Les responsables de la santé du monde entier plaident pour l'honnêteté de leurs citoyens en ce qui concerne la recherche des contacts. Images de victimes américaines de la pandémie. (Illustration ABC, Getty Images)

COVID-19 : 34% des Américains infectés mentent, selon une enquête canadienne

Les personnes vivant aux États-Unis et atteintes du coronavirus sont plus susceptibles de mentir sur leurs états de santé et sur leurs pratiques d’éloignement physique que les personnes qui croient être exemptes du virus, selon une nouvelle recherche de l’Université Brock en Ontario.

Université Brock (BU)

Par le biais d’un questionnaire en ligne, les universitaires canadiens ont interrogé les participants sur leurs pratiques d’éloignement physique, sur les symptômes, sur le statut de COVID-19, s’ils ont reçu l’instruction de se mettre en quarantaine, et sur leur évaluation morale de la dissimulation de la COVID-19 par les autres personnes autour d’eux.

L’enquête menée auprès de 451 adultes de 20 à 82 ans révèle qu’une proportion importante de ceux qui sont atteints du coronavirus ou qui croient l’être mentent à leur entourage ou aux médecins et infirmières concernant leur état de santé.

Selon l’étude de l’Université Brock « Dishonesty during a pandemic«  34 % des participants au sondage ayant reçu un résultat de test positif à la COVID-19 ont nié avoir des symptômes lorsque d’autres personnes le leur ont demandé, tandis que 55 % ont déclaré avoir caché leurs symptômes dans une certaine mesure. Les hommes étaient plus susceptibles que les femmes de mentir.

Ces pourcentages élevés de mensonge diminuaient cependant chez les répondants plus âgés et chez les personnes qui s’impliquent dans leurs communautés.

La recherche, financée par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), a été publiée le 17 août dans le Journal of Health Psychology.  Bien qu’une étude similaire n’ait pas encore été menée au Canada, les chercheurs de l’Université Brock s’attendent à ce que les Canadiens aient tendance à mentir de la même manière.

DÉCOUVREZ : « Propagateurs cyniques »: un Canadien sur cinq fait peu pour freiner la pandémie – Il existe trois catégories de Canadiens lorsqu’on mesure leur indice de conformité aux différentes mesures de santé publique

Mentir pour se protéger, mais non pour protéger les autres

« Les gens racontent des mensonges liés à la santé pour éviter la stigmatisation, le jugement et les répercussions sociales, surtout s’ils n’ont pas suivi les protocoles de distanciation ou de protection contre la COVID-19 », explique Alison O’Connor, doctorante, qui a coécrit l’étude avec sa directrice de thèse, Angela Evans, professeure agrégée de psychologie.

« Pour suivre avec précision les expériences et les taux de COVID pendant la pandémie, nous comptons sur les personnes qui divulguent honnêtement ces informations. Or, cette étude met en évidence les difficultés rencontrées pour tenter de suivre et de prévenir avec précision la propagation du virus », ajoute-t-elle.

Mme O’Connor espère que ces résultats de recherche déboucheront sur des discussions et des programmes qui aideront les gens à divulguer leur état de santé et à surmonter leurs angoisses à cet égard.

De renchérir Angela Evans, professeure agrégée au Département de psychologie: Si nous ne sommes pas honnêtes au sujet de nos symptômes et de nos comportements de distanciation sociale, il sera difficile de maintenir la transmission de la COVID-19 à un faible niveau jusqu’à ce que nous trouvions un vaccin. Notre honnêteté aidera la santé publique dans la recherche des contacts, réduira les risques pour les autres d’interagir avec nous si nous sommes à risque et profitera à son tour à la société dans son ensemble », affirme la professeure Evans.

« Il est important de ne pas nécessairement blâmer les personnes qui dissimulent ces informations, mais de comprendre les obstacles qui les empêchent de dire la vérité », déclare Mme O’Connor. Dans tous les pays, le mensonge est un comportement social courant, avance-t-elle. (RADIO-CANADA / IVANOH DEMERS)

La situation en ce moment aux États-Unis

(Mike Blake/Reuters)

Alors que la maladie continue de faire près de 1000 victimes par jour aux États-Unis, le nombre d’Américains chez qui le coronavirus a été récemment diagnostiqué est en baisse. Un phénomène qui, selon les experts en développement, reflète probablement le port accru de masques, mais aussi l’insuffisance du nombre de tests réalisés.

Environ 43 000 nouveaux cas sont signalés chaque jour dans tout le pays, soit une baisse de 21 % par rapport au début du mois d’août, selon les données compilées par l’Université Johns Hopkins.

Même avec 43 000 nouveaux cas par jour, les États-Unis restent cependant bien au-dessus des chiffres observés au printemps, lorsque les nouveaux cas quotidiens atteignaient un pic d’environ 34 000.

Le pourcentage de tests positifs pour la maladie a également diminué au cours des deux dernières semaines, passant de 7,3 % à 6,1 %. Mais cela est dû au fait que le nombre total de tests administrés a diminué par rapport au pic de plus de 820 000 par jour atteint en août, pour se stabiliser ces dernières semaines à environ 690 000 par jour.

Dr Jonathan Quick

L’insuffisance du nombre de tests dissimule donc probablement l’étendue réelle de la crise, explique le Dr Jonathan Quick, qui dirige la réponse à la pandémie pour la Fondation Rockefeller, qui a recommandé aux États-Unis de tester quatre millions de personnes par jour.

« Nous sommes très insuffisamment testés dans certains des endroits où le nombre de cas est encore élevé », a déclaré M. Quick, en montrant du doigt le Mississippi, le Texas, la Georgie et le Dakota du Nord.

Le virus aux États-Unis est responsable de plus de 5,7 millions d’infections confirmées et d’environ 178 000 décès. Dans le monde entier, le bilan est estimé à plus de 810 000 morts, avec environ 23,7 millions de cas.

LISEZ AUSSI : 37 millions pour la quarantaine à l’hôtel de 3222 voyageurs de l’étranger

Le gouvernement canadien a dépensé 37 millions de dollars depuis le mois de mars pour héberger en quarantaine dans 11 hôtels plus de 3000 Canadiens et étrangers arrivant au pays. (CBC)

RCI avec CBC News, l’Associated Press, Radio-Canada et Brock University

En complément

Application canadienne de traçage : trois Québécois sur quatre favorables

COVID-19 : des chiffres officiels sous-estimés au Canada?

Pandémie : près d’un quart des Québécois croit au complot selon l’INSPQ

Catégories : International, Internet, sciences et technologies, Santé, Société
Mots-clés : , , , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.