L'entreprise aérospatiale SpaceX espère offrir avec constellation de satellites une connexion internet dans les zones rurales du nord des États-Unis et du Canada avant la fin de l'année 2021. SpaceX a déjà reçu l'autorisation d'opérer aux États-Unis, mais pas au Canada. Pourquoi?(Denemark/Florida Today via AP, File)

Elon Musk aura-t-il le droit d’offrir l’Internet de Starlink aux Canadiens?

SpaceX espère offrir avec sa constellation de satellites une connexion Internet dans les zones rurales du nord des États-Unis et du Canada avant la fin de l’année 2020. L’entreprise aérospatiale a déjà reçu l’autorisation d’opérer aux États-Unis, mais pas au Canada.

Cela fait quatre mois que la compagnie américaine a déposé une demande auprès des responsables du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) pour obtenir une licence lui permettant d’offrir à tous les Canadiens en régions un service Internet à large bande comparable à celui offert dans les grandes villes par les géants canadiens que sont Bell, Telus ou Rogers.

Alors que le réseau révolutionnaire de satellite d’Elon Musk prend forme directement au-dessus de leurs têtes, les consommateurs canadiens attendent en vain un signal positif d’Ottawa.

Les Canadiens qui le désirent peuvent signer une pétition en ligne afin de faire débloquer l’approbation de Starlink au pays.

Ceinturant la planète, une grande constellation de satellites conçue pour fournir une couverture mondiale pour l’accès à l’Internet à haut débit. (SpaceX)

Mardi, à nouveau, SpaceX a lancé en orbite depuis Cape Canaveral une grappe de 60 satellites Starlink au sommet d’une fusée Falcon 9. Ils rejoignent du coup près de 730 autres déjà en orbite. Ils forment les premiers bras d’une grande constellation de satellites conçue pour fournir une couverture mondiale, en particulier pour les personnes qui vivent dans des zones rurales et isolées. On estime qu’un consommateur canadien sur cinq est dans cette catégorie.

Selon SpaceX, le service sera pleinement opérationnel pour les internautes du nord des États-Unis et du Canada dès que la constellation comptera 1440 satellites, ce qui n’est qu’une question de mois. Pour le moment, il n’y a aucun signe clair du CRTC de permettre aux Canadiens de se brancher au nouveau service en cette période de pandémie, alors que des millions de Canadiens se sentent désavantagés ou incapables de participer à la nouvelle réalité qui mise sur l’éducation à domicile ou le travail à distance.

Les clients de Starlink recevront le service à large bande via des terminaux paraboliques qui seront faciles à installer sans l’aide d’un technicien. Il leur suffira de pointer la parabole vers le ciel, peu importe l’angle.

SpaceX affirme que son service est capable de fournir une connexion Internet à large bande à faible latence, inférieure à 30 millisecondes, et à des vitesses de téléchargement supérieures à 100 mégabits par seconde. Pour beaucoup de Canadiens en région rurale qui doivent se battre pour obtenir des connexions d’un à trois mégabits par secondes avec des latences trois fois supérieures, cela représenterait une véritable révolution.

La constellation Starlink de départ sera capable initialement de fournir des services Internet de très haute vitesse dans une zone particulière, à savoir entre 44 et 52 degrés de latitude nord. Les consommateurs canadiens sont ciblés. Mais pourront-ils en profiter? (Starlink)

Quand le Canada ne répond pas vraiment

Plus de 1200 résidents canadiens ont exprimé leur soutien à SpaceX et à son système Starlink sur le site web de la Commission canadienne des télécommunications, dont le conseiller municipal de Pointe-Fortune, au Québec, Kenneth Flack.

« J’encourage le CRTC à accélérer l’acceptation de cette demande pour la fourniture de services tels que celui-ci sans délai, car cela permettra également à nos communautés de faire face et de se remettre de cette pandémie. Le projet Starlink bénéficie spécifiquement à ceux qui en ont le plus besoin, et aux plus défavorisés », déclarait M. Flack en juin.

James Cumming (Twitter)

À Ottawa, le député et critique conservateur en matière de science et d’industrie, James Cumming, s’inquiétait la semaine dernière de ne pas voir réagir ou agir le gouvernement libéral de Justin Trudeau.

« Quel est l’obstacle à l’octroi d’une licence à SpaceX? Nous avons entendu beaucoup de grands projets de la part des libéraux au cours des cinq dernières années, mais très peu de résultats et beaucoup d’utilisateurs d’Internet insatisfaits. Cependant, un nouveau venu, SpaceX, pourrait être en mesure d’offrir la connectivité dont les Canadiens des zones rurales et leurs entreprises ont désespérément besoin. Ils ne demandent pas un seul centime, mais seulement que leur licence soit approuvée. Quand le ministre s’occupera-t-il de la question et lui donnera-t-il le feu vert? » avait-il dit à la Chambre des communes.

