Joyce Echaquan, une Autochtone de la nation atikamekw, est décédée lundi après-midi dans un hôpital près de Montréal, après avoir diffusé en direct sur Facebook une vidéo dans laquelle elle accuse le personnel hospitalier de l’avoir trop médicamentée.
L’équipe d’Espaces autochtones de Radio-Canada a pu parler à Pamela Dubé Ketish, cousine de Mme Echaquan, qui se trouvait au même hôpital en même temps. Elle dit avoir entendu les cris de Joyce.
Joyce avait des problèmes cardiaques » explique Mme Dubé Ketish. « Elle disait qu’on lui avait donné beaucoup de morphine.
Joyce Echaquan, mère de 7 enfants, était traitée au Centre hospitalier de Lanaudière depuis samedi pour des problèmes d’estomac
, selon sa cousine. Après avoir passé un moment sur une civière, dans un couloir, elle a été emmenée en salle d’isolement, affirme-t-elle.
Joyce avait un état de santé fragile, son cœur était fragile », dit de son côté Reginald Echaquan, cousin de Mme Echaquan. « Elle ne devait pas prendre de morphine à cause de son cœur.
Réaction du conseil de bande
Plusieurs voix s’élèvent pour demander des éclaircissements sur les circonstances troubles de sa mort.
Mardi, le Conseil de la Nation Atikamekw (CNA) interpelle le gouvernement du Québec sur les circonstances qui ont précédé le décès lundi après-midi de la femme dans la mi-trentaine.
Pour le CNA, cette Atikamekw de Manawan « a vraisemblablement subi un traitement inadéquat ». Par ailleurs, dit le Conseil, les discriminations envers les Autochtones dans les services publics sont malheureusement encore beaucoup trop présentes.
Il est malheureux de constater qu’en 2020 de tels comportements puissent encore se produire. Il est de la responsabilité de tous de les dénoncer, surtout dans le contexte des services de santé et dont la déontologie devrait nous protéger de l’inconfort du racisme. »Constant Awashish, grand chef de la Nation Atikamekw.
La commission Viens
En 2019, une commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics avait été présidée par le juge Jacques Viens. Le rapport final faisait état d’une relation inéquitable entre les membres des Premières Nations et les services publics.
La méfiance exprimée est d’autant plus vive que certains des événements en cause appartiennent à un passé très récent.
C’est le cas par exemple des pensionnats autochtones, dont le dernier a fermé ses portes en 1991 au Québec, ou encore de l’abattage massif des chiens d’attelage survenu dans les années 1950 et 1960 au Nunavik et dont bon nombre d’Inuit toujours vivants ont été témoins et ont subi les effets. »Extrait du rapport final de la commission Viens
Pour sa part, le Conseil de la Nation Atikamekw rappelle que le rapport Viens évoquait une situation accablante sur la considération des Autochtones dans les services publics.
D’autres réactions
De son côté, le ministre fédéral des Services aux Autochtones, Marc Miller, a déclaré sur Twitter que les événements choquants entourant la mort tragique de Joyce Echaquan doivent faire l’objet d’une enquête approfondie et complète
.
Par ailleurs, un sondage dévoilé cet été par l’Assemblé des Premières Nations Québec-Labrador démontrait « un racisme encore très actif » envers les Autochtones au sein des institutions québécoises.
Dans un message public, la nation atikamekw et le grand chef Awashish ont offert leurs « plus sincères sympathies à la famille » ainsi qu’aux proches de Joyce Echaquan.
Avec des informations du Conseil de la Nation Atikamekw, de la commission Viens et d'Espaces autochtones.
Pour en savoir plus :
- Mort de Joyce Echaquan : le racisme envers les Autochtones est dénoncé (Espaces autochtones)
- Une femme autochtone meurt à l’hôpital de Joliette dans des circonstances troubles (Espaces autochtones)
- Violences contre les femmes autochtones: les chefs des communautés en appellent à l’ONU, écartant la justice canadienne
- Autochtones et violence policière: une grande chef du Manitoba exige des rencontres
- Journée nationale des Autochtones : réconciliation imbibée de maltraitance
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