La réponse de la santé publique à la crise des surdoses par opioïdes doit être de fournir une forme d’approvisionnement plus sûre et de décriminaliser la consommation de drogues, sans oublier un redéploiement des ressources de l’application de la loi vers les services sociaux et de santé, croit un collectif de chercheurs.
Selon la nouvelle étude publiée dans le Journal de l’Association médicale canadienne, une approche qui se concentre sur la réduction de l’accès aux produits pharmaceutiques contribue directement à l’exposition à des substances illicites à haut risque, ce qui a mis de nombreuses personnes en danger de surdose.
Les chercheurs Alexis Crabtree, Emily Lostchuck, Mei Chong, Aaron Shapiro et Amanda Slaunwhite croient qu’un approvisionnement en médicaments plus sûr représenterait une réponse pragmatique et éthique à la crise des surdoses.

Une bouteille de codéine, un opiacé utilisé comme analgésique. Les pharmaciens, les experts en toxicomanie et en sécurité des médicaments ont souvent dit que le Canada devait repenser l’utilisation de la codéine en vente libre alors que le pays est aux prises avec l’abus d’opiacés. La nouvelle étude publiée ce lundi dit que le Canada doit faire beaucoup plus encore et s’attaquer aux réseau illicites de distribution des drogues, quitte à décrimininaliser l’utilisation de certaines d’elles. (Photo : THE CANADIAN PRESS/Mark Taylor)
Les décès par surdose en Colombie-Britannique, l’une des provinces les plus touchées du pays avec le plus de morts depuis 2015, sont en grande partie dus à de puissants opioïdes synthétiques, dit l’étude.
Par ailleurs, la crise des surdoses a été initialement attribuée principalement à l’utilisation abusive des médicaments à base d’opiacés prescrits, mais de nouvelles données disent autrement, concluent les chercheurs.
Cette augmentation sans précédent des décès par surdose a été principalement attribuée à l’arrivée du fentanyl dans l’offre de drogues illicites.
De 2012 à 2018, la proportion de décès par surdose de drogues illicites en Colombie-Britannique dans lesquels du fentanyl a été détecté est passée de 4 % à 87 %.
Des augmentations similaires des décès attribués au fentanyl ont été observées en Alberta, aux États-Unis et, dans une moindre mesure, en Ontario. De même, les stimulants ont été de plus en plus impliqués dans les décès par surdose de drogues. » Extrait de l'étude
Voilà pourquoi ces chercheurs sont convaincus que pour élaborer des programmes efficaces de réduction de la mortalité par surdose, il est essentiel que les professionnels de la santé réduisent le nombre de prescriptions d’opioïdes et d’autres substances contrôlées. De plus, ils doivent prendre en compte la contribution des substances prescrites et des substances obtenues illégalement aux décès par surdose.
Depuis 2015, les surdoses causées par des drogues illicites sont considérées l’un des problèmes de santé publique les plus urgents en Colombie-Britannique.
L’objectif de cette recherche était d’évaluer les antécédents de prescription dans le contexte de la toxicologie post-mortem chez les personnes ayant eu une surdose mortelle de drogues illégales dans cette province canadienne.
Avec les informations de l'étude Toxicology and prescribed medication histories among people experiencing fatal illicit drug overdose in British Columbia, Canada publiée dans le journal de l'Association médicale canadienne.
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