Des voyageurs américains continuent de défier les règles canadiennes en traversant le Canada pour se rendre en Alaska ou en revenir.
La Gendarmerie royale du Canada (GRC) en Colombie-Britannique rapporte avoir délivré récemment des contraventions à une demi-douzaine d’Américains dans deux incidents distincts pour avoir effectué une sortie de trajet pendant leur voyage au pays. Les montants des contraventions ont totalisé 4500 $. Dans un cas, la GRC a dû physiquement escorter une famille de cinq personnes hors du pays.
Malgré de nouvelles mesures sévères prises en juillet par le gouvernement canadien pour faire échec au tourisme américain illégal en période de pandémie, des Américains continuent d’utiliser le prétexte de se rendre en Alaska pour passer la frontière, pour magasiner ou pour visiter de célèbres sites touristiques de l’ouest du pays.
« Il y a des individus qui continuent à ne pas suivre les règles, déclare Janelle Shoihet, porte-parole de la GRC en Colombie-Britannique. Ces règles sont mises en place afin de protéger tout le monde. »
Les États-Unis sont le pays le plus touché par la pandémie de COVID-19 avec 2353 cas par 100 000 habitants. Le Canada ne rapporte depuis le début de la pandémie que 449 cas par 100 000 habitants. Cet écart provoque donc une grande inquiétude chez les Canadiens qui craignent de voir des Américains venir au pays pour des raisons non légitimes et ainsi propager l’épidémie. Plusieurs s’inquiètent lorsqu’ils aperçoivent des véhicules immatriculés aux États-Unis et s’interrogent sur le bien-fondé de cette présence au Canada.

Des Américains traversant le Canada reçoivent périodiquement des contraventions pour avoir enfreint la Loi canadienne sur la mise en quarantaine. PHOTO : RADIO-CANADA / AXEL TARDIEU
Autorisation spéciale
Les frontières entre le Canada et les États-Unis sont fermées d’un commun accord depuis le 21 mars dernier et les trajets non essentiels entre les deux pays sont interdits. Toutefois, des Américains peuvent toujours traverser le Canada pour se rendre en Alaska, ou inversement, pour le travail ou l’école, ou encore pour rentrer chez eux.
Par mesure de précaution, ces conducteurs américains sont tenus d’emprunter l’itinéraire le plus direct possible et de ne pas faire d’arrêts inutiles. Or, plusieurs se détournent de leur itinéraire. Certains ont été pris en train de faire de longues randonnées, notamment dans le parc national de Banff.
Entre la fin mars et le 21 juin, la Gendarmerie royale du Canada affirmait avoir donné sept contraventions de 1200 $ à des Américains qui s’étaient arrêtés dans ce parc normalement le plus visité du pays.

Les parcs de Banff et Jasper sont des destinations interdites aux voyageurs américains. (HELEN PIKE / CBC)
Des règles plus strictes depuis la fin juillet
Depuis le 31 juillet, les voyageurs non essentiels transitant par le Canada vers l’Alaska sont soumis à des règles plus strictes. Les voyageurs doivent, entre autres, apposer une étiquette bien visible sous leur rétroviseur pendant leur déplacement en territoire canadien. L’étiquette indique clairement que les voyageurs sont en transit et précise la date à laquelle ils doivent quitter le pays.
Au verso de celle-ci, il y a un rappel aux voyageurs américains qu’ils doivent se conformer à toutes les conditions imposées à l’entrée ainsi qu’aux lois sur la mise en quarantaine et sur les mesures d’urgence, de même qu’une liste des mesures de santé et de sécurité publiques à suivre. L’étiquette indique que seuls les arrêts dits essentiels, notamment pour faire le plein d’essence, sont permis.
Ils doivent éviter les hôtels, n’utiliser que les restaurants qui offrent un service au volant et porter un masque lorsqu’ils s’arrêtent pour aller aux toilettes.

Les ressortissants étrangers en transit dans l’ouest du pays ne peuvent entrer au Canada qu’à l’un des cinq points d’entrée suivants : Abbotsford-Huntingdon (Colombie-Britannique), Coutts (Alberta), Kingsgate (Colombie-Britannique), North Portal (Saskatchewan) et Osoyoos (Colombie-Britannique)
Quand les règles ne s’appliquent pas à eux
Selon la GRC, chacune de ces règles a été enfreinte le 31 août dernier lorsqu’un groupe de trois Américains s’est arrêté à Fort St. John, en Colombie-Britannique, pendant leur trajet de l’État de Washington à l’Alaska.
Le trio serait entré dans un restaurant sans porter de masque, aurait dîné et aurait été en contact étroit avec deux clients canadiens à l’intérieur et à l’extérieur du restaurant.
La GRC a été alertée par un employé du restaurant « qui était préoccupé du bien-être des clients et de ses collègues. » La GRC a condamné sur le champ ces trois Américains à une amende de 1000 $ chacun en vertu de la loi fédérale sur la quarantaine.
Dans un autre incident, une famille américaine de cinq personnes voyageant de l’Alaska à l’État de Washington ne s’est pas présentée à la frontière de la Colombie-Britannique à la date prévue de leur sortie du Canada.
La GRC a fait circuler le numéro de la plaque d’immatriculation du véhicule de cette famille à tous les corps policiers. L’œil attentif d’un policier de Vancouver a repéré le véhicule et a alerté la GRC qui a procédé à leur arrestation.
Les trois adultes de la famille ont été condamnés à une amende de 500 $ chacun, et la GRC a escorté le groupe jusqu’à la frontière de la Colombie-Britannique et de l’État de Washington.
Des incidents en série
CBC News révèle un troisième incident où une Américaine conduisant de l’Alaska au Montana a été condamnée à une amende de 1200 $ pour s’être arrêtée au parc national de Banff le 6 août.
Selon des agents de la GRC en l’Alberta, la femme était entrée au Canada environ deux semaines auparavant. La traversée aurait dû s’effectuer en moins de trois jours.
Le fait de fournir de faux renseignements aux agents est considéré comme une fausse déclaration et a des conséquences, notamment le refus de l’entrée au pays.
Des milliers de touristes américains refoulés
Au début du mois de septembre, plus de 18 000 voyageurs étrangers en provenance des États-Unis ont été refoulés par le Canada pour cause de déplacement non essentiel depuis la fermeture partielle de la frontière entre les deux pays en mars, selon les autorités canadiennes.
Entre le 22 mars et le 2 septembre, les agents canadiens ont refusé l’entrée à 18 431 voyageurs étrangers, la majorité des Américains, arrivant des États-Unis, selon des statistiques de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) transmises dimanche à l’AFP.
Ces voyageurs ont été refoulés par les autorités canadiennes parce que leur déplacement était jugé non essentiel. Cela incluait notamment des visites touristiques ou de loisir.
En temps normal, plus de 400 000 Canadiens et Américains franchissent chaque jour la frontière entre les deux pays, longue de près de 8900 kilomètres.
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RCI avec CBC News et Radio-Canada
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