Les voyages aériens souvent inconfortables avant la pandémie vont le devenir encore plus au cours des prochaines semaines, selon les experts de l’aviation, avec les plans de relance des compagnies aériennes canadiennes.
Les Canadiens qui voudront prendre l’avion doivent se préparer à des prix de billets plus élevés et à une accentuation des contrôles de température, aucun repas à bord sur cabaret et pas d’alcool, uniquement de l’eau, même en première classe.
Les délais et les attentes devraient aussi être plus nombreux. L’amélioration des procédures de nettoyage des avions par exemple se traduira probablement par un allongement des intervalles entre les vols.
« Le nettoyage, les procédures de sécurité, cela va retarder les vols. Et cela entraînera un certain niveau de dépenses », estime Jacques Roy, professeur de gestion des transports à HEC Montréal.
« Mais le plus important serait de supprimer le siège du milieu. Cela réduirait la capacité d’un tiers. Pour compenser, il faut augmenter les prix. »
Dans les aéroports
Les règles d’éloignement physique dans les aéroports très fréquentés vont réduire leur capacité d’accueil et provoquer des encombrements dans les aires d’arrivées et de départs.
Des contrôles de température par infrarouge seront bientôt exigés pour tous les passagers internationaux ainsi que pour ceux qui voyagent à l’intérieur du Canada. Et des postes de contrôle seront installés dans 15 aéroports d’ici septembre, a confirmé vendredi dernier le ministre des Transports Marc Garneau.
Les voyageurs dont la température est élevée, 37,5 degrés Celsius dans le cas d’Air Canada, qui procède déjà à des contrôles, ne pourront pas monter à bord et seront interdits de vol pendant au moins 14 jours.
Cette mesure devrait allonger les procédures de préembarquement et provoquer de plus longues attentes.
Dans les avions
Bonnes nouvelles pour les passagers en classe économique, ils ne seront plus les derniers invités à s’asseoir à bord de l’avion. Les passagers assis à l’arrière et au milieu de l’appareil embarquent désormais généralement en premier et ceux à l’avant en dernier afin de réduire le risque de contagion.
Autre mesure d’éloignement : Air Canada et WestJet bloquent la vente de sièges adjacents dans tout l’avion. On peut s’attendre au maintien de cette pratique, mais cela pourrait changer.
Le regroupement des compagnies aériennes IATA, dont sont membres Air Canada et WestJet, a annoncé, le mois dernier, que le fait que tous les passagers portent des masques élimine la nécessité d’une distance physique à bord et que les sièges des avions servent de barrière suffisante à la transmission du virus.
Jim Scott, PDG du transporteur canadien à très bas prix Flair Airlines, explique que le retrait du siège du milieu pourrait donc devenir une option pour laquelle il faudra payer un supplément.
WestJet a déclaré dans un courriel qu’elle réévaluera sa politique du retrait des sièges du milieu à la fin du mois, tandis qu’un porte-parole d’Air Canada a mentionné qu' »il n’est pas possible de spéculer sur les possibilités futures ».
Moins de confort même en classes supérieures
Les passagers au pays doivent tous s’attendre à moins de confort à bord. Ainsi, afin de réduire au minimum les contacts entre les clients et les agents de bord, oreillers, couvertures et alcool ne sont plus disponibles.
On ne sert plus également que de l’eau en bouteille aux passagers et seuls les voyageurs sur les vols internationaux ou en classe affaires pour les voyages de plus de deux heures se voient offrir des repas. Mais ils sont servis froids dans des boîtes. Aucun choix de menu et pas de cabaret même pour les voyageurs qui paient plus cher.
Les passagers d’Air Canada reçoivent actuellement des trousses gratuites comprenant un désinfectant pour les mains, des lingettes antiseptiques, des gants, une bouteille d’eau et, conformément aux règles fédérales en vigueur depuis le 4 juin, des masques.
Tous les adultes et les enfants de plus de 2 ans doivent dorénavant porter ces masques non médicaux ou leur propre couvre-visages en tout temps, sauf pendant les repas.
Des mesures qui vont coûter très cher
Toutes les mesures de distanciation, combinées à la diminution du nombre de passagers, risquent de compromettre gravement les résultats financiers des transporteurs.
Selon l’Association internationale du transport aérien (IATA), en Amérique du Nord, l’éloignement physique à bord fera augmenter le tarif moyen de 43 %, passant de 202 $ à 289 $. Ce bond de 43 % permettra aux compagnies aériennes d’atteindre uniquement le seuil de rentabilité.
Reprise à grands frais et à grands risques du trafic aérien
Air Transat a révélé la semaine dernière qu’elle prévoit reprendre ses vols le 23 juillet vers près de deux douzaines de destinations internationales, dont la France, l’Italie et le Mexique, tant que les restrictions de voyage à ce moment-là le permettront.
Air Canada ajoute également d’autres destinations internationales à sa liste, dont Londres, Paris et Francfort, tandis que WestJet a déclaré dans un courriel à CBC qu’elle « travaille sur un horaire de juillet mis à jour qui inclura une augmentation de la fréquence des vols quotidiens ».
Flair Airlines, un transporteur au rabais reprendra également ses activités le mois prochain, même si les appareils risquent d’être peu fréquentés.
« C’est un problème de poule et d’œuf. Vous ne pouvez pas attirer les passagers si vous n’avez pas de vol, a déclaré Jim Scott à CBC News. Si vous avez un vol et que les gens ne se présentent pas, vous devez l’exploiter. Si vous l’exploitez à perte, vous finirez par faire faillite. »
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RCI avec La Presse canadienne et CBC News
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