illeurs au pays, les corps policiers invoquent souvent les coûts élevés pour retarder ou rejeter l’idée. (CBC)

2350 caméras d’intervention pour équiper les policiers de Toronto

La Commission des services policiers de Toronto a approuvé mardi l’achat de 2350 caméras d’intervention pour équiper les agents de la ville.

John Tory (Nathan Denette/Canadian Press)

Menant la charge, le maire John Tory qui siège à la commission dit avoir voté pour cet équipement parce qu’un projet pilote a démontré que ces caméras, malgré certains inconvénients, amélioreraient les relations communautaires et aideraient ainsi à rebâtir la confiance envers les policiers de sa ville.

« Cette technologie fournit un compte rendu indépendant et sans biais de nos interactions et renforce notre engagement à offrir des services de police responsables et transparents ».

Toronto compte environ 5400 agents et 2500 employés civils.

Le maire réclame toutefois des mesures strictes afin d’encadrer l’utilisation des caméras pour « que leur objectif soit réellement atteint », a-t-il expliqué.

D’innombrables rassemblements ont eu lieu dans les grandes villes canadiennes et aux États-Unis ces derniers mois à la suite de la mort de George Floyd, un Afro-Américain de Minneapolis. M. Floyd a perdu la vie après qu’un policier eut appuyé son genou sur sa nuque pendant près de huit minutes.

Les manifestants torontois ont aussi souligné en juin la mort d’une Afro-Américaine tombée du balcon de son appartement lors d’une intervention policière menée par six agents. Une enquête dans cette affaire se poursuit.

Arrestation de George Flyod (YouTube)

Toronto imite l’exemple de la ville de Calgary

À ce jour, seul le service de police de Calgary, en Alberta, obligeait tous ses policiers de première ligne à porter des caméras. Dans la quatrième ville en importance du pays, environ 1100 agents sont munis de caméras depuis l’été 2019.

La police de Calgary s’était précédemment engagée à équiper ses agents de caméras. Mais en raison de « problèmes techniques compromettant la sécurité des agents », on a mis quatre ans de plus pour remplir la promesse.

Ailleurs au pays, les corps policiers invoquent souvent les coûts élevés pour retarder ou rejeter l’idée.

C’est le cas à Vancouver, où les recherches du département de police sur les caméras d’intervention remontent à 2012. La police dit ne pas avoir l’intention de les mettre en place, car la technologie est trop dispendieuse.

Des millions pour équiper les agents

Cela fait plus de cinq ans que les responsables du service de police de Toronto voulaient mettre en place le projet, mais cela a été dérouté par des considérations techniques ou financières.

En 2016, après avoir mené à bien un programme pilote utilisant deux modèles différents de caméras sur 85 agents, il avait été recommandé au service de police d’aller de l’avant avec les caméras pour tous ces policiers au coût de 85 millions de dollars sur 10 ans.

En 2018, la police de Toronto avait commencé à chercher un fournisseur de caméras. Le projet n’avait guère avancé au moment du décès de George Flyod. Cependant, Mike McCormack, président de l’association des policiers de Toronto, disait soutenir au mois de juin dernier l’utilisation des caméras d’intervention.

Résistance élevée des policiers à Montréal

Après un projet pilote d’un an, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a publié, l’an dernier, un rapport concluant que les caméras ont peu d’impact sur les interventions, présentent des défis logistiques et donnent aux agents le sentiment d’être sous surveillance.

Le SPVM a mené ce programme pilote en 2016-2017, mais a refusé d’aller de l’avant avec cette technologie, qui coûterait environ 24 millions de dollars par an. Il y a quelques jours, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a changé de cap et a déclaré que la ville obtiendra des caméras pour le service dès que possible.

La policière et porte-parole Tania Visintin expliquait en juin dernier que le SPVM émettait toujours des réserves importantes. « Nous continuons à nous inquiéter de l’efficacité avec laquelle les caméras portées sur le corps peuvent capturer avec précision les interactions de la police avec le public. La vidéo peut être obstruée ou ne montrer qu’un point de vue partiel lorsqu’un agent est impliqué dans une lutte ou une situation dynamique. »

La Gendarmerie royale du Canada, qui compte plus de 20 000 policiers et fournit des services de police au niveau fédéral et dans certaines provinces, a mené deux programmes pilotes de caméras. Après une étude de faisabilité en 2016, la GRC a choisi de ne pas mettre en place ce dispositif jusqu’à ce que « la technologie réponde à ses besoins opérationnels spécifiques », déclare la porte-parole Marie-Christine Lemire. (CBC)

RCI avec La Presse canadienne et CBC News

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