Selon un dernier bilan publié par le ministère de la Santé du Liban, les déflagrations ont causé la mort de 135 personnes, la disparition de 10 autres, et fait plus de 4000 blessés autour du port de Beyrouth. Elles ont suscité une onde de choc partout dans le monde.
Le Canada s’est joint à l’élan de solidarité internationale pour soutenir ce pays si durement éprouvé. Dès l’annonce de cette nouvelle en mi-journée mardi, les messages de soutien des autorités canadiennes ont fusé sur les réseaux sociaux.
« Les Canadiens sont de tout cœur avec les Libanais aujourd’hui […] On est prêt à vous aider », dit Justin Trudeau, le premier ministre du Canada.
Le ministre des Affaires étrangères du Canada figure parmi les premières personnalités du pays qui ont réagi sur les réseaux sociaux. « Le Canada surveille de près la situation », a écrit M. Champagne.
« Nous sommes solidaires du peuple du Liban et de la diaspora pendant cette période difficile et nous sommes prêts à aider. Les Canadiens qui ont besoin d’une aide consulaire d’urgence, veuillez contacter le +1 613 996 8885 ou sos@international.gc.ca. » – François-Philippe Champagne
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, s’est dite profondément bouleversée.
Affaires mondiales Canada a indiqué mardi soir avoir reçu une demande consulaire pour soutenir les Canadiens qui se trouvent en ce moment dans ce pays du Moyen-Orient. Ce sont en tout 11 000 Canadiens qui se sont enregistrés comme se trouvant sur ce territoire. Au Canada, on compte plus de 270 000 personnes d’origine libanaise, dont 150 000 au Québec.
Selon des informations du journal L’Orient-Le Jour, les hôpitaux de la capitale, dont plusieurs ont été endommagés par les explosions, sont débordés. Néanmoins, les médecins sont mobilisés pour soigner les blessés graves qui se comptent par milliers.
Pendant ce temps, sur le terrain, les fouilles se poursuivent pour retrouver d’autres victimes sous les décombres.
Les Libanais ont tu tout différend en cette circonstance douloureuse et se sont donné la main, dans un grand geste de mobilisation et de solidarité, pour s’entraider et pleurer leurs morts.
Un pays divisé par une crise politique et économique profonde
Le drame qui a frappé le pays du cèdre survient dans un contexte particulièrement difficile pour ce territoire de 10 452 kilomètres carrés , peuplé par 4,5 millions d’habitants, dont 18 communautés confessionnelles, en plus de 1,2 million de réfugiés syriens, palestiniens et irakiens, entre autres.
L’histoire de ce pays est marquée par des crises exacerbées par les tensions qui sont nées de l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafic Harriri, le 14 février 2005. Le Tribunal spécial pour le Liban à La Haye, aux Pays-Bas, annonce qu’il doit rendre un jugement par contumace au sujet du meurtre de cet ancien haut dignitaire. Le verdict, attendu le 7 août, condamnerait les accusés qui seraient affiliés au Hezbollah chiite, prosyrien.
Son fils, Saad Hariri, le chef du Courant du Futur, un mouvement de l’opposition, devenu lui aussi premier ministre, sera présent, selon des informations diffusées par La Tribune.
Ce dernier s’est incliné sur la tombe de son père mercredi, après avoir rendu hommage aux disparus sur le site des explosions. Il aurait affirmé : « Ils ont tué Beyrouth hier », rapporte L’Orient Le Jour. Le quotidien libanais a aussi indiqué que ses partisans ont affronté des manifestants dans la capitale.
Saad Hariri, qui a démissionné au début d’octobre en raison de la contestation sociale, a pris une série de mesures pour sortir ce pays du marasme économique qui le secoue depuis plusieurs années. Pourtant, depuis fin 2019, le Liban connaît une crise sociale due à l’annonce d’une taxe sur les applications de téléphonie mobile gratuites (WhatsApp, Facebook, Messenger). Cette taxe est venue s’ajouter à bien d’autres sur les cigarettes et le carburant.
Ces ingrédients sont venus renforcer la peur ambiante entourant la perspective d’une dévaluation de la livre libanaise qui aurait eu pour conséquence, selon Radio-Canada, de nuire au marché du blé, de médicaments et de carburant, et de rendre la vie encore plus difficile pour les Libanais.
C’est une situation qui a été à l’origine d’un soulèvement populaire dans ce pays où plusieurs incendies ont fragilisé certaines régions déjà en proie à des coupures d’électricité et d’eau potable sur une base quotidienne.
C’est un pays corrompu, très durement frappé par la crise économique, malgré le train de mesures de l’ancien premier ministre Saad Hariri, qui a réduit le train de vie de l’État, entre autres. Il est davantage fragilisé par le coronavirus et les clivages confessionnels et vit sous la menace du chaos promis par le Hezbollah, qui a perdu confiance en sa classe politique et qui réclame de meilleures conditions de vie pour ses habitants. Il vient de subir un autre coup dur, avec les deux explosions aux causes inconnues.
Avec Affaires mondiales Canada, Radio-Canada, Twitter, Reuters et La Tribune
Lire aussi :
Espoirs et inquiétudes : deux Libano-canadiennes portent un regard sur leur pays en crise
Des Libanais installés au Canada manifestent à Ottawa et à Montréal
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.