Un homme brandit un grand panneau "Q" alors qu'il fait la queue pour un rallye de chevaux à Wilkes-Barre, en Pennsylvanie. Photographie : Rick Loomis/Getty Images via CBC

Un populaire Québécois promoteur des idées de QAnon censuré par Facebook

Alexis Cossette-Trudel, qui comptait des dizaines de milliers de partisans sur le site du populaire réseau social, vient de voir ses articles et son contenu être retirés dans le cadre d’une opération de grande ampleur que Facebook mène contre le groupe conspirationniste « QAnon ».

Le géant des réseaux sociaux a annoncé mardi qu’il allait effacer les comptes des groupes liés à la mouvance QAnon. La décision survient en pleine campagne électorale américaine, et que le nombre de partisans de Donald Trump qui s’identifie à cette mouvance d’extrême droite prend de l’ampleur.

Rappelons que QAnon dépeint Donald Trump comme un guerrier secret qui se bat contre un prétendu réseau de pédophiles qui serait dirigé par des célébrités et des agents de l’État profond.

Dans le cadre de la campagne contre les QAnon, Facebook vient donc d’expulser de ces pages le populaire théoricien québécois du complot de 47 ans, geste confirmé mercredi par voie de communiqué : « En vertu de notre politique resserrée sur les personnes et les organisations dangereuses, nous avons pris la décision de retirer Radio-Québec, en raison de son affiliation à QAnon. »

Le groupe d’Alexis Cossette-Trudel, nommé Radio-Québec, s’est mis à gagner plusieurs milliers d’adeptes à partir du mois de mars dernier en misant presque exclusivement sur la publication de propos et de vidéos maison où figuraient une série de fausses affirmations sur la pandémie. Plus de 77 000 partisans suivaient Radio-Québec. Facebook a également supprimé la page personnelle d’Alexis Cossette-Trudel, qui comptait environ 40 000 «amis».

Radio-Québec est une collection de vidéos d’une heure réalisées par Alexis Cossette-Trudel, un Montréalais de 47 ans qui a déjà été affilié à des groupes d’extrême droite au Québec. (Radio-Québec/YouTube)

Un complot pour empêcher Donald Trump d’avancer?

L’idée centrale développée par QAnon et Alexis Cossette-Trudel dans le contexte de la pandémie est que les dangers du coronavirus sont exagérés par un complot d’une ampleur considérable visant à saper l’autorité de Donald Trump et son travail réformateur.

Récemment, le président américain a lui-même donné son appui aux partisans de cette théorie complotiste lors d’une conférence de presse, tout en affirmant ne pas trop savoir de quoi il s’agissait.

Au mois août dernier, plus de 1,2 million de membres s’étaient abonnés depuis mars à des groupes Facebook de la mouvance QAnon, selon le chercheur de l’Université Concordia à Montréal et spécialiste des mouvements extrémistes Marc-André Argentino.

La mouvance était aussi suivie par plus de 3 millions de membres sur Facebook, selon une enquête du Guardian.

Même si près de 6000 Québécois ont été emportés par la pandémie, Alexis Cossette-Trudel remet en question la nécessité de mesures de santé publique généralisées et considère que le premier ministre du Québec François Legault fait lui-même partie du complot généralisé contre Donald Trump.

Lors d’une conférence de presse mercredi, le premier ministre du Québec a reconnu que les théories de conspiration en ligne posaient un « vrai problème » aux efforts du gouvernement. « Cela n’aide pas à convaincre la population de suivre nos directives », a déclaré M. Legault. (CP)

Adaptation locale de théories du complot américaines

Jonathan Montpetit (CBC)

Selon le journaliste de CBC Montréal Jonathan Montpetit qui enquête sur le mouvement QAnon au pays, le sentiment anti-masque au Québec est alimenté par des théories de conspiration non fondées provenant des États-Unis et réchauffé au goût d’ici.

Il expliquait récemment dans une entrevue qu’Alexis Cossette-Trudel, « depuis environ deux ou trois ans, opère sous une chaîne YouTube du nom de Radio-Québec et s’est fait une clientèle assez importante en traduisant efficacement la théorie du complot en français, mais aussi en rendant la conspiration pertinente, pour ainsi dire, pour les auditeurs québécois et francophones du monde entier en utilisant des références canadiennes et québécoises ».

Le mois dernier, des milliers de personnes se sont rassemblées dans les rues du centre-ville de Montréal pour une marche contre la politique du masque obligatoire du gouvernement. Au milieu de la foule, certains agitaient des drapeaux américains, portaient des pancartes de la campagne de « Trump » et étaient revêtus des symboles QAnon.

Prenant la parole aux manifestations anti-masque et étant invité à certaines émissions de radio, il est rapidement devenu une figure de proue d’un mouvement populaire contre les règles de santé publique.

Image d’une manifestation anti-masque récente dans les rues de Montréal. (Graham Hughes/La Presse canadienne)

Ce n’est qu’un début, car Facebook entend poursuivre le combat

Facebook avait initialement pris des mesures pour limiter l’influence du groupe Radio-Québec d’Alexis Cossette-Trudel en lui retirant la possibilité de faire de l’argent à partir de ses pages et en limitant sa visibilité sur son moteur de recherche.

Le réseau va maintenant beaucoup plus loin, alors qu’il y a quelques semaines encore plusieurs lui reprochaient sa trop grande tolérance face aux propos mensongers ou encourageants à la violence.

Qu’ils fassent ou non la promotion de la violence, Facebook entend supprimer tout groupe ou page qui s’identifie ouvertement à QAnon et que les forces de l’ordre américaines considèrent comme un risque pour la sécurité nationale.

Plusieurs autres petites pages qui font circuler le contenu de QAnon au Québec ont également disparu de Facebook depuis 48 heures.  

« Il faudra du temps pour appliquer cette politique et nous allons donner la priorité à ce travail au cours des prochains jours et semaines », a-t-il précisé dans un communiqué.

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Près du quart des répondants à un sondage en ligne, publié la semaine dernière par la firme Léger et l’Association d’études canadiennes, estime que les responsables de la santé publique aux pays et les politiciens exagèrent les dangers de la COVID-19. (Jaison Empson/CBC)

RCI avec les informations de Jonathan Montpetit de CBC News

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