Depuis le mois de mars dernier, les chercheurs du monde entier analysent les déchets humains pour détecter dans les égouts la présence de la COVID-19, mais certains avertissent que les modèles générés ont des limites. Une équipe canadienne croit cependant avoir raffiné son analyse des eaux usées et les projections qui en découlent.
La région de l’Ontario, qui a été le plus durement éprouvée par l’éclosion, peut désormais pour ainsi dire suivre à la trace la progression de la pandémie sur son territoire grâce à l’analyse de prélèvement de ses eaux usées.
Les responsables de la santé publique du comté de Windsor-Essex, qui se trouve tout à fait au sud-ouest de l’Ontario et à cinq heures de route de Toronto, peuvent en fait anticiper le niveau réel de cas à partir d’une analyse des niveaux de coronavirus dans les eaux usées municipales.
Selon les scientifiques canadiens à l’origine de cette initiative, la méthode d’analyse des eaux usées pourrait également être adoptée dans un grand bâtiment ou une institution, comme un campus ou une école, pour surveiller l’émergence des premiers signes d’une contagion.
Cette stratégie de détection précoce a été confirmée le mois dernier à l’Université d’Arizona, qui a détecté la présence de COVID-19 lors de la surveillance quotidienne des eaux usées d’un dortoir d’étudiants.
La campagne de dépistage qui a suivi auprès des étudiants a révélé deux cas, et les responsables de l’université affirment qu’une réponse rapide a permis d’éviter une plus grande propagation des infections.

L’un des principaux avantages de cette surveillance des eaux usées est qu’elle peut détecter le virus avant que les gens présentent les symptômes qui les inciteraient à se faire tester. (Dan Taekema/CBC)
Système potentiel d’alerte précoce
Denina Simmons, professeur adjoint à l’Ontario Tech University d’Oshawa, est l’une des principales chercheuses de l’initiative ontarienne visant à surveiller les eaux usées pour détecter les signes de la présence de la COVID-19. « Nous pensons que c’est important et évidemment opportun d’adopter cette approche. »
Mme Simmons explique qu’un équipement scientifique relativement simple est capable de détecter les protéines spécifiques du SRAS-CoV2, le coronavirus qui cause la COVID-19.
« Lorsque les êtres humains sont malades, ils se débarrassent de la particule virale par leur respiration, leur urine et leurs excréments, déclare-t-elle. Quand cela va à l’égout, dans les toilettes et dans les bassins de collecte des eaux usées, nous pouvons détecter le virus. »

Denina Simmons est l’une des principales chercheuses d’un projet visant à surveiller les eaux usées pour détecter les signes de la COVID-19. (Mike Crawley/CBC)
Une initiative qu’on espère contagieuse
L’équipe d’Ontario Tech collabore au projet avec des collègues de toute la province, notamment à l’Université Ryerson de Toronto et aux universités d’Ottawa, de Waterloo, de Guelph et de Windsor. Des chercheurs de Colombie-Britannique testent depuis peu les eaux usées pour aider à détecter la COVID-19. « Nous travaillons tous avec de très petites quantités de fonds. Nous aimerions voir un plan provincial organisé », a dit M. Simmons.
Elle ajoute que les chercheurs comme elle aimeraient développer leurs méthodes et les transmettre aux unités de santé publique et aux municipalités pour qu’elles effectuent les tests plus fréquemment.
« Cela nous donne une bien meilleure indication des endroits où nous pourrions avoir des épidémies à l’avenir, car il est en fait possible de tester le virus dans les eaux usées jusqu’à cinq jours avant que les symptômes ne commencent à apparaître ».
LISEZ AUSSI : Feu vert à un premier test de détection des anticorps de la COVID-19 au Canada
Un pompier de Jersey City aux États-Unis, Matt Finnerty, subit un prélèvement sanguin pour un test de dépistage d’anticorps de la COVID-19, le 4 mai 2020. M. Finnerty est de retour au travail après avoir été infecté par le coronavirus et avoir obtenu deux résultats négatifs. Photo : Associated Press/Seth Wenig
RCI avec CBC News
EN COMPLÉMENT
Déploiement au Canada d’une application mobile de détection de la pandémie
« I Do not Flush » : une campagne contre le déversement de graisses et d’huiles dans les égouts
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.