Zhao Lijian (REUTERS)

La Chine fait la leçon à Justin Trudeau dans l’affaire Meng-Kovrig-Spavor

La Chine a exigé lundi que le premier ministre canadien mettre fin à ses « remarques  irresponsables » dans deux affaires d’espionnage impliquant d’un côté la fille du fondateur du  géant chinois Huawei et deux hommes d’affaires canadiens accusé formellement d’espionnage par  la Chine la semaine dernière.

Un porte-parole du ministère chinois affirme que les accusions d’espionnage contre les  Canadiens ne sont pas liées à la détention au Canada de la directrice financière de Huawei et  qui fait l’objet de procédures d’extradition aux États-Unis.

De soutenir Zhao Lijian du ministère chinois des Affaires étrangères les accusations  d’espionnage sont « complètement différentes » et indépendantes de celles de Meng. Meng a été  arrêté sur la base d’accusations américaines liées à de possibles violations des sanctions  commerciales contre l’Iran.

Il s’en est alors pris à Justin Trudeau en disant que celui-di devrait « cesser de faire des  remarques irresponsables » après avoir affirmé que la décision de Pékin d’accuser deux  Canadiens d’espionnage était liée à l’arrestation par le Canada d’un cadre chinois du secteur  technologique.

« Il n’existe pas de détention arbitraire », a déclaré le porte-parole du ministère. La Chine  exhorte le dirigeant canadien concerné à respecter (…) la souveraineté judiciaire de la  Chine et à cesser de faire des remarques irresponsables », a déclaré Zhao Lijian.

Le cas de Meng est un « incident politique grave » et fait partie des efforts américains pour  « supprimer les entreprises chinoises de haute technologie et Huawei », a ajouté Zhao. Il a  conclu sa tirade en affirmant que le Canada dans cette affaire « a joué le rôle d’un  complice ».

Justin Trudeau ne se fait pas faire la leçon

Le Premier ministre Justin Trudeau tient une conférence de presse à Rideau Cottage pendant la pandémie de COVID-19 à Ottawa le mardi 9 juin 2020. LA PRESSE CANADIENNE / Sean Kilpatrick

Lors de son point de presse quotidien sur la pandémie de coronavirus, M. Trudeau a été  interrogé sur les affirmations de la Chine selon lesquelles il devrait « cesser de faire des  remarques irresponsables » en établissant un lien entre la détention des deux Canadiens par la  Chine et l’arrestation de Meng en décembre 2018.

Il a répondu qu’il est clair à ses yeux que la Chine a détenu Michael Kovrig et Michael  Spavor dans une tentative « évidente » de faire « pression politique » sur le Canada pour  l’arrestation de Meng Wanzhou.

Il affirme que le Canada continuera à lier la décision de Pékin d’accuser deux Canadiens  d’espionnage à l’arrestation de Meng Wanzhou : « Dans les tout premiers jours de la détention  de Michael Kovrig et Michael Spavor, les responsables chinois ont mis en évidence un lien  entre la détention de Meng une semaine avant et l’arrestation des deux Michaels ».

« Il est évident depuis le début que c’était une décision politique prise par le gouvernement  chinois, et nous le déplorons et l’avons fait dès le début ».

« Il est évident depuis le début qu’il s’agit d’une décision politique du gouvernement  chinois, et nous le déplorons », a déclaré M. Trudeau aux journalistes lundi.

« Ils ont établi ces liens dès le début et continuent à exercer des pressions politiques sur  le Canada par le biais de cette détention… l’utilisation de détentions arbitraires comme  moyen de faire avancer des objectifs politiques est totalement inacceptable dans un monde  fondé sur des règles.

Un mot sur les détenus Meng, Kovrig et Spavor

Meng Wanzhou, quitte son domicile pour la Cour suprême de Colombie-Britannique à Vancouver en mai dernier. (Ben Nelms/CBC)

Meng a été arrêtée par les autorités canadiennes à Vancouver en décembre 2018 sur ordre des  autorités américaines, qui l’ont inculpée le mois suivant, elle et sa société, de multiples  chefs d’accusation liés au contournement présumé des sanctions américaines sur l’Iran et au  vol de secrets d’entreprise.

Le Canada et les États-Unis ont un traité d’extradition de longue date, et les États-Unis  veulent que Meng soit extradée pour être jugée pour répondre aux accusations qui pèsent contre  elle.

Meng est actuellement en liberté sous caution et vit dans son manoir de Vancouver où elle  travaillerait à l’obtention d’un diplôme d’études supérieures.

Les Canadiens Michael Spavor (à gauche) et Michael Kovrig sont accusés d’espionnage par la Chine. Photo : Facebook

Michael Kovrig et Michael Spavor sont détenus dans un lieu tenu secret et se sont vus refuser  l’accès à des avocats ou à des membres de leur famille.

Tous deux se sont vu refuser l’accès à un avocat depuis le début de leur détention, il y a  environ 600 jours. Ni l’un ni l’autre n’ont été autorisés à recevoir des visites consulaires  depuis quatre mois.

Les accusations portées contre eux ont été annoncées vendredi après qu’un juge canadien ait  décidé que le cas d’extradition de l’exécutif de Huawei, Meng Wanzhou, pouvait passer à  l’étape suivante, la rapprochant ainsi de sa remise aux autorités américaines.

Lundi, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a défendu le Canada

Mike Pompeo – Photo : AP

Lundi matin, Mike Pompeo a publié un communiqué de presse dans lequel il dit:  « Les États- Unis sont extrêmement préoccupés par la décision de la République populaire de Chine (RPC) de  procéder à des inculpations formelles contre les citoyens canadiens Michael Kovrig et Michael  Spavor », a déclaré M. Pompeo.

« Ces accusations sont politiquement motivées et totalement infondées. Les États-Unis se  joignent au Canada pour demander à Pékin la libération immédiate des deux hommes et rejettent  l’utilisation de ces détentions injustifiées pour contraindre le Canada », a-t-il déclaré dans  une déclaration.

« En outre, nous nous faisons l’écho de l’appel du Canada pour un accès consulaire immédiat à  ses deux citoyens, conformément à la Convention de Vienne sur les relations consulaires, car  la Chine interdit un tel accès depuis près de six mois, et le monde n’a aucune connaissance  de la condition des deux Canadiens ».

Pas d’échange de détenus

M. Trudeau a déclaré que son gouvernement continue à travailler en coulisses pour obtenir la  libération des deux Canadiens, mais qu’il continue à exclure un échange de détenus.

« Non. Nous n’envisageons pas cela », a déclaré le Premier ministre aux journalistes.

« Le Canada a un système judiciaire fort et indépendant. Quiconque envisage d’affaiblir nos  valeurs ou d’affaiblir l’indépendance de notre système judiciaire ne comprend pas  l’importance de rester ferme sur nos principes et nos valeurs ».

« Nous demandons instamment au Canada de corriger ses erreurs le plus rapidement possible, de  libérer immédiatement Meng Wanzhou et de lui permettre de rentrer chez elle en toute  sécurité », a déclaré Zhao.

« Cette utilisation de détentions arbitraires comme moyen de faire progresser les acquis  politiques est totalement inacceptable dans un monde fondé sur des règles ».

RCI avec CBC News et La Presse canadienne

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