La police a conduit le magnat des médias pro-démocratie de Hong Kong, Jimmy Lai, loin de son domicile après l'avoir arrêté en vertu de la nouvelle loi sur la sécurité nationale à Hong Kong, le 10 août 2020. VERNON YUEN/AFP/GETTY IMAGES

Le Canada condamne l’arrestation du magnat des médias de Hong Kong Jimmy Lai

Le Canada condamne l’arrestation de Jimmy Lai, lundi, en vertu de la nouvelle loi controversée sur la sécurité nationale qui est entrée en vigueur le 30 juin. Et il dénonce la fouille policière des bureaux du magnat de la presse.

Au terme de cette fouille des bureaux du groupe médiatique Next Digital, les policiers ont emporté avec eux des boîtes qu’ils considèrent être des preuves de la « collusion de Jimmy Lai avec des puissances étrangères ».

C’est la première fois que la loi qui vise à freiner la dissidence dans la ville semi-autonome après des mois de manifestations massives pour la démocratie est utilisée contre un représentant des médias. Cela alimente les craintes que les autorités entendent maintenant supprimer la liberté de la presse à Hong Kong.

Le groupe Next Digital de Jimmy Lai gère Apple Daily, un tabloïd prodémocratie qui dénonce souvent les gestes et décisions du gouvernement du Parti communiste chinois. Le journal a fréquemment incité ses lecteurs à prendre part aux manifestations antigouvernementales.

La police conduit Jimmy Lai (au centre) hors de son domicile après son arrestation à Hong Kong lundi. Photo : AFP

M. Lai avait également écrit un article d’opinion dans le New York Times en mai dernier, déclarant que la Chine réprimait Hong Kong avec sa nouvelle législation sur la sécurité.

« J’ai toujours pensé que je pourrais un jour être envoyé en prison pour mes publications ou pour mes appels à la démocratie à Hong Kong, avait-il alors écrit. Mais pour quelques messages sur Twitter, et parce qu’on dit qu’ils menacent la sécurité nationale de la puissante Chine? C’est nouveau, même pour moi. »

La législation interdit les actes sécessionnistes, subversifs et terroristes, ainsi que la collusion avec des forces étrangères dans les affaires intérieures de Hong Kong. La peine maximale pour les auteurs de délits graves est la prison à vie.

Une arrestation à grands déploiements

Mark Simon, un cadre de Next Digital, affirme que la police a fouillé les maisons de Lai, 71 ans, et de son fils et a arrêté plusieurs autres membres de l’entreprise médiatique.

La police de Hong Kong confirme avoir arrêté au moins neuf personnes âgées de 23 à 72 ans, car elles sont soupçonnées d’avoir violé la nouvelle loi sur la sécurité, avec des infractions telles que la collusion avec un pays étranger et la conspiration pour frauder. Elle n’a pas révélé cependant les noms des personnes arrêtées ni fourni de détails supplémentaires sur les accusations portées contre elles.

En tout, 200 policiers ont fait une descente aux bureaux de Next Digital. Ils ont bouclé la zone et fouillé les bureaux en ayant parfois des échanges houleux avec le personnel. Ils ont emporté 25 boîtes de prétendues preuves.

Jimmy Lai, qui a été arrêté à son manoir de Kowloon dans la matinée, a également été amené au siège de Next Digital, où il est resté pendant environ 2 heures et demie avant que la police l’emmène en voiture vers un lieu de détention.

Réactions nombreuses

« Nous sommes complètement choqués par ce qui se passe maintenant, avec l’arrestation et le raid en cours dans les locaux de Next Digital », a déclaré Chris Yeung, président de l’Association des journalistes de Hong Kong.

Dans les 24 heures précédant l’arrestation de M. Lai, le Canada et ses alliés (le Royaume-Uni, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande et l’Australie) ont demandé au gouvernement de Hong Kong de réintégrer des candidats qu’il a disqualifiés à des élections et d’organiser les élections de son Conseil législatif dans les meilleurs délais.

Dans une déclaration commune publiée dimanche, les ministres des Affaires étrangères de ces cinq pays ont fait part de leur « profonde inquiétude » face à l’imposition par Pékin de la nouvelle loi de sécurité nationale qui, selon eux, « érode les droits et libertés du peuple de Hong Kong ».

Ils disaient être « gravement préoccupés » par la « disqualification injuste des candidats et le report disproportionné des élections du Conseil législatif » par le gouvernement de Hong Kong.

Le mois dernier, la dirigeante de Hong Kong, Carrie Lam, avait annoncé que les élections du 6 septembre pour les sièges de l’Assemblée législative de la ville seraient reportées d’un an en raison de la pandémie.

Douze candidats prodémocratie ont été disqualifiés pour des raisons telles que des intentions subversives et leur l’opposition à la nouvelle loi sur la sécurité.

Dans la déclaration, les ministres des Affaires étrangères ont dit que ces mesures ont « sapé le processus démocratique qui a été fondamental pour la stabilité et la prospérité de Hong Kong » et ils ont ajouté : « Nous soutenons les attentes légitimes de la population de Hong Kong d’élire les représentants du Conseil législatif par le biais d’élections véritablement libres, équitables et crédibles. »

Pékin a promis l’autonomie et les libertés selon le principe « un pays, deux systèmes » au peuple de Hong Kong dans la déclaration commune sino-britannique, un traité enregistré par les Nations unies, et doit honorer ses engagements », peut-on lire dans la déclaration.

LISEZ – C’ÉTAIT IL Y A UN AN : Hong Kong : Pékin accuse le Canada de « s’immiscer » dans ses affaires intérieures

Des milliers de résidents de Hong Kong continuaient de défier Pékin, le dimanche 18 août 2019, avec une nouvelle manifestation géante s’étirant sur plusieurs kilomètres. Il y avait 1,7 million de personnes selon les responsables de la manifestation, 128 000 selon la police. KIN CHEUNG / AP

RCI avec The Associated Press, The Globe and Mail et CBC News

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