60% des Québécois interviewés estimaient «très probable» qu’ils l’installent sur leur  propre téléphone intelligent et 15% ont indiqué que cela était «probable». (CBC)

Application canadienne de traçage : trois Québécois sur quatre favorables

Tandis que les experts au pays sont divisés sur l’efficacité et sur la portée réelle de la nouvelle application nationale permettant de retracer la COVID-19 chez les individus, une forte majorité de Québécois aimerait que l’application soit disponible dans leur province.

Lancée il y a deux semaines par le gouvernement canadien, l’application Alerte COVID est pour le moment disponible seulement en Ontario et bientôt en Alberta, soit respectivement les première et troisième provinces pour le nombre d’habitants.

L’application n’a pour le moment été téléchargée que 1,9 million de fois depuis sa mise en ligne. Pour être réellement efficace, le nombre d’utilisateurs doit être beaucoup plus élevé.

Et c’est là où la participation éventuelle des Québécois pourrait faire une réelle différence.

Les Canadiens auraient-ils besoin des Québécois?

Les plus récentes simulations d’une équipe de scientifiques de l’Université d’Oxford montrent que l’impact d’une application de ce genre commence à se faire sentir à partir d’un taux d’utilisation d’environ 15 % au sein d’une population.

Au Canada, qui compte 38 millions d’habitants, 1,9 million de téléchargements ne représentent que 5 % de la population.

Le gouvernement du Québec n’a pas encore donné son aval à l’utilisation de cette application par ses 8 millions et demi de citoyens. L’affaire est à l’étude depuis mercredi en commission parlementaire.

Les Québécois indiquent au gouvernement qu’il peut aller de l’avant

Selon une consultation du gouvernement du Québec qui s’est tenue à la fin du mois de juillet et au début du mois d’août, 76 % des Québécois croient en l’utilité de l’application Alerte COVID, 70 % ont confiance en son efficacité, 66 %  estiment en avoir besoin et 73 % la recommanderaient. Près de 17 000 personnes ont répondu au questionnaire en ligne.

De plus, près de 60 % des Québécois interviewés estimaient «très probable» qu’ils l’installent sur leur propre téléphone intelligent et 15 % ont indiqué que cela était «probable».

Toutefois, beaucoup de préoccupations sont apparues dans ce coup de sonde. De nombreuses personnes se questionnaient sur le problème de l’utilisation des données personnelles, l’anonymat de l’application, sa précision, son accessibilité et son efficacité pour lutter contre la COVID-19. Sur tous ces aspects, les experts au pays se questionnent aussi.

L’application a été développée par le Service numérique canadien en collaboration avec le gouvernement de l’Ontario ainsi que les compagnies Shopify et BlackBerry. PHOTO : GETTY IMAGES / DIRK WAEM

La vie privée contre la collection des données

Les résultats d’un sondage Léger publiés cette semaine révèlent cependant que 52 % des personnes interrogées ne croient pas le gouvernement lorsqu’il affirme que l’application Alerte COVID ne collecte pas d’informations personnelles et ne géolocalise pas les utilisateurs.

L’application, qui fonctionne sur les derniers modèles d’appareils Apple et Android, reçoit des commentaires positifs des défenseurs de la vie privée.

Lorsqu’un utilisateur reçoit un diagnostic de la COVID-19, il doit inscrire dans son téléphone une clé à usage unique fournie par les responsables de la santé. C’est de cette façon que les autres utilisateurs sont informés.

Pour garantir en principe une meilleure protection de la vie privée, les données sont stockées sur des appareils individuels, et non sur un serveur central.

Le très grand inconvénient de toutes ces protections à la vie privée c’est qu’il n’y a aucun moyen de savoir combien d’utilisateurs ont reçu une notification d’exposition.

Dans le sondage Léger mentionné plus haut et réalisé en ligne du 7 au 9 août auprès de 1513 Canadiens et où la marge d’erreur est de plus ou moins 2,52 %, 19 fois  sur 20, 39 % des personnes interrogées ne croyaient pas que l’application « fonctionne ».

Est-ce que ça fonctionne réellement ou pas?

(Darryl Dyck/The Canadian Press)

Un utilisateur de l’application ne sait pas en vérité quand ou avec qui une exposition au coronavirus s’est produite, de sorte qu’il est impossible pour l’utilisateur de  déterminer s’il s’agit d’une menace réelle ou d’une fausse alerte.

Selon Andrew Urbaczewski, professeur associé en information et analyse commerciales à l’Université de Denver au Colorado, tester ce genre de technologie de traçage dans un laboratoire ne garantit pas des résultats dans le monde réel.

« Nous n’avons aucune raison de croire que cela ne fonctionne pas, mais nous n’avons certainement pas cinq ans, cinq mois ou même cinq semaines d’histoire pour savoir si cela fonctionne ou non dans la vie comme prévu », a-t-il déclaré dans une interview à CBC News.

Lorsque des cas réels d’infection seront révélés grâce à cette application, cela va inciter les gens à la télécharger davantage, croit Emily Seto, professeure adjointe à l’Institut de la politique, de la  gestion et de l’évaluation de la santé de l’Université de Toronto.

Gouvernement du Canada

Ailleurs dans le monde

Des données de la Suisse indiquent que les personnes qui téléchargent une application de traçage du coronavirus ne l’utilisent pas toutes. L’application suisse a été téléchargée plus de deux millions de fois. Mais lundi, elle comptait moins de 1,25 million d’utilisateurs actifs.

En juillet, 21,6 % des Australiens avaient téléchargé une application similaire. L’Irlande aurait atteint 1,3 million de téléchargements, soit plus de 26 % de la population, pour son application COVID Tracker dans les huit jours suivant sa sortie.

Les applications de lutte contre les coronavirus, qui utilisent moins de protections de la vie privée ailleurs, peuvent fournir aux responsables de la santé publique davantage de données pour mieux gérer les épidémies.

Les fonctionnaires suisses mettent ainsi régulièrement en ligne le nombre d’utilisateurs actifs et de téléchargements. En Allemagne, l’agence fédérale de contrôle des maladies a indiqué mardi que 1320 personnes avaient jusqu’à présent reçu des codes pour télécharger leurs tests positifs sur l’application.

Au Canada, le gouvernement examine comment suivre et rendre disponibles les données liées à l’application Alerte COVID une fois que d’autres provinces et territoires l’auront adoptée.

Jusqu’à présent, la seule mesure disponible au Canada est le taux de téléchargement : 1,9 million en 12 jours environ.

LISEZ LA SUITE : L’Alberta adopte à son tour l’application fédérale de notification Alerte COVID

Après les 11 millions et demi de citoyens de la province de l’Ontario, c’est au tour des 4 millions et demi d’Albertains de pouvoir télécharger sur leurs téléphones intelligents la nouvelle application Alerte COVID.  PHOTO : RADIO-CANADA

RCI avec CBC News, La Presse canadienne et Radio-Canada

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