Lors d'un sondage effectué le mois dernier, 60% des Québécois interviewés estimaient «très probable» qu’ils installent l'application Alerte COVID sur leur propre téléphone intelligent et 15% ont indiqué que cela était «probable». (CBC)

Justin Trudeau et Julie Payette misent sur l’application Alerte COVID. Et vous?

Mercredi après-midi, évoquant les nouveaux outils à la disposition des Canadiens pour combattre la pandémie, la gouverneure générale du Canada, lors de son discours du Trône, et plus tard le premier ministre canadien, lors de son discours à la nation, ont tous deux encouragé les citoyens à utiliser l’application fédérale Alerte COVID.

« Le gouvernement espère que toutes les autres provinces signeront, afin que les gens de toutes les régions du pays puissent à la fois faire leur part et être mieux protégés », a déclaré Julie Payette.

« Téléchargez l’application Alerte COVID afin que ceux qui sont testés positifs puissent alerter anonymement leurs proches. C’est un outil puissant et gratuit, facile à utiliser et qui protège votre vie privée » a ajouté quelques heures plus tard, Justin Trudeau.

À la fin août, un mois après sa sortie, l’application n’avait été téléchargée que 2,2 millions de fois. Toutefois, pour qu’elle soit efficace, il n’est pas nécessaire qu’elle soit téléchargée par tous les 26 millions de Canadiens qui possèdent un téléphone intelligent.

L’application Alerte COVID est loin d’être un succès viral

(LA PRESSE CANADIENNE)

Questionnée il y a un mois sur le faible niveau de téléchargement, la Dre Theresa Tam, administratrice en chef de la santé publique du Canada, expliquait qu’il serait judicieux de faire la promotion de l’application en ciblant certains segments de la population plus à risque de propager la pandémie et de le faire sur des sites web spécifiques.

Elle indiquait que la population des jeunes adultes était à ses yeux un segment qui pourrait être ciblé spécifiquement, étant donné qu’ils peuvent être plus enclins à fréquenter les bars, les pubs et les restaurants, « ou d’autres endroits où vous ne connaissez pas tout le monde autour de vous ».

Ce message résonne encore plus un mois plus tard, parce que dans certaines régions du pays, jusqu’à 70 % de tous les nouveaux cas de contagion concernent les personnes de 20 à 40 ans.

« Je pense qu’un soutien continu pour diffuser l’information et demander au public de la télécharger serait important. Il n’est pas nécessaire d’avoir une adoption uniforme dans une population », a ajouté Mme Tam.

Le soutien des provinces est vital

S’il n’est pas nécessaire que tous les citoyens téléchargent l’application Alerte COVID, il est nécessaire qu’une province donne son accord technique pour que ses citoyens en bénéficient. L’application ne fonctionne pas sans la participation des responsables de la santé locaux. Jusqu’à présent, seulement 4 des 10 provinces ont dit oui à l’intégration de l’application à leurs activités sanitaires. Cela mine considérablement son efficacité.

LA PRESSE CANADIENNE

Contrairement aux Ontariens, un Québécois qui télécharge l’application n’en tire aucune protection, car elle requiert la participation de responsables locaux de la santé pour fonctionner, ce que le gouvernement québécois a rejeté le mois dernier. Le premier ministre François Legault a déclaré qu’il préférerait une application « faite au Québec ». On attend toujours.

Un utilisateur de l’application qui obtient un résultat positif lors d’un test de la COVID-19 reçoit une clé numérique unique d’un responsable de la santé publique de sa province. Il peut alors choisir d’informer anonymement d’autres utilisateurs de l’application qui se seraient récemment trouvés à proximité de lui. Ces utilisateurs qui reçoivent cette alerte d’exposition peuvent alors évaluer leurs risques et demander à être testés. Sans l’intervention d’un responsable local de la santé, l’application ne fonctionnera pas.

Une efficacité parcellaire

PHOTO : GETTY IMAGES / DIRK WAEM

Pour le moment, l’Ontario, le Nouveau-Brunswick, la Saskatchewan (depuis une semaine) et Terre-Neuve-et-Labrador utilisent l’application, tandis que la Colombie-Britannique et le Québec l’ont rejetée.

