Selon un récent rapport d’Agri-food Economic systems, publié en novembre 2020, le rétablissement des seuils de déclenchement du programme Agri-stabilité à 85 % tout en éliminant la limite de marge de référence est susceptible d’assainir le climat des investissements pour les producteurs canadiens de grains et d’améliorer leurs rendements. Crédit : Istock

Modification en perspective du programme Agri-stabilité : l’industrie applaudit

La prochaine conférence virtuelle des ministres fédéral, provinciaux et territoriaux de l’Agriculture, les 20 et 27 novembre prochains, est attendue avec impatience par les producteurs de grains de l’est du Canada.

Rendre le programme Agri-stabilité plus généreux et plus stable

Ces producteurs forment trois regroupements : Les producteurs de grains du Québec, l’Atlantic Grains Council et Grain farmers of Ontario. Ils représentent plus de 40 000 producteurs de grains et d’oléagineux dans les Maritimes, au Québec et en Ontario.

C’est avec enthousiasme qu’ils ont accueilli un commentaire de la ministre fédérale de l’Agriculture, Marie-Claude Bibeau, au sujet du programme Agri-stabilité. Mme Bibeau a notamment laissé entendre que le programme serait modifié. La question devrait figurer en bonne place dans l’ordre du jour de la prochaine réunion des ministres.

Le programme Agri-stabilité est un programme de gestion des risques de l’entreprise (GRE) qui aide seulement les agriculteurs durant les périodes de grande nécessité et dont les coûts sont partagés par les agriculteurs, les provinces et le gouvernement fédéral (Producteurs de grains du Québec).

La ministre Bibeