Alors que le nombre de cas et l’inquiétude augmentent, Montréal était le théâtre, samedi, d’une manifestation, la plus grande du genre au pays cette année, contre le port obligatoire des masques et l’imposition de nouvelles amendes annoncées par le gouvernement provincial qui peuvent aller de 400 $ à 6000 $.
Par une journée radieuse, des milliers de personnes y ont pris part. Les manifestants, généralement non masqués, s’étalaient à un moment donné sur plus de six pâtés de maisons.
Plusieurs participants brandissaient des affiches montrant leur soutien au président des États-Unis, Donald Trump, en plus de slogans antimasque et antivaccin.
Des vidéos comme celle-ci circulant sur le web montrent plusieurs pancartes pro-Trump et pro-QAnon et des drapeaux, dont ceux du Québec, des États-Unis.
Manifestation antimasque à Montréal le 12 septembre
Pas de danger ni de menace exagérée
Plusieurs manifestants déclaraient ne pas croire en l’existence même de la COVID-19, tandis que d’autres jugeaient que la menace n’existe plus.
«J’accuse les autorités de santé publique d’avoir manipulé les chiffres depuis le début de la pandémie afin de justifier le fait que notre économie soit à l’arrêt », a déclaré à la foule Jean-Jacques Crèvecoeur, un militant antivaccin bien connu en Europe.
Les images de cette manifestation contrastaient avec la publication de nouvelles données montrant que, malgré le port très répandu du masque dans les provinces de l’Ontario et du Québec, la moyenne quotidienne des nouvelles infections au coronavirus a doublé en trois semaines.
En Ontario, dimanche, pour un troisième jour de suite, on signalait plus de 200 nouveaux cas de COVID-19. Pour ce qui est du Québec, il enregistrait dimanche la plus importante poussée de nouveaux cas en près de 15 semaines avec 279 cas détectés.
Environ 630 cas en moyenne ont été ajoutés chaque jour au cours de la dernière semaine au pays. C’est 20 % de plus que la semaine précédente, et 65 % de plus qu’il y a un mois.
Theresa Tam, l’administratrice en chef de la santé publique du Canada, exhortait ainsi les Canadiens à demeurer vigilants, contre « la fatigue qui peut nous amener à relâcher les précautions personnelles ».
Le premier ministre canadien et ses ministres se réunissent lundi lors d’une retraite ministérielle de deux jours pour débattre des mesures à prendre pour empêcher la pandémie de causer encore plus de dommages à la vie et aux moyens de subsistance des Canadiens. Justin Trudeau mentionnait, la semaine dernière, que les Canadiens « devront apprendre à vivre avec la COVID-19 pendant encore de très nombreux mois ». Son gouvernement fait la sombre supposition que la lutte contre le coronavirus mortel se poursuivra pendant au moins deux années supplémentaires.
Du jamais vu depuis juin
La tendance est inquiétante, estime le Dr Isaac Bogoch, spécialiste des maladies infectieuses à l’hôpital général de Toronto, dans une interview accordée à CBC News. « Je pensais que nous allions voir cette augmentation un peu plus tard (quand les températures seraient plus froides). Mais c’est réel et cela se produit maintenant. Et c’est certainement inquiétant. Nous voulons certainement nous assurer que cela ne continue pas à augmenter. »
Sous le couvert de l’anonymat, un haut fonctionnaire ontarien reconnaît l’existence « d’un sentiment croissant d’inquiétude » au sein du gouvernement et parmi les responsables de la santé publique face à l’augmentation des chiffres.
Au Québec aussi, la situation est préoccupante dans la mesure où la moyenne hebdomadaire est maintenant de 24,9 nouveaux cas par million d’habitants. Cela dépasse la cible symbolique de 20 cas par million d’habitants que le ministre de la Santé Christian Dubé s’était fixé à ne pas dépasser. « La situation est sous contrôle, mais préoccupante », expliquait dimanche le ministre qui invitait la population à respecter les règles de distanciation.
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RCI avec CBC News, Radio-Canada, REUTERS et La Presse canadienne
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