En temps normal, toutes les 12 heures, le Centre canadien de protection de l’enfance (CCPE) détecte 10 824 nouvelles images d’abus pédosexuels sur Internet. La pandémie n’a qu’exacerbé ce phénomène troublant.
Selon une enquête du réseau anglais de Radio-Canada, CBC News, les cas d’exploitation sexuelle des enfants canadiens en ligne ont grimpé en flèche pendant la pandémie de COVID-19.
Les représentants de la police et les experts consultés par la journaliste
croient que les agresseurs profitent du fait que les enfants passent plus de temps en ligne depuis le début du confinement.« Il semble qu’il y ait une épidémie en ce moment sur Internet », a déclaré Stephen Sauer, directeur de Cyberaide.ca, la centrale canadienne de signalement des cas d’exploitation sexuelle d’enfants sur Internet.
M. Sauer a déclaré que son organisation a enregistré une hausse de 81 % en avril, mai et juin 2020 des signalements de jeunes victimes d’exploitation sexuelle et de personnes essayant d’abuser sexuellement d’enfants.
Sur son site web, Cyberaide rappelle que, comme la pandémie de COVID-19 amène les enfants à passer plus de temps sur Internet, des cyberprédateurs sont toujours prêts à les cibler et à les exploiter. Sur les sites du dark web (Internet clandestin), ces agresseurs, que l’on connaît aussi sous la dénomination de « cappers », partagent même des trucs et des astuces pour parvenir à leurs fins.
Ils veulent que les parents disent à leurs enfants de ne pas apporter de téléphone, d’ordinateur portable ou de tablette dans leur chambre ou à la salle de bain (nous, on veut qu’ils le fassent). »Commentaire recueilli sur l'Internet clandestin par Cyberaide.ca
Ce que tout parent doit savoir
- Les cappers sont des personnes qui enregistrent des images d’enfants qu’ils ont amenés par la ruse à se livrer à des actes sexuels en direct. Certains se servent ensuite des photos ou des vidéos obtenues pour extorquer d’autres images intimes ou de l’argent aux enfants.
- Il y a aussi ceux qui passent d’une cible à l’autre sans jamais informer leurs victimes qu’ils les ont enregistrées pendant qu’elles se livraient à des actes sexuels.
- Leur but est d’accroître leur notoriété en échangeant les images obtenues avec d’autres agresseurs sur Internet. Leurs jeunes victimes ne sauront peut-être jamais que des images à caractère sexuel d’elles circulent sur Internet ou s’échangent.
- Ils s’échangent des trucs et des astuces pour parvenir à leurs fins – où trouver le « manuel du capper », comment utiliser des vidéos préenregistrées pour faire croire à des enfants qu’ils communiquent avec une personne de leur âge, quelles plateformes marchent le mieux pour piéger des enfants et des adolescents, etc.

La Gendarmerie royale du Canada a aussi constaté une augmentation constante de l’exploitation sexuelle des enfants en ligne depuis des années, il est sûr que la dernière augmentation semble être le résultat de la pandémie. (Photo : MachineHeadz / iStock)
La police fédérale canadienne confirme l’exacerbation de ce type de crimes
Le sergent Arnold Guérin, du Centre national de lutte contre l’exploitation des enfants de la GRC, qui coordonne les enquêtes sur l’exploitation sexuelle des enfants en ligne et la pornographie juvénile, a dit à CBC qu’à mesure que la période du confinement avançait, son unité a constaté une augmentation des signalements d’exploitation sexuelle d’enfants.
Au début de la pandémie, c’était plus rare, a-t-il dit, on a vu des délinquants sur des sites de diffusion en direct, des médias sociaux et sur le web clandestin à la recherche d’enfants avec lesquels ils pourraient discuter en ligne ou rencontrer en personne pour les agresser sexuellement.
Depuis, nous avons constaté une augmentation des rapports de signalement de toutes ces entreprises et d’autres encore. » Sergent Arnold Guérin
M. Guérin confirme qu’alors que son unité d’enquête constate une augmentation constante de l’exploitation sexuelle des enfants en ligne depuis des années, il est sûr que la dernière augmentation semble être le résultat de la pandémie.
Conséquences de la COVID-19 sur les enfants dans le monde

L’agence de de Nations unies pour l’enfance dit pour sa part avoir observé une recrudescence des comportements néfastes en ligne, dont le cyberharcèlement, les conduites à risque et l’exploitation sexuelle. (Photo : iStock-welcomia)
Au mois de juin, lors de la présentation de son dernier rapport sur la violence envers les enfants, l’UNESCO avait fait une mention spéciale concernant la pandémie de COVID-19. Pour cette instance onusienne, les mesures de confinement et la fermeture des établissements scolaires ont limité les sources habituelles de soutien aux familles et aux personnes (amis, famille élargie, professionnels).
De plus, constatait alors l’UNESCO, les communautés en ligne sont devenues essentielles pour que de nombreux enfants continuent à apprendre, à jouer et à bénéficier de soutien, mais on a observé une recrudescence des comportements « néfastes » en ligne, dont le cyberharcèlement, les conduites à risque et l’exploitation sexuelle.
[…] À cet égard, les gouvernements, les donateurs bilatéraux et multilatéraux, la société civile, le secteur privé et les enfants, dont l’opinion doit être entendue et réellement prise en compte, doivent se mobiliser pour que les enfants soient protégés comme il se doit et puissent tous s’épanouir et livrer pleinement leur potentiel. »Najat Maalla M’jid, représentante spéciale du Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies chargée de la question de la violence contre les enfants
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