Signé le 30 novembre 2018 en marge du sommet du G 20, à Buenos Aires, le nouvel accord économique Canada-États-Unis-Mexique (ACÉUM) est entré en vigueur le 1er juillet. Crédit : Istock

Entrée en vigueur de l’ACEUM : les fissures d’une alliance voulue plus robuste

Le nouvel accord de partenariat économique entre le Canada, les États-Unis et le Mexique (ACEUM) est entré en vigueur le 1er juillet. 

Les secteurs les plus fortement visés sont entre autres la fabrication et l’agriculture pour lesquelles des concessions ont été faites de part et d’autre pour parvenir à une entente.

Il faut noter que des divergences perdurent, en raison de la détermination des États-Unis d’apporter de nouveaux changements en fonction de ses intérêts.

Le Canada est particulièrement dans le viseur de la Maison-Blanche qui ne cache pas son intention d’imposer de nouveaux tarifs sur l’aluminium.

On se souvient qu’à son arrivée au pouvoir, le président Trump avait fait de la refonte de l’ALENA, l’ancien accord de libre-échange entre les trois partenaires, une priorité. Il l’avait alors qualifié de « pire accord commercial jamais conclu ».

Le processus de renégociation d’un nouvel accord a été long et parsemé d’embûches, en raison des multiples orientations données par les Américains, au gré des gains escomptés.

Le passage de l’ALENA, conclu en 1994, à l’ACEUM, en vigueur le 1er juillet 2020, permet d’avoir de nouvelles règles plus strictes, notamment dans le secteur de l’automobile et du commerce numérique. La propriété intellectuelle est aussi touchée par cet accord, tout comme le secteur des devises.

En raison du contexte sanitaire particulièrement précaire, notamment dans certains des pays où la pandémie de la COVID-19 reprend de l’ampleur, les analystes prévoient des difficultés qui viendraient en quelque sorte ériger de nouvelles barrières à la circulation des biens censés pourtant être plus fluides entre les trois partenaires.

« Le changement n’est pas aussi pétillant qu’on aurait pu l’imaginer. Même dans le meilleur des cas, il y a des difficultés à venir de tous les côtés. Cela pourrait être un accord commercial qui se retrouve rapidement en litige et des barrières commerciales plus élevées », mentionne Mary Lovely, professeure d’économie à l’Université Syracuse, et chercheuse principale au Peterson Institute for International Economics, à Washington.

Quelques-uns des problèmes redoutés

Au Mexique, il y a des tensions autour d’une loi sur le travail, en raison du peu de protection accordée aux travailleurs. Cette situation influerait négativement sur la capacité pour les travailleurs de s’organiser librement, et des syndicats de bénéficier de tous les droits de négociation des conventions collectives. Elle est mal perçue aux États-Unis qui redoutent qu’il y ait des répercussions sur le nouvel accord.

« Je reste préoccupé par le fait que le Mexique manque à ses engagements de mettre en œuvre les réformes législatives qui sont le fondement du Mexique pour protéger efficacement les droits des travailleurs », a affirmé le représentant américain Richard Neal, président de la commission des voies et moyens du Congrès.

« Le succès de l’ACEUM dépend vraiment de son nouveau mécanisme d’application des lois du travail », a indiqué M. Neal, qui considère que c’est un accord commercial qui devrait tenir compte des difficultés liées au secteur du travail dans les pays partenaires, en raison de leurs implications possibles sur la production et la distribution des biens.

Outre ce problème soulevé au Mexique et quelques tensions autour de l’approbation des produits biopharmaceutiques américains, il y a une question entourant les tarifs des États-Unis sur l’acier et l’aluminium importés de ses deux partenaires.

Malgré les débats tendus lors des négociations qui ont conduit à la signature de l’ACEUM, en novembre 2018, les trois pays étaient pourtant parvenus à s’entendre en vue de l’exemption, mais aujourd’hui, cette entente est loin de faire l’unanimité auprès des producteurs américains qui exigent le rétablissement de nouveaux droits de 10 %. Ces droits concerneraient davantage l’aluminium canadien.

La liste des problèmes n’a de cesse de s’allonger, et le Canada est également montré du doigt par le partenaire mexicain en ce qui a trait aux investissements dans le secteur des énergies renouvelables.

Malgré tout, les partenaires sont appelés à s’en tenir aux nouvelles exigences du nouvel accord dans le secteur de la construction automobile.

Il va falloir respecter un contenu minimal nord-américain qui passera de 62,5 % à 75 %, en plus de produire 40 % du contenu des véhicules dans les zones à hauts salaires aux États-Unis et au Canada.

Malgré les difficultés qui pointent à l’horizon, cet accord est vu comme l’un des plus importants dans le secteur du commerce international, en raison de son apport dans les économies des pays partenaires.

Depuis 2017, la valeur des échanges commerciaux entre ces pays dépasse la barre de 1100 milliards de dollars chaque année, d’où l’intérêt pour le Canada, les États-Unis et le Mexique d'aplanir leurs différends, en misant notamment sur des solutions mutuellement bénéfiques.
Avec des informations de Reuters

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Catégories : Économie
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