Les appels au resserrement des lois sur le vapotage se multiplient au pays, en raison de l’attrait de plus en plus important pour les jeunes et des incidences possibles sur leur santé. Crédit : Istock

Vers une nouvelle génération de fumeurs liée au vapotage au Québec?

La question se pose alors que de plus en plus de jeunes au pays se lancent dans ce qui semble être une nouvelle façon de créer le « buzz ». Empruntant aux adolescents, qui qualifient cette nouvelle mode de « phénomène dosing », le Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS) met en garde contre les risques encourus, en raison de fortes concentrations de nicotine dans certaines de ces cigarettes électroniques.

Le Conseil a lancé la campagne Parlons-en, qui ouvre la conversation entre parents et jeunes.

Entre évanouissements et vomissements, les conséquences du vapotage pour les jeunes peuvent être plus graves, surtout lorsque les complications s’étalent aux poumons.

Au cours des dernières années, des spécialistes ont fait état de liens possibles entre plusieurs maladies pulmonaires rapportées aux États-Unis et au Canada avec la cigarette électronique.

Malgré l’absence de données probantes attestant ces liens, un médecin, porte-parole de la campagne Parlons-en, lance un appel à la prudence.

« On ne connaît pas encore tous les effets de la cigarette électronique sur la santé. Cependant, des études indiquent que cela pourrait augmenter des risques de maladies pulmonaires et cardiovasculaires », affirme Dr Nicholas Chadi, pédiatre, clinicien – chercheur, spécialiste en médecine de l’adolescence et toxicomanie, hôpital Sainte-Justine, Montréal.

Le CQTS mentionne que le vapotage peut aussi présenter des dangers pour le développement du cerveau des adolescents, nuire à leur mémoire, affecter leur concentration, leurs capacités cognitives et induire des problèmes de comportement à long terme.

M. Chadi met en garde contre les risques de dépendance à la nicotine qui peuvent survenir assez rapidement après quelques jours seulement de vapotage.

Appel à un resserrement des lois

La campagne Parlons-en a permis de donner la parole aux parents et aux jeunes eux-mêmes. Leurs témoignages sont révélateurs de l’ignorance qui entoure encore l’attrait pour le vapotage.

Dans la plupart des cas, les déclarations sont favorables à l’idée que celui-ci est un moyen efficace pour cesser le tabagisme.
C’est ce même message qui est diffusé au sein de l’industrie du vapotage qui propose toutes sortes de saveurs présentées sous des emballages alléchants pour susciter l’intérêt des consommateurs.

Ceux-ci n’ont que l’embarras du choix entre cigarettes électroniques jetables, rechargeables, à saveur mentholée, à saveur de bonbon ou de fraise. Dans une annonce récente d’une des compagnies basée à Vancouver, il était indiqué que « la santé des consommateurs représente une priorité, et que la compagnie effectue un contrôle strict de l’âge de chaque client pour empêcher les mineurs d’entrer dans le magasin ». (MOTI, M. VAPE).

Les témoignages enregistrés dans le cadre de la campagne Parlons-en permettent de constater qu’un jeune de 12 ans fait partie des 32 % des jeunes qui vapotent au Québec depuis deux ans, et que seulement 5 % des parents sont au courant de ce fait.

Les mineurs auraient donc facilement accès aux cigarettes électroniques, étant donné que la province a enregistré un doublement du nombre de jeunes qui vapotent. Ce nombre est passé de 16 % à 32 %, alors même que les « cartouches de certaines cigarettes électroniques peuvent contenir les mêmes quantités de nicotine qu’un paquet de cigarettes », selon les données du CQTS.

Le Conseil tire l’alarme sur les sels de nicotine en raison de leur « particularité de ne pas irriter la gorge, ce qui limiterait le niveau d’inconfort et permettrait l’inhalation de fortes doses ».

« À la lumière de ces données, il y a une réelle nécessité de débanaliser le vapotage chez les jeunes, de comprendre les risques liés à celui-ci et de réaliser que les produits sont très attrayants pour eux. Nous ne voulons pas voir émerger une nouvelle génération de fumeurs », soutient Annie Papageorgiou, DG du CQTS.

Cette dernière invite à un meilleur encadrement des produits de vapotage. Elle propose ainsi d’éliminer leurs saveurs, de mieux contrôler les taux de nicotine et de renforcer la sensibilisation des jeunes sur les risques.

Cette doléance a été entendue à maintes reprises au cours des dernières années. La nécessité d’un meilleur encadrement de l’usage de la cigarette électronique partout au pays a été réitérée récemment, à l’issue du discours du Trône.

Réagissant à l’engagement du gouvernement fédéral à créer un régime d’assurance médicaments qui intègre une stratégie pour les médicaments rares, entre autres, le chef de la direction de Cœur et AVC, Doug Roth, a dit espérer que d’autres politiques relatives à la santé fassent partie du mandat du ministre de la Santé.

Notamment, une « réglementation plus rigoureuse afin de protéger les jeunes contre le vapotage […] », avait précisé M. Roth.

Avec des informations du Conseil québécois sur le tabac et la santé, Cœur et AVC, MOTI VAPE

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Catégories : Société
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