La Colombie-Britannique paie le prix fort de la crise des opiacés au Canada, avec un nombre record de morts : 6000 à ce jour, dont plus de 130 par jour depuis le début de 2020. Crédit : Istock

Crise opioïdes : les gouvernements aux trousses des compagnies pharmaceutiques

Pour endiguer cette crise qui a fait des milliers de victimes au Canada ces dernières années, les gouvernements du pays réclament jusqu’à 85,5 milliards de dollars.

Cette somme viendra des compagnies pharmaceutiques et de Purdue Pharma. Ces entreprises sont montrées du doigt en raison des produits qu’elles ont mis en circulation. Ils sont considérés comme étant responsables des décès.

C’est en Colombie-Britannique, au Québec et en Ontario que les ravages de la consommation des opioïdes ont été les plus marqués. Ces trois provinces ont respectivement versé 11,5 milliards, 19,3 milliards et 33 milliards de dollars à leur réseau de la santé pour contenir la crise.

Parmi les produits les plus redoutés, l’OxyContin figure en bonne place.

Cette requête des gouvernements du Canada intervient à la suite de celle formulée en 2018 par la Colombie-Britannique. Elle s’ajoute à une procédure plus générale lancée par plus de 600 0000 requérants aux États-Unis contre Purdue Pharma.

Cette compagnie pharmaceutique a déclaré faillite l’année dernière lorsqu’elle était en pleine tempête. Elle est considérée comme l’une des compagnies qui ont alimenté la crise des opioïdes aux États-Unis pour avoir mis sur le marché l’OxyContin.

Ce médicament est commercialisé en tant que puissant antidouleur. Sa consommation a entraîné jusqu’à 200 000 morts en deux décennies aux États-Unis.

L’Amérique du Nord aux prises avec la surconsommation d’opiacés

Lorsque cette compagnie avait décidé de se réorganiser en un trust, ses propriétaires avaient payé 3 milliards de dollars en dédommagement aux victimes. Un tribunal américain avait estimé les dépenses de gestion de cette crise autour de 10 milliards.

Purdue Pharma avait proposé ce même montant pour mettre un terme à 2300 plaintes. Plusieurs États américains avaient rejeté cette offre parce qu’elle était très en dessous des dommages.

Ils considèrent qu’il y a eu une surprescriptions de l’OxyContin de la part des médecins, à l’instigation de Purdue Pharma. Cela a eu pour effet de créer une dépendance et de pousser les consommateurs vers d’autres drogues plus puissantes comme le fentanyl et l’héroïne.

Cette surconsommation a gagné le Canada et toute l’Amérique du Nord dans les années 1990. Elle a été stimulée par des campagnes publicitaires d’entreprises pharmaceutiques et par la surprescription dans les hôpitaux de l’OxyContin.

Ce produit à base d’oxycodone a été approuvé aux États-Unis en 1995 et par Santé Canada en 1996. Selon les spécialistes, c’est un antidouleur dont la puissance surpasse de loin celle de la morphine, qui a la particularité de fondre progressivement dans le corps et de soulager la douleur sur une longue durée. Il a été au centre « d’un tsunami d’opioïdes », selon le chercheur Benedikt Fisher, cité par Radio-Canada.

La surprescription des opioïdes dans les hôpitaux est considérée comme une source importante de dépendance aux drogues au Canada. Photo : iStock

Des cortèges de morts en Colombie-Britannique

Les toxicomanes se sont depuis emparés de ce produit consommé par inhalation ou par injection. Les impacts au Canada sont évalués depuis les années 2000.

Cette évaluation a donné lieu à des recours collectifs dans quatre provinces et à une entente de 20 millions de dollars avec Purdue Pharma. La Saskatchewan n’avait pas entériné cette entente.

D’autres poursuites ont été enregistrées dans plusieurs autres provinces contre cette compagnie qui a depuis 2012 retiré l’OxyContin du marché, alors que la liste des poursuites ne cessait de s’allonger au Canada et aux États-Unis.

Elle a annoncé son remplacement, l’OxyNeo. Purdue Pharma produit également l’HydromorphContin dont les ventes en pharmacie ont atteint 130 millions de dollars en 2017.

Dans le cadre des réclamations actuelles, les gouvernements au Canada soutiennent que cette compagnie et les autres entreprises concernées ont fait preuve de négligence et répandu des informations mensongères au sujet de leurs médicaments et des risques pour la santé des patients.

Elles ont ainsi poussé à la faute de nombreux médecins qui les ont prescrits partout au pays.

En attendant les audiences en seconde moitié de 2021, le bilan au pays révèle une situation particulièrement préoccupante en Colombie-Britannique.

Cette province affiche 6000 morts, dont près de 1000 depuis le début de cette année 2020. Cela représente le plus lourd bilan au pays.

Ces morts sont attribuables à la consommation du fentanyl coupé avec de l’héroïne. Les itinérants et les membres des communautés autochtones sont surreprésentés dans ce tableau. La situation est exacerbée par la crise de COVID-19 et les mesures restrictives qui s’en sont suivies.

Avec CBC, Radio-Canada et des informations du gouvernement fédéral

Lire aussi :

Crise des opioïdes : 16 364 décès au Canada en près de 5 ans

Les opioïdes causent la mort d’au moins 12 personnes chaque jour au Canada : la crise est loin d’être maîtrisée

Crise des opioïdes et compagnies pharmaceutiques : une poursuite de plus de 1 milliard de dollars est en étude en Ontario

Catégories : Santé
Mots-clés : , , , , , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.