Un vote a lieu dès le 17 juin au Conseil de sécurité de l’ONU, organe né en 1945 avec pour mission d’œuvrer à la paix et à la sécurité internationales. À l’issue de ce vote des 193 États membres, le Canada pourra faire partie des 10 membres non permanents. Crédit : Istock

Conseil sécurité ONU : le « Canada de retour » avec un siège non permanent?

 En raison de la pandémie de la COVID-19, le vote progressif a lieu dès le 17 juin en vue de pourvoir deux sièges non permanents au Conseil de sécurité des Nations unies. Il se pourrait que les résultats soient connus le 18 juin.

En attendant, le Canada veut y croire, malgré la solidité de la candidature de ses deux concurrents, la Norvège et l’Irlande.

Ces deux pays se sont lancés dans la promotion de leur candidature bien plus tôt que le Canada, et ils bénéficieraient d’appuis plus solides, notamment dans les pays africains où leurs contributions à l’aide au développement sont plus colossales.

Néanmoins, le Canada peut compter sur la popularité de son premier ministre, Justin Trudeau, qui a une image plutôt sympathique sur la scène internationale.

À son arrivée au pouvoir en 2015, M. Trudeau annonçait le « retour du Canada » dans le concert des nations. Il avait déclaré en substance : « Canada is back » en opposition à la présence plus restreinte de son prédécesseur du Parti conservateur, Stephen Harper. Ses discours sont plus portés sur le multilatéralisme et sur le soutien aux plus vulnérables, notamment les femmes dont les capacités doivent être renforcées afin qu’elles sortent de la pauvreté, les jeunes filles dont la scolarisation doit être soutenue, les enfants qui méritent une attention et une protection particulières, les personnes déplacées en raison des conflits et autres catastrophes naturelles. Pour ce dernier aspect, Trudeau se montre particulièrement généreux vis-à-vis des réfugiés syriens.

Par contre, sur la scène internationale, en ce qui concerne les montants alloués à l’aide au développement, les enveloppes qui y sont consacrées ne tiennent pas toujours les promesses du discours du premier ministre.

Pour l’exercice 2018-2019, les dépenses dans le cadre de cette aide sont chiffrées à 916 millions de dollars, dont 882 millions gérés par Affaires mondiales Canada.

Les contributions du Canada sont jugées dérisoires, entre autres, par le président des États-Unis Donald Trump. Celui-ci estime qu’Ottawa doit accroître ses contributions à l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et renforcer sa présence dans les missions de paix et de sécurité dans le monde.

Il faut mentionner que la présence des forces canadiennes dans ces missions mondiales a été considérablement réduite depuis quelques années. On note ainsi le retrait des Casques bleus du Canada du Mali, la fin de sa mission en Afghanistan, au Pakistan, aux Philippines, entre autres.

En raison de la pandémie de la COVID-19, le Canada a aussi procédé à des ajustements en ce qui concerne la répartition de ses troupes sur le terrain à différents endroits.

Les seuls endroits où cette présence reste tangible avec des faits notoires sont l’Irak dans le cadre de l’opération IMPACT, NOREX dans l’Arctique et le soutien aux forces de l’OTAN en Europe centrale et de l’Est.

De façon plus générale, les membres de la Gendarmerie royale du Canada sont plus actifs dans des missions en Amérique du Nord (Driftnet, Laser, Lentus, Limpid, Boxtop, entre autres).

Trop peu pour le Canada qui espère gagner la confiance des 193 États de l’Assemblée générale des Nations unies qui procèdent au vote?

C’est difficile à dire, bien qu’il y ait des preuves que la candidature du Canada est plutôt mal en point en comparaison à celles de ses deux adversaires, qui semblent plus estimées.

La promotion de la candidature du Canada est portée par deux anciens premiers ministres, Joe Clark, au fédéral de 1979 à 1980, et Jean Charest au Québec de 2003 à 2012.

Au fil des années, le Canada a été élu six fois au Conseil de sécurité qui compte 15 États membres, dont 5 permanents que sont la Chine, la France, la Russie, les États-Unis et le Royaume-Uni, et 10 non permanents. Ottawa y est absent depuis 2010.

Après 10 années d’absence au Conseil de sécurité et le réengagement promis par Justin Trudeau en 2015 de revenir en force sur la scène internationale, c’est plus qu’une question d’honneur et de rayonnement international pour le Canada d’occuper l’un des deux sièges de membre non permanent en jeu dans le cadre de ces élections.

Bien que l’ONU soit considérée aujourd’hui par certains comme un « machin dérisoire qu’il faut démanteler », le Conseil de sécurité se positionne toujours comme l’un de ses organes centraux, en raison de son rôle primordial dans la paix et la sécurité internationales.

Si la candidature du Canada venait à obtenir les deux tiers de votes requis, soit 129 voix, cela lui donnerait l’occasion de siéger auprès des neuf autres membres qui sont élus pour deux ans.

Il va falloir pour cela que les sons de cloche discordants qui retentissent de l’intérieur, comme ceux de l’Institut canadien des politiques étrangères, se fassent plus discrets. Selon Radio-Canada, l’Institut aurait obtenu la signature de plus de 2500 particuliers et de 50 organisations au bas d’une lettre adressée à tous les ambassadeurs de l’ONU afin de les inviter à voter contre le Canada.

L’Institut soutient que le Canada n’est autre qu’un « joueur bavard démuni », et que Trudeau et son multilatéralisme, tout comme Harper et son orientation plus musclée en politique étrangère, n’ont pas réussi à faire avancer les intérêts du Canada sur la scène internationale. À cela, il ajoute qu’Ottawa se retrouve coincée entre plusieurs géants, notamment les États-Unis, la Chine et la Russie, avec lesquels les relations sont loin d’être au beau fixe.

Par conséquent, l’Institut soutient que le Canada ne saurait se positionner comme un « pays essentiel » dans le concert des nations, avec un budget des dépenses militaires trop loin des 2 % fixés par les autres membres de l’OTAN, un réseau diplomatique réduit qui ne couvre que peu de pays, alors que le Canada convoite un siège non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. L’Institut estime qu’Ottawa devrait « rebâtir les outils de sa puissance et de son influence » dans le monde, car selon les Nations unies, un siège au conseil s’accompagne d’importantes responsabilités et offre la possibilité d’exercer une influence importante dans le monde.

Avec des informations du gouvernement fédéral, des Nations unies et de l'Institut canadien des affaires mondiales

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Catégories : International
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