Façade du Musée des beaux-arts de Montréal. Crédit : Istock

Montréal : le Musée des beaux-arts perdra-t-il la confiance des mécènes?

La question se pose alors que l’institution plus que centenaire vit une crise profonde qui a conduit au congédiement de sa directrice générale et conservatrice en chef, Nathalie Bondil.

Personnel épuisé

Mme Bondil a donné sa version des faits pour expliquer cette situation explosive au sein du musée du centre-ville de Montréal.

L’ex-DG rapporte que la crise au Musée des beaux arts est davantage conjoncturelle, contrairement à la version du président du Conseil d’administration qui a fait part d’un climat de travail malsain et de tensions entre la direction et certains employés épuisés qui ont été à l’origine de nombreux départs, entre autres.

Elle reconnaît que la charge de travail a pu être plus importante pour les travailleurs, en raison de la concrétisation d’un projet d’expansion du Musée l’été dernier, qui a exigé des efforts supplémentaires de part et d’autre.

Mme Bondil a dit comprendre que cela ait pu causer des tensions et de la fatigue importantes chez les 400 personnes qui y ont œuvré jusqu’au confinement et à la fermeture du Musée au mois de mars.

« Quand vous gérez une entreprise de 400 personnes, c’est normal qu’il y ait des moments où il y a de la fatigue, qu’il y ait un service ou des personnes qui soient moins contentes et surtout des personnes qui partent », a affirmé Nathalie Bondil

Selon elle, il n’y a pas eu de plainte officielle d’employés ou de syndicats au sujet des faits qui sont soulignés. Elle indique avoir agi au mieux pour harmoniser le climat de travail qui est essentiel à la bonne gouvernance du Musée.

L’ex-DG soutient que son congédiement serait davantage lié à autre chose qu’à ce qui lui est reproché par le conseil d’administration. Elle mentionne en l’occurrence que le nouveau contexte marqué par le télétravail n’a pas toujours été propice à la poursuite des réformes entamées à la suite du diagnostic de la situation au Musée faite le 28 février.

Processus de nomination tronqué et crise de personnalité?

Réagissant à ces déclarations à Radio-Canada mardi, le président du conseil d’administration du Musée des beaux-arts, Michel de la Chenelière, a mentionné qu’il y a eu une rencontre avec Mme Bondil le 6 juillet.

C’est au cours de cette rencontre qu’il a décidé de mettre un terme à son contrat, en raison de son refus de négocier, contrairement à ce qu’a rapporté l’ex-DG.

Mme Bondil a notamment affirmé que le PCA a mis de l’avant un abus de confiance et affirmé qu’elle le « picotte », avant de lui faire part de sa décision de la congédier. Elle a surtout déploré les problèmes de gouvernance, l’opacité et les difficultés à discuter avec le PCA, car ce dernier aurait voulu faire passer de force un processus de nomination au Musée. Elle remet notamment en question le processus de recrutement qu’elle juge irrégulier à la direction de la conservation dans le but de réorganiser les différents services.

En réaction, M. de la Chenelière estime qu’il y a davantage eu un conflit de personnalité avec Mme Bondil qui est par ailleurs reconnue pour la qualité de son travail depuis près de 10 ans au Musée.

Selon la version du PCA, le syndicat a réellement rapporté des cas de souffrance, de départs d’employés, de climat de travail malsain, ce qu’a confirmé une firme indépendante. Cette dernière a mené l’enquête sur la situation au Musée et a interrogé une cinquantaine d’employés.

« En 2020, on ne peut pas fermer les yeux sur ces situations intolérables. La haute direction a eu beaucoup de dénis à ce niveau », a affirmé le PCA.

Michel de la Chenelière a souligné qu’il ne s’agit pas d’une crise conjoncturelle au mois d’octobre, mais bien d’un problème profond qui est présent depuis plusieurs mois et qui est ignoré par la direction générale.

« C’est notre devoir d’intervenir », a affirmé M. de la Chenelière, qui souligne qu’il y a eu plusieurs tentatives infructueuses de négociations avec Mme Bondil de la part des membres du conseil d’administration, avant la décision ultime de mettre un terme à son contrat.

Quant aux possibilités que la crise ait une incidence négative sur l’engagement des mécènes à poursuivre leur appui, M. de la Chenelière s’est montré confiant, car le Musée reste apprécié des donateurs.

Il a fait part de son intention de lancer un appel international en vue du recrutement d’un nouveau directeur général du Musée qui a 160 ans et qui jouit toujours d’une notoriété.

Avec des informations de Musée des beaux-arts et Radio-Canada

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Catégories : Société
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