Au lieu de faire la queue pour un test de la COVID-19 qui consiste à faire un prélèvement dans le nez et parfois à attendre des jours pour obtenir les résultats, les scientifiques mettent au point des tests de salives rapides de 15 minutes ou moins. (CBC)

COVID-19 : le test de 15 minutes existe aux États-Unis. Qu’attend le Canada?

Alors que les hôpitaux et les agences de santé publique du Canada sont sous la pression d’une seconde vague émergente, les pressions populaires, politiques et scientifiques s’intensifient sur le gouvernement fédéral pour qu’il approuve des tests fournissant des résultats plus rapides. Plusieurs autres pays, dont le Japon et les États-Unis, utilisent depuis des mois certains de ces tests rapides.

Les forums de discussion en ligne et les réseaux sociaux sont inondés de questions et de plaintes de Canadiens qui ont tenté de se faire tester pour le virus qui cause la COVID-19, mais ils ont subi de longues files d’attente et des délais pouvant aller jusqu’à une semaine pour obtenir des résultats parce que les laboratoires sont débordés.

Il y a quelques jours, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a souligné en conférence de presse l’urgence pour le gouvernement fédéral d’adopter les tests rapides pour réduire les longues files d’attente dans les 150 centres de dépistage de sa province.

Selon Chrystia Freeland, il est vital pour les régulateurs d’être indépendants de toute intervention politique et de prendre des décisions basées sur les preuves scientifiques dont ils disposent. (Sean Kilpatrick/Canadian Press)

Jeudi, la vice-première ministre Chrystia Freeland a mentionné qu’elle comprenait l’attention croissante portée aux tests rapides de détection du coronavirus comme un moyen de réduire les longs délais d’attente dans de nombreux centres de test du pays. Mais elle a averti que toute intervention politique du gouvernement fédéral pour aider à accélérer le processus d’approbation entraînerait certaines des « conséquences dangereuses » observées ailleurs dans le monde.

Elle n’a pas cité de pays comme exemple, mais celui de Donald Trump vient en tête. Il a affirmé qu’un vaccin sera mis à la disposition du public américain avant l’élection présidentielle de novembre, ce qui, selon les scientifiques, est impossible.

« Je pense qu’il est très important pour nous d’apprécier à quel point il est précieux de vivre dans un pays où nous respectons l’indépendance de nos autorités réglementaires », a ajouté Mme Freeland.

Il serait donc malvenu, selon elle, que les politiciens fassent pression sur Santé Canada pour qu’il approuve l’un ou l’autre des 15 dispositifs évalués par le ministère Santé Canada. En cela, elle fait allusion non seulement aux propos du premier ministre  Ford, mais aussi au geste de défiance fait par des responsables de l’aile ontarienne du Parti conservateur du Canada (PCC). Ces derniers ont essayé, sur leurs propres députés, un test non approuvé et proposé par une entreprise dont le produit est à l’étude par Santé Canada.

Les pressions par en dessous du Parti conservateur fédéral

Le député conservateur Scot Davidson arrive à une réunion à Ottawa le mardi 22 septembre 2020. (Sean Kilpatrick/Canadian Press)

Le député conservateur et président du caucus ontarien du PCC, Scot Davidson, s’est vanté cette semaine d’avoir utilisé avec ses collègues un test sérologique qui n’a pas encore été approuvé par Santé Canada lors d’une récente retraite de son caucus.

Un porte-parole du nouveau chef du parti Erin O’Toole a précisé que le caucus de l’Ontario avait invité une entreprise canadienne qui demande l’autorisation de Santé Canada pour distribuer son test sérologique à se présenter à sa réunion régionale.

Les députés intéressés ont pu passer le test après avoir assisté à une présentation de l’entreprise. Le porte-parole du parti estimait cette dérogation aux règles tout à fait acceptable puisque le test a déjà reçu l’approbation de la Food and Drug Administration américaine (FDA).

Geste « complètement incroyable »

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, le jeudi 13 septembre 2018 (PC)

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, réagit vivement et dit trouver « complètement incroyable » que le caucus conservateur de l’Ontario accepte de rencontrer une entreprise privée et de se soumettre à un dispositif qui n’a pas encore été approuvé par Santé Canada.

« Je dois dire que les conservateurs ont vraiment tiré sur leur crédibilité », a lancé M. Singh aux journalistes.

« Le fait qu’une société ait fait pression sur eux avec un dispositif de test et qu’ils aient ensuite utilisé ce dispositif de test qui n’avait pas reçu l’autorisation de notre processus d’approbation canadien, et qu’ils se vantent ensuite d’avoir utilisé ce service ou ce test, cela ne ressemble pas à une histoire que vous auriez normalement lue au Canada », a-t-il dit.

Où en est l’évaluation canadienne des tests rapides?

Alors que la FDA a approuvé deux dispositifs de test d’antigènes il y a des mois, Santé Canada n’est pas prêt à apposer son sceau d’approbation sur ces tests.

Au moins 14 dispositifs de ce type sont en cours d’examen. Mais les responsables du ministère ne sont jamais autorisés à commenter le statut des demandes d’évaluation lorsqu’elles sont en cours.

Patty Hajdu – La Presse canadienne/Justin Tang

La ministre de la Santé Patty Hajdu a déclaré la semaine dernière que les tests rapides ne seront pas déployés dans tout le pays tant que les régulateurs ne seront pas sûrs qu’ils répondent à une certaine norme. Elle a ajouté cependant que les régulateurs ne sont pas encore convaincus que les tests rapides sont suffisamment précis pour être approuvés.

Un test rapide a été approuvé en mai, mais il a du être été retiré précipitamment par la suite parce que les tests sur le terrain ne se sont pas déroulés comme ceux en laboratoire.

En attendant, un test de la compagnie Abbott a reçu l’autorisation d’utilisation d’urgence de la Food and Drug Administration à la fin du mois d’août. Il s’agit du premier test approuvé par la FDA qui ne nécessite pas d’équipement spécialisé pour l’analyse et qui utilise un écouvillon nasal moins profond, ce qui le rend plus facile à administrer. Abbott promet un délai d’exécution de 15 minutes et un coût de 5 $ US.

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L’Ontario, la province la plus populeuse du pays, annonce qu’elle met en place une procédure qui permettra à 60 pharmacies de donner à leurs clients, dès vendredi, des tests de dépistage du coronavirus. (CBC)

RCI avec CBC News et La Presse canadienne

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