Des chercheurs de trois grandes universités de Montréal se sont joints à des résidents d’un quartier montréalais pour développer une nouvelle étude pour mieux comprendre la crise du logement. Le Projet cartographique anti-éviction de Parc-Extension, chapeauté par les universités McGill, Concordia et du Québec à Montréal, a pris forme lorsque des locataires du secteur ont commencé à dénoncer avoir de plus en plus de difficulté à trouver un logement abordable et de qualité dans le quartier.
D’ailleurs, samedi, des résidents de Parc-Extension ont pris part, à pied, en voiture et à vélo, à une caravane pour dénoncer les évictions qui ont lieu dans leur secteur à pour demander des mesures d’urgence supplémentaires afin de « conjuguer avec la crise du logement ».
Selon les organisateurs de cette manifestation, avec l’arrivée à échéance de la plupart des baux de location le 30 juin prochain, plusieurs locataires pourraient se retrouver à la rue cet été, au milieu d’une pandémie mondiale. Les locataires dénoncent une explosion des prix des loyers, des taux d’inoccupation à leur plus bas en 15 ans, ainsi que le recours à la discrimination de la part des propriétaires, particulièrement lorsque des locataires et des familles racisées, issues de l’immigration et à faible revenu, sont concernées.
RCI a parlé à Emanuel Guay, doctorant et chercheur du Projet de cartographie anti-éviction de Parc-Extension, et à Amy Darwish et André Trépaner du Comité d’action Parc-Extension (CAPE). Ils nous ont expliqué que cette idée est née d’un collectif formé au début de l’année 2019 afin de documenter « les conséquences de l’embourgeoisement » à Parc-Extension ainsi que les stratégies pour contrer ses effets négatifs.
En effet, ce rapport dont M. Guay fait mention est le résultat d’une recherche qui a suivi l’ouverture, en septembre 2019, du nouveau Campus MIL de l’Université de Montréal au sud du quartier Parc-Extension. La recherche conclut qu’en ce qui concerne le logement, la construction et la mise en fonction du campus ont mené à des augmentations de loyer, des évictions et des déplacements de résidents, dans un contexte marqué par des taux d’inoccupation bas à Parc-Extension et plus largement à Montréal.
Le rapport dit aussi que des groupes communautaires ont été déplacés et des réseaux de soutien se sont déstabilisés puisqu’on assiste à une forme particulière d’embourgeoisement provoquée par l’arrivée d’étudiants dans le quartier et un marché immobilier spéculatif.
Qui sont les personnes les plus à risque de se faire évincer et pourquoi?
Quels effets tangibles peut avoir ce projet cartographique sur ces populations?
L’Université de Montréal a indiqué que la construction de résidences étudiantes à but non lucratif n’était pas dans ses plans, tout en soulignant qu’elle avait pris des initiatives dans les dernières années pour consulter les résidents et résidentes ainsi que les groupes communautaires de Parc-Extension.
Le collectif de chercheurs et d’organismes communautaires de Parc-Extension souhaite que ce rapport contribue à faire avancer la discussion publique sur l’embourgeoisement de Parc-Extension. Ils nous ont toutefois souligné que ce document ne constitue qu’un seul élément dans un ensemble plus large de tactiques visant à freiner les évictions dans le quartier. Les locataires visés participeront à plusieurs actions, dont la caravane organisée samedi par le CAPE.
La conférence de presse pour le rapport sur le Campus MIL du Projet de cartographie anti-éviction de Parc-Extension…
Posted by Anti-Eviction Montreal / Anti-éviction Montréal on Wednesday, June 3, 2020
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