Les événements des derniers jours illustrent à quel point les politiciens au pays sont vulnérables aux risques de contagion, d’autant plus que le nombre de Canadiens infectés par le coronavirus augmente à nouveau rapidement. Deux des cinq chefs des principaux partis politiques du pays sont en isolement préventif après avoir été en contact avec des membres de leur personnel infectés.

Le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet (Adrian Wyld/La Presse canadienne)
Mardi, le chef du Bloc québécois aux Communes, Yves-François Blanchet, a annoncé qu’il devait se faire tester après que sa femme, Nancy Déziel, eut été déclarée positive au coronavirus. Lundi, elle avait remarqué la perte de son odorat, un symptôme courant de la COVID-19. « Je vais toujours bien, je n’ai aucun autre symptôme. »
Triste ironie, Yves-François Blanchet et tous les membres de son caucus étaient déjà en isolement, car un collaborateur avait contracté la maladie peu de temps auparavant.
Puis, mercredi, c’était au tour du chef du Parti conservateur canadien, Erin O’Toole, d’annoncer que sa famille et lui s’étaient isolés après qu’un proche collaborateur avec lequel il avait voyagé récemment était atteint.

Le chef conservateur Erin O’Toole (Justin Tang/La Presse canadienne)
Ce collaborateur voyageait avec le chef conservateur pendant la campagne à la direction du parti qui a pris fin il y a moins d’un mois.
En fait, peut-être a-t-on capté en photo le moment exact où la contagion a eu lieu. Ce membre de l’entourage de M. O’Toole a publié une photo sur les médias sociaux le jour de sa victoire à la direction du parti, montrant 32 personnes rassemblées pour une photo de groupe.
Une seule personne portait un masque.
Les directives de santé publique de la province de l’Ontario où cette photo a été prise stipulent pourtant que dans un groupe de plus de 10 personnes celles-ci doivent pratiquer la distanciation physique et porter des masques.

Cette photo de « famille » affiche-t-elle un manque de jugement? Photo de l’équipe de la campagne à la direction du Parti conservateur d’Erin O’Toole, prise à Ottawa le 23 août 2020. (Sadiq Valliani)
Le premier ministre québécois refuse de se faire tester ou de s’isoler
D’autres membres du personnel qui voyageaient avec M. O’Toole sont testés et s’isolent d’eux-mêmes. Une déclaration du parti indique que le bureau de M. O’Toole contacte en fait toutes les personnes qu’il a rencontrées récemment. Cela nous amène à parler du premier ministre québécois François Legault.
Lors de sa toute première rencontre avec un premier ministre provincial à titre de chef de parti fédéral, M. O’Toole s’est entretenu avec M. Legault lundi.

THE CANADIAN PRESS/Ryan Remiorz
M. Legault a déclaré mercredi qu’il avait contacté les responsables de la santé publique de la province et que le degré de séparation entre lui et le cas positif dans l’équipe de M. O’Toole signifie qu’il s’agit pour lui d’un « faible risque » d’exposition.
Il a précisé qu’étant donné que M. O’Toole ne présente lui-même aucun symptôme, sa rencontre avec lui ne représente qu’une exposition à faible risque, selon les autorités de santé publique. Il ne prévoit donc pas de se faire tester pour la COVID-19.
M. Legault a déclaré qu’il suivait les recommandations de santé publique et qu’il surveillait lui-même ses symptômes, mais qu’il n’était pas non plus question pour lui de s’isoler.
Conséquences de tous ces cas positifs au sein de la classe politique
La durée recommandée par les autorités de santé publique au pays pour l’isolement après une exposition à la COVID-19 est de deux semaines.
Il est donc maintenant possible que les chefs des deux principaux groupes d’opposition à la Chambre des communes ne soient pas présents au parlement lors de la lecture du discours du Trône, jeudi de la semaine prochaine. Ils pourraient même ne pas être présents en personne pour le très important vote de confiance qui suivra ce discours et qui, selon la tradition parlementaire britannique, pourrait être le déclencheur d’élections générales.
Notez qu’à ce jour, trois des cinq principaux chefs de parti se sont trouvés à proximité d’une personne atteinte de la COVID-19. Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, s’est isolé en mars après que sa femme, Sophie Grégoire Trudeau, a été déclarée positive.

La ministre canadienne de la Santé Patty Hajdu (Justin Tang/La Presse canadienne)
La ministre canadienne de la Santé, Patty Hajdu, souhaite que tous ces incidents poussent les députés à envisager le vote virtuel au Parlement.
« Je pense que c’est une préoccupation très réelle, car bien sûr, la nature de notre travail nous amène à entrer en contact avec des personnes qui peuvent être en contact avec d’autres personnes », a-t-elle déclaré à un point de presse lors d’une retraite du cabinet à Ottawa mercredi.
« Nous voyageons fréquemment pour le travail, nous nous déplaçons d’une zone à l’autre. »

Le premier ministre Justin Trudeau (Adrian Wyld/La Presse canadienne)
Justin Trudeau a également plaidé en faveur du vote virtuel, déclarant que chaque député devrait pouvoir voter au nom de ses électeurs sans avoir à se rendre à Ottawa.
« Partout dans le pays, les gens doivent être vigilants, les gens doivent être attentifs, les gens doivent être à l’écoute des meilleures recommandations de santé publique, a-t-il dit. Ce qui signifie évidemment que 338 députés de tous les coins du pays convergeant vers Ottawa, ce n’est probablement pas ce que nous souhaiterions voir de la part de nos dirigeants dans ce pays. »
RCI avec CBC News et La Presse canadienne
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