« J’apprécie la passion de mon collègue pour ce dossier, et s’il souhaite des informations sur la manière dont nous avons progressé et dont nous pouvons travailler ensemble, je suis heureuse de le lui offrir. Les besoins à travers le pays sont divers. Nous sommes à l’écoute de ces besoins et nous recherchons des partenaires diversifiés pour y répondre », a répondu Maryam Monsef, ministre du Développement économique rural.

Insatisfait de cette réponse, le député James Cumming a partagé une vidéo de cet échange avec la ministre sur Twitter, sous-titré : « C’était une façon bizarre de ne pas du tout répondre à ma question. »

Il a ensuite appelé le public à demander au ministre libéral de l’Innovation, de la Science et de l’Industrie, Navdeep Bains, la question suivante : « Pourquoi s’opposer à ce que SpaceX obtienne sa licence pour permettre à Starlink de fournir l’Internet aux Canadiens des régions rurales? »

Notre propre lettre envoyé au ministre Bains est resté sans réponse.

Les Canadiens qui le désirent peuvent signer cette pétition en ligne afin de faire débloquer l’approbation de Starlink au pays.

Le gouvernement canadien mise sur l’Internet haute vitesse partout au pays d’ici… 2030

Officiellement, l’objectif du gouvernement libéral de Justin Trudeau est de donner à tous les Canadiens l’accès à Internet haute vitesse d’ici 2030, en aidant spécifiquement les Canadiens vivants hors des grandes villes à participer à l’économie moderne et à travailler de leur domicile s’ils le souhaitent.

Ce plan à large bande était en fait un élément clé du budget fédéral présenté en mars 2019, à six mois des élections fédérales. Mais pour certains, c’est du déjà-vu et maintes fois promis.

À l’approche d’élections provinciales ou fédérales au Canada, les promesses de meilleurs services concernant l’Internet dans les régions rurales et éloignées sont souvent renouvelées. Au cours de ses dernières semaines au pouvoir, en 2015, le gouvernement canadien de Stephen Harper avait fait exactement la même promesse que les libéraux.

En 2016, lors de son premier mandat, le gouvernement de Justin Trudeau avait décrété qu’Internet à large bande était un service de télécommunication essentiel pour tous les Canadiens. Dans son rapport, en 2018, le vérificateur général indiquait que les Canadiens et divers intervenants attendaient toujours une véritable stratégie nationale sur l’Internet haute vitesse.

Des dizaines de milliers de Québécois n’ont toujours pas accès à ce service que le gouvernement québécois de François Legault s’est engagé lui aussi, en campagne électorale il y a deux ans, à rendre disponible à tous sans acception d’ici… quatre ans!

Multiples satellites Starlink sur leur véhicule de lancement, après leur arrivée dans l’espace, mais avant leur déploiement. (SpaceX)

Le projet Starlink de SpaceX avance même en l’absence d’un feu vert canadien

SpaceX a livré, mardi, son 13e lot de satellites Starlink. Ce lancement a également eu lieu dans le cadre de la Semaine mondiale de l’espace, qui célèbre l’impact des satellites sur la vie quotidienne. C’est une nouvelle pierre dans un édifice beaucoup plus grand.

La Commission fédérale des communications a en effet autorisé SpaceX à lancer jusqu’à 12 000 des satellites à large bande, mais la compagnie ne s’arrêtera pas là. Elle a indiqué qu’elle veut obtenir l’autorisation de lancer jusqu’à 30 000 de ses satellites pour transmettre des signaux Internet à tous les utilisateurs dans le monde présentement mal desservis.

Le système traverse une phase de tests bêta privés, avec des employés qui vérifient les vitesses de téléchargement. Ces tests seront étendus aux simples citoyens d’ici la fin de l’année, promet-on.

SpaceX commence aussi à tester des communications par laser entre les satellites qui permettent aux données de circuler sur le réseau sans avoir à passer par des stations au sol et donc y être ralenties. Il se pourrait que le service Internet spatial soit donc plus rapide que le service offert aux citoyens des grandes villes par les méthodes actuelles plus traditionnelles.

En principe donc, la mise en service prévue au nord des États-Unis et sur tout le sud du Canada est prévue pour la fin de 2020, donc dans quelques semaines, d’où l’importance que le CRTC fasse débloquer l’approbation.

L’autre côté du nouveau réseau de satellites 

Malgré la promesse d’un Internet haut débit à faible latence, SpaceX continue d’être l’objet de critiques pour ses satellites Starlink en raison de leur potentiel à perturber les observations astronomiques du ciel nocturne.

Les plus récents satellites Starlink comme ceux envoyés en orbite mardi sont maintenant équipés d’un pare-soleil – une visière spéciale – qui réduit la luminosité du satellite vu du sol en diminuant la quantité de lumière du soleil qui y est réfléchie.

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RCI avec CBC,Twitter et SpaceX

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