Le gouvernement de l’Alberta a déclaré en août qu’il était en train de passer à l’utilisation de la nouvelle application et qu’il abandonnera sa propre application provinciale, mais il dit rencontrer des difficultés fonctionnelles lors de cette transition.

Le Manitoba n’a pas encore déployé d’application, mais n’a pas fermé la porte. Les trois autres provinces, avec très peu de cas de contagion, n’ont pas encore pris de mesures dans un sens ou dans l’autre.

Au cours des quatre premières semaines d’utilisation en Ontario, au mois d’août, de 80 à 100 personnes étaient déclarées positives chaque jour pour la COVID-19. Mais seules 90 personnes durant tout ce mois avaient enregistré leur diagnostic auprès de l’application.

Aujourd’hui, un mois plus tard, l’aggravation de la situation sanitaire au pays pourrait-elle convaincre les gouvernements provinciaux récalcitrants à aller de l’avant avec l’intégration de l’application à leur réseau de santé?

Le Québec rejette l’application fédérale Alerte COVID pour l’instant

À la fin d’août, le Québec disait qu’il n’accepterait pas le déploiement de l’application fédérale, estimant que la pandémie était alors maîtrisée et que le meilleur moyen de suivre la propagation du virus était de faire appel aux travailleurs de la santé et leur travail de traçage des contacts des personnes infectées.

La province disait qu’elle prévoyait tester l’application et affirmait qu’elle resterait en contact avec les autorités ontariennes pour voir comment se déroulerait le déploiement de l’application dans cette province voisine.

« Je pense que nous n’avons pas dit non. Il y a une ouverture », disait alors le ministre québécois de la Santé, Christian Dubé en faisant référence à la possibilité de s’inscrire plus tard dans le système fédéral.

(Radio-Canada)

Éric Caire, ministre délégué à la Transformation numérique du Québec, avait pour sa part déclaré que le Québec comptait en moyenne moins de 80 nouveaux cas de COVID-19 par jour, soit 10 par million, et qu’à ce niveau, les travailleurs de la santé publique étaient en mesure de joindre les personnes en contact avec une personne infectée en utilisant les pratiques de dépistage conventionnelles.

Mercredi, le Québec rapportait 471 nouveaux cas de COVID-19.

Les personnes intéressées peuvent en savoir plus sur l’application Alerte COVID en cliquant ici.

Qu’en pensent vos amis?

Comme nos amis peuvent être de gros agents de contagion dans nos vies, il pourrait être bon de les questionner pour savoir ce qu’ils pensent de l’application COVID Alert. Il faut y aller avec doigté, car il s’agit avant tout d’une question de vie privée.

Au fait, l’application ne collecte pas d’informations privées ni de données personnelles sur la santé. Et elle ne suit pas les lieux, les noms, les adresses ou les contacts des utilisateurs.

« En raison des solides mesures de sécurité et de protection de la vie privée intégrées dans l’application, ces données ne sont pas disponibles », a déclaré Natalie Mohamed, porte-parole de l’Agence de santé publique du Canada.

Comme l’application est volontaire, il n’est pas nécessaire que les personnes dont le test est positif enregistrent ces informations afin d’alerter les autres de toute exposition potentielle.

L’application a été saluée par les experts en matière de protection de la vie privée qui affirment qu’elle trouve un juste équilibre entre la nécessité d’informer les gens d’une exposition potentielle et la nécessité d’éviter que le gouvernement ne collecte de plus en plus de données sur les utilisateurs et les lieux où se trouvent les citoyens.

« Les Canadiens peuvent choisir d’utiliser cette technologie en sachant qu’elle comporte des protections très importantes de la vie privée », a dit le commissaire à la protection de la vie privée Daniel Therrien lors de la sortie de l’application.

« Je l’utiliserai », a-t-il conclu.

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L’application a été développée par le Service numérique canadien en collaboration avec le gouvernement de l’Ontario ainsi que les compagnies Shopify et BlackBerry. (iStock)

RCI avec CBC News,  La Presse canadienne et Radio-Canada

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