœuds. Un navire canadien a affiché une vitesse particulièrement élevée, soit 21,1 nœuds. C’est plus de deux fois la limite requise pour réduire la létalité des collisions à 86 %, observe l’étude.

Sur la base de cette observation, Océana invite Transport Canada à implanter sans délai des zones de ralentissement obligatoires, certaines pendant toute la saison et d’autres temporaires, et d’instituer une vitesse limitée à 10 nœuds dans le détroit de Cabot (considéré comme la principale voie d’entrée de la baleine noire dans le golfe du Saint-Laurent) pour les navires de 13 mètres et plus, en vigueur du 28 avril au 15 juin, puis du 1er octobre au 15 novembre.

C’est de cette façon qu’on pourra mettre un terme aux « niveaux de non-conformité exagérément élevés » et protéger les baleines, affirme Kim Elmslie, directrice de campagne pour Océana Canada, dans un communiqué.

« Dans un secteur où la vitesse représente souvent un avantage concurrentiel, nous craignons qu’un ralentissement volontaire ne dissuade les exploitants de navires de respecter la limite de vitesse et ne confère un avantage injuste à ceux qui ne la respectent pas. Certains d’entre eux naviguent à près du double de la vitesse autorisée. Le niveau élevé de non-conformité et l’absence de conséquences constituent une menace réelle pour les baleines noires individuelles et la survie dans son ensemble », a relevé Mme Elmslie.

On se souvient que, durant l’hiver, un baleineau a dû être secouru dans les eaux américaines où il avait été heurté par un bateau. Océana indique qu’il n’a pas été aperçu depuis cette opération et suppose qu’il serait mort.

Les résultats partiels de l’analyse d’Océana Canada, réalisée sur la base de données de Global Fishing Watch, sont publiés au lendemain de la nécropsie d’une baleine qui a fait son apparition pour la première fois cette année, le 3 mai, dans le golfe du Saint-Laurent. Cette baleine a suscité beaucoup d’engouement aussi bien au Québec qu’à l’international où les commentaires se sont multipliés autour de son apparition bienfaisante en cette période de pandémie de la COVID-19. Un engouement très vite rabattu par le décès du mammifère marin, quelques jours plus tard, possiblement lié à une collision avec un navire, selon le constat de la nécropsie.

Bien qu’il y ait eu sept nouvelles naissances en hiver, la population générale des baleines réduite à 400 reste menacée d’extinction et il faut agir urgemment pour amoindrir les risques de collision dans les zones de conservation dans l’Atlantique Nord, observe Océana Canada, qui entend publier toutes les observations de son étude à la mi-juillet.

Avec des informations d’Océana Canada.

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Catégories : Environnement et vie animale
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