Élue à la tête du Parti vert du Canada dans la soirée de samedi suite à une élection particulièrement serrée, Annamie Paul est décidée à rallier les Canadiens derrière un « vrai plan » environnemental et social et à obtenir un siège au Parlement canadien.
Avec cette élection, Mme Paul devient la première cheffe noire permanente d’un grand parti politique fédéral au Canada et la seconde personne de couleur après l’élection en 2017 du chef du Nouveau Parti Démocratique (NPD), Jagmeet Singh.
Lors d’une conférence de presse pour se présenter aux médias lundi, Annamie Paul a voulu mettre en avant un parti progressiste et dynamique proposant de véritables alternatives, à l’inverse des autres partis canadiens qui seraient « à court d’idées ».
Les « mots creux » du parti libéral lors du dernier discours du trône illustreraient ce manque d’action selon elle.
Le nouvelle tête du Parti vert en a aussi profité pour rappeler l’importance de la lutte contre les changements climatiques qu’elle qualifie de « crise existentielle de notre époque » en affirmant que seuls les Verts proposaient des cibles de réduction des gaz à effet de serre valables en opposition aux politiques environnementales dîtes « insuffisantes » des autres partis fédéraux.
Cherchant à attirer l’électorat progressiste canadien, Mme Paul s’est appuyée sur les politiques sociales phares du Parti vert telles que le revenu minimum garanti, l’accès universel à l’éducation postsecondaire, l’assurance médicaments ou encore la décriminalisation de toutes les drogues.
Rendre la politique plus inclusive
Avocate de 47 ans qui a notamment travaillé à la Cour pénale internationale, Annamie Paul arrive sur la scène politique dans l’intention d’injecter plus de diversité dans son parti, mais aussi dans toute la classe politique canadienne.
Mme Paul a ainsi affirmé qu’être « une première » en politique signifie qu’elle devra se battre davantage pour arriver là où elle veut aller.
En témoigne sa campagne pour briguer la tête du parti écologiste canadien durant laquelle la mère de famille de confession juive rapporte avoir été la cible de beaucoup de haine, en particulier par le biais de commentaires antisémites sur les réseaux sociaux.
Une politique plus inclusive rejoint l’idée de combattre le racisme systémique, une notion encore trop présente au Canada comme l’a rappelé à plusieurs reprises le Premier ministre Justin Trudeau.
Dans son discours suivant sa victoire de samedi soir, Mme Paul a aussi promis de rester solidaire avec les Autochtones « dans leur appel à l’action, à la justice et la lutte pour la détermination autonome. »
Avant d’en arriver là, elle s’est efforcée d’améliorer la représentation politique des femmes et des minorités, en restant à l’écart de la politique partisane jusqu’aux élections fédérales de 2019, où elle a perdu contre le ministre des Finances de l’époque, Bill Morneau, dans la circonscription de Toronto-Centre. C’est cette même circonscription qu’elle espère gagner lors d’une élection partielle dans quelques semaines.
Je souhaite prendre le temps de remercier chacun des candidats incroyables qui se sont présentés à mes côtés lors de la course à la direction des @LesVertsCanada. Chacun a apporté un point de vue unique et le Parti Vert n’en est ressorti que meilleur.
— Annamie Paul (@AnnamiePaul) October 4, 2020
Obtenir un siège au Parlement
Désormais, l’un des principaux objectifs de la nouvelle cheffe du Parti vert est d’obtenir un siège au Parlement canadien afin de rejoindre les trois autres députés verts y siégeant.
C’est le 26 octobre prochain que cela pourrait avoir lieu lors de l’élection partielle dans Toronto-Centre, circonscription qui doit remplacer le démissionnaire et ex-ministre des Finances Bill Morneau.
Malgré sa défaite il y a un an, elle espère sincèrement représenter la circonscription où elle est née et où sa mère et sa grand-mère ont travaillé.
Pour l’aider dans sa course, l’ancienne cheffe du Parti vert, Elizabeth May, a demandé au NPD de retirer leur candidat comme une « courtoisie de chef » envers Mme Paul.
Mme May a notamment fait référence à la fois où elle a laissé sa place dans la circonscription de Burbaby South pour laisser le chef du parti démocratique, Jagmeet Singh, obtenir un siège au Parlement. Ce à quoi M. Singh avait répondu que c’était « très classe de sa part ».
« J’aimerais donc que Jagmeet Singh y réfléchisse. J’aimerais que les néo-démocrates lui disent à quel point il est classe d’essayer de bloquer l’entrée à la Chambre des communes de la première femme noire chef d’un parti politique fédéral », a-t-elle déclaré.
La directrice nationale du NPD, Anne McGrath, a déclaré que le parti ne se retirerait pas de la course pour Toronto Centre. Le NPD a aussi souligné que le parti n’a jamais demandé à Elizabeth May de ne pas présenter de candidat contre M. Singh.
Consciente des difficultés qu’elle va rencontrer lors de cette élection à venir, l’avocate dit être prête à briguer n’importe quel autre siège si elle ne remporte pas Toronto Centre.
« Je suis prêt à me présenter partout où le Parti vert et nos membres pensent qu’il est logique que je me présente. Mes enfants sont grands… mon mari est un avocat spécialisé dans les droits de l’homme et tout son travail se fait à l’étranger. Donc, j’ai des valises, je vais voyager », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse à Ottawa.
Avec les informations de Reuters, Radio-Canada, CBC et La Presse canadienne.
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