Des chercheurs de Londres ont mesuré les particules virales dans l’air dans une salle de bain après que des patients eurent utilisé trois méthodes de séchage des mains : il y a eu plus de particules virales autour des appareils de séchage électriques qu’autour du séchage avec du papier essuie-mains. Crédit : Istock

Sèche-mains électrique : véritable propulseur de microbes dans l’air?

Quelle technique de lavage et de séchage des mains alors que les restaurants rouvrent?

Le lavage des mains s’est avéré comme l’une des mesures efficaces pour faire barrière à la transmission de la COVID-19. Bien qu’il n’y ait pas d’études concrètes sur la contamination par la propulsion du virus dans l’air à la suite de l’utilisation d’un essuie-main à propulsion électrique, des chercheurs conseillent de s’essuyer les mains avec du papier.

Le Journal de Montréal rapporte que ce sont deux chercheurs de l’Université de Westminster, en Grande-Bretagne, Patrick Kimmitt et Keith Redway, dont les travaux ont fait l’objet d’une présentation au Congrès de la Société européenne de microbiologie clinique et des maladies infectieuses, qui ont souligné qu’il y avait moins de particules virales dans l’air à l’utilisation de la méthode traditionnelle de séchage des mains.

Nous nous sommes entretenus avec Frédéric Perreault, directeur des services de laboratoire pour Cascades, une entreprise d’emballage, d’hygiène et de récupération, dont le siège est à Montréal. M. Perreault donne son point de vue sur les conclusions de cette étude.

Il affirme que les principales conclusions sont « statistiquement significatives ».

« Les microbiologistes ont indiqué que le papier à main dégagerait beaucoup moins de particules virales dans l’air que le séchoir à main dans les toilettes publiques. Ils ont conclu que le papier à usage unique devrait être envisagé en temps de pandémie », a-t-il souligné.
Les chercheurs ont utilisé des bactériophages dans le cadre de cette étude comparative qui a permis notamment de mettre en présence des dispositifs de séchage électriques et le papier, avec trois objectifs principaux :

– quantifier les particules virales à différentes hauteurs (de 0,15 à 1,65 mètre);
– quantifier les particules virales à différentes distances allant jusqu’à trois mètres;
– mesurer les aérosols ou les particules virales dans l’air autour de chacune des méthodes de séchage 15 minutes après leur utilisation.

En chiffres, voici les principales observations après l’usage des trois types de sèche-mains utilisés :

– sèche-mains à air propulsé : 3005 particules virales
– sèche mains à air chaud : 104 particules virales
– sèche-mains en papier : 15 particules virales

« Généralement, il y a une plus grande dispersion significative dans l’air à différentes hauteurs et distances des particules virales. Les sèche-mains électriques génèrent une plus grande quantité d’aérosols du virus. Ces résultats soulignent l’importance de bien choisir la méthode de séchage des mains dans des lieux où l’hygiène et les contaminations croisées sont des paramètres importants à considérer. » – Frédéric Perreault.

M. Perreault souligne que le retour au papier ne devrait se faire dans les circonstances actuelles que si l’on dispose d’une distributrice sans contact, qu’elle soit mécanique ou électrique.

« Un essuyage des mains pendant au moins 10 secondes est recommandé. Le papier peut par la suite être utilisé pour manipuler la robinetterie et la porte des toilettes sans recontaminer les mains », a-t-il conclu.
Au sujet de l’étude : basée sur une méthode quantitative, cette étude a été effectuée dans un laboratoire avec des échantillons de panneaux verticaux pour collecter les échantillons à des distances différentes (0 à 3 mètres) des dispositifs de séchage. 10 échantillons ont été pris à 9 distances différentes pour chaque dispositif de séchage. Les différences observées étaient statistiquement significatives avec des intervalles de confiance supérieurs à 99 %. Trois méthodes de séchage ont été comparées dans l’environnement immédiat d’une salle de bain. Les mains des participants ont été artificiellement contaminées au bactériophage, un virus qui s’attaque à des bactéries et qui n'est pas dangereux pour les humains.

Dans un contexte où les activités redémarrent progressivement dans différents secteurs, les conclusions de cette étude peuvent être bénéfiques pour la population qui est appelée à se laver plus souvent les mains.

Santé Canada a également mis en garde la population contre certains désinfectants pour les mains qui peuvent être particulièrement agressifs en raison de la présence de substances interdites, à l’instar de l’éthanol. C’est ainsi que l’Agence de santé publique du Canada recommande en tout temps de privilégier le lavage des mains avec de l’eau et du savon ou un désinfectant à base d’alcool.

Avec des informations fournies par Cascades, le Journal de Montréal et Santé Canada.

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Catégories : Société
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