Jaskirat Singh Sidhu quitte la Cour provinciale de Melfort en Saskatchewan le mardi 8 janvier 2019. Crédit photo: La Presse canadienne/Kayle Neis.

Le camionneur coupable de la tragédie des Broncos lutte contre son extradition

Jaskirat Singh Sidhu se bat pour rester au Canada, où il vit depuis 2013, et pour ne pas être expulsé en Inde où il a grandi.

Cet homme de 32 ans a été condamné, l’an dernier, à huit ans de prison après avoir plaidé coupable à 29 chefs d’accusation de conduite dangereuse ayant causé la mort ou des blessures corporelles dans une tragédie qui a fait le tour du monde.

Le 6 avril 2018, le camion que conduisait Jaskirat Singh Sidhu sur une route de campagne, au coeur des Prairies canadiennes, a heurté de plein fouet à une intersection l’autobus dans lequel se trouvait toute l’équipe de hockey junior des Broncos de Humboldt qui se rendait à un match amical.

Le camionneur, qui n’avait qu’une année d’expérience, ne s’est pas aperçu qu’un autre véhicule s’approchait de l’intersection malgré des signes clairs de ralentir et d’effectuer un arrêt avant la jonction des deux routes.

Une vue aérienne du lieu de l’accident à l’intersection de la route 335 et de l’autoroute 35. (Jonathan Hayward/Canadian Press)

Dans sa décision, la juge Inez Cardinal a déclaré que Sidhu avait eu de nombreuses occasions de s’arrêter avant la collision. Elle a également déclaré qu’il était inconcevable qu’il ait manqué de voir les nombreux grands panneaux de signalisation annonçant l’intersection, y compris les feux clignotants.

Après ce tragique accident qui a coûté la vie à 16 personnes et en a blessé 13 autres avec des séquelles graves, plus de 140 000 personnes de plus de 80 pays ont fait don de 15 000 000 $ pour venir en aide aux victimes et à leurs familles.

Il y avait 24 joueurs de 16 à 21 ans dans l’équipe des Broncos de Humboldt. (Humboldt Broncos / Twitter)

Deux ans et demi plus tard, il se bat contre son expulsion du Canada

Jaskirat Singh Sidhu a grandi sur une ferme en Inde et a suivi sa petite amie au Canada lorsqu’elle a immigré en 2013. Il vivait à Calgary et avait été embauché par une entreprise de camionnage juste trois semaines avant l’accident.

Il est un résident permanent du Canada. Or, en vertu de la loi fédérale, un résident permanent reconnu coupable d’un crime passible d’une peine maximale d’au moins 10 ans peut être expulsé après avoir purgé sa peine.

Une décision administrative en ce sens est attendue d’ici quelques mois. Me Michael Greene, l’avocat du camionneur, tente cependant de faire en sorte que cela ne se produise pas. Il affirme que son client est à la base une bonne personne sans antécédent criminel et qui est rongée par les remords.

(Jonathan Hayward/The Canadian Press)

Mea culpa

« Il ne pourrait pas être plus désolé, déclare l’avocat, qui a commencé à compiler des lettres de soutien à donner à un agent de l’immigration, qui déterminera le sort de Jaskirat Singh Sidhu. « Ce n’est clairement pas le genre de type qui va commettre un autre délit. Donc, tout bien considéré, ce sera une décision extrêmement difficile à prendre pour un agent.

L’avocat ajoute que le crime n’était pas intentionnel et que de nombreuses personnes avant lui ont accidentellement traversé des feux de signalisation dans le passé, parfois avec des conséquences fatales sans recevoir de sentence aussi sévère.

Me Greene évoque notamment le cas de l’ancien premier ministre de la Saskatchewan Scott Moe. En 1997, il ne s’était pas arrêté à un carrefour rural. Il avait heurté un autre véhicule et tué Joanne Balog, 39 ans. Scott Moe a reçu une simple contravention pour avoir été inattentif au volant et avoir conduit avec imprudence.

Dans le cas de Jaskirat Singh Sidhu, « le juge a imposé la peine la plus lourde, multipliée par cent », dit M. Greene. C’est deux fois plus élevé que toute autre peine jamais prononcée pour ce délit ».

Jonathan Hayward/Canadian Press

Des familles déchirées

Ryan Straschnitzki et sa mère Michelle à l’hôpital en avril 2018 après l’accident. (Famille Straschnitzki)

Michelle Straschnitzki, dont le fils Ryan a été paralysé des deux jambes par la tragédie, dit avoir de la sympathie pour la famille du détenu. Mais elle ne pense pas qu’il mérite de rester au pays et y continuer une vie normale au terme de sa peine carcérale.

« Je dirais qu’il y a 29 personnes qui n’ont pas la possibilité d’avoir une nouvelle vie en raison de sa négligence, souligne Mme Straschnitzki dans une entrevue accordée à La Presse canadienne.

« Je suis désolé pour sa famille et je ne pense pas qu’il devrait être puni pour le reste de sa vie, mais je ne pense pas non plus qu’il devrait être récompensé pour ses actes. »

Scott Thomas, le père d’Evan, un des jeunes joueurs morts dans l’accident, pardonne à Sidhu. Il déclare être en contact avec sa femme. « C’est un homme brisé et je ne pense pas qu’il soit plus utile de l’envoyer loin du pays, où il veut clairement être avec sa femme », di-il.

« Je ne sais pas exactement ce qu’il a vécu en prison, mais je sais qu’il est dans une prison dans son esprit, c’est certain. Je sais qu’il se bat avec cela tous les jours et qu’il continuera à le faire où qu’il soit. »

Me Greene s’attend à ce que le sort de son client soit décidé par le gouvernement canadien au début de l’année 2021.

« Je comprends que, pour certaines personnes, il n’y aura jamais assez de punitions », mentionne-t-il.

« Mais il y a beaucoup de gens qui croient au pardon. Et ils réalisent aussi que c’était un parfait mélange de circonstances où son imprudence a certainement été un facteur déterminant. »

LISEZ AUSSI : Tragédie de l’équipe de hockey en Saskatchewan : tout le Canada est en deuil

THE CANADIAN PRESS/Jonathan Hayward

RCI avec CBC News

Catégories : Immigration et Réfugiés, International, Société
Mots-clés : , , , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.