Un groupe de pêcheurs commerciaux non indigènes affronte des pêcheurs de homard indigènes dans une pêcherie de Nouvelle-Écosse, en lançant des pierres, en détruisant des homards et en mettant le feu à des véhicules. (Via CBC News Video)

Débat d’urgence sur la violence contre les pêcheries de homard des Micmacs

Les députés fédéraux canadiens se sont affrontés lundi soir lors d’un débat d’urgence afin de trouver des solutions pour mettre fin à l’escalade de la violence contre les pêcheries de homard micmaques en Nouvelle-Écosse.

Rappelons qu’après plusieurs jours de tensions entre des pêcheurs blancs et des pêcheurs autochtones, un incendie suspect a détruit un centre de production de homard dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse le week-end dernier.

La GRC enquête sur un incendie d’origine suspecte qui a détruit en fin de semaine un entrepôt frigorifique abritant les prises de homard de pêcheurs micmacs. (PIERRETTE D’ENTREMONT)

L’incendie s’est déclaré dans l’un des deux établissements qui avaient été attaqués et vandalisés au début de la semaine dernière par des pêcheurs commerciaux pour protester contre la pêche « de subsistance modérée » décrétée par la Première nation Sipek Né Katik le mois dernier. Les pêcheurs autochtones stockaient leurs prises dans ces installations.  

Ces tensions croissantes et violentes sont nées d’une décision prise il y a 21 ans sur les droits de pêche ancestraux des Micmacs. Le droit de cette Première nation à gérer sa pêche avait alors été confirmé par un arrêt de la Cour suprême du Canada.

La Première nation affirme que cet arrêt de la Cour suprême du Canada en 1999 accorde aux Micmacs le droit de pêcher et de vendre du homard en dehors de la saison de pêche régulière.

Pour leur part, les pêcheurs commerciaux non autochtones accusent les Premières Nations de pratique de pêche illégale. Ils affirment que la décision de la Cour suprême sert d’excuse aux pêcheurs micmacs pour cacher des prises commerciales effectuées en dehors des saisons de pêche normales, ce qui menacerait les stock de homards à long terme.

Des dizaines de personnes font la queue devant l’Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse pour acheter des homards pêchés par les Micmacs, en signe de solidarité dans un contexte de tensions permanentes autour de la pêche au homard des Premières nations. (CBC Video)

Un débat d’urgence de quatre heures au parlement

Les députés de tous les partis politiques à Ottawa ont débattu en urgence pendant quatre heures hier soir et ils se sont promis de poursuivre mardi.

Les libéraux et le NPD ont déclaré à la Chambre des communes lundi soir que l’accusation des opérations de pêche commerciale selon laquelle les stocks de homard en Nouvelle-Écosse sont menacés par les pêcheurs autochtones qui pratiquent une pêche à petite échelle dans la région n’est pas fondée.

Le chef du NPD, Jagmeet Singh (THE CANADIAN PRESS/Adrian Wyld)

Jagmeet Singh, chef du NPD, a déclaré à ce sujet : « L’ampleur de la pêche (…) des Micmacs ne représente aucun risque pour la conservation et toute suggestion que cela concerne la conservation est fausse, et est clairement un exemple permanent de racisme systémique ».

La ministre de la Pêche, Bernadette Jordan, abonde partiellement dans même sens : « La conservation est à la base de tout ce que nous faisons. Les stocks de homards sont en bonne santé. Le ministère continuera à surveiller les stocks et ne mettra jamais en place un plan qui menace la santé de l’espèce. »

La ministre Jordan a précisé toutefois qu’elle comprenait les préoccupations des opérations de pêche commerciale, surtout en cette année économique difficile, mais que les droits des Micmacs ne sont pas à débattre. « Notre pays a fonctionné pendant des siècles sans tenir compte des droits des Premières nations. Nous avons mis en place des systèmes, des institutions et des structures entières sans les prendre en compte », a-t-elle déclaré.

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a déclaré qu’il ne suffit pas que les gouvernements passés et présents reconnaissent simplement les droits des autochtones, mais qu’il leur appartient de veiller à ce que ces droits soient respectés. « Il n’y a pas de place pour le racisme dans notre pays. La violence épouvantable en Nouvelle-Écosse doit cesser maintenant. C’est inacceptable, c’est honteux et c’est criminel », a déclaré M. Trudeau. « Par-dessus tout, il y a le droit de vivre et de pêcher en paix sans être soumis à des menaces et au racisme. »

Le chef conservateur Erin O’Toole (Justin Tang/La Presse Canadienne)

Le chef du Parti conservateur Erin O’Toole a alors demandé à Justin Trudeau quand il allait agir pour amener les deux parties à négocier et mettre un frein à la violence dans la province. Il a critiqué la façon dont le gouvernement libéral gérait la situation, affirmant qu’il était au courant de l’escalade des tensions entre les deux groupes de pêcheurs depuis des mois.

Le chef du NPD, Jagmeet Singh, a lui aussi appelé le gouvernement libéral à élaborer un plan pour assurer la sécurité et garantir le respect des moyens de subsistance du peuple micmac. « Nous avons besoin d’un plan clair, d’un plan d’action clair pour protéger le peuple micmac. Nous avons besoin d’un plan clair pour les protéger sur terre (…) et dans l’eau. Nous devons nous assurer qu’il n’y ait plus de violence ou d’intimidation contre le peuple micmac. »

Justin Trudeau a déclaré que le ministre de la Sécurité publique, Bill Blair, a reçu les ressources dont il a besoin pour déplacer des agents supplémentaires de la GRC dans la zone où ils seraient chargés de maintenir la paix pendant que le gouvernement fédéral continue à parler au gouvernement provincial, aux pêcheurs commerciaux et aux pêcheurs autochtones.

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Des membres de la Première nation Sipekne’katik quittent le quai de Saulnierville, en Nouvelle-Écosse, après avoir lancé leur propre pêche autorégulée le jeudi 17 septembre 2020.  (Photo : LA PRESSE CANADIENNE/Andrew Vaughan)

RCI avec CBC News, Radio-Canada, RCI et La Presse canadienne

Catégories : Autochtones, Économie, Environnement et vie animale, Politique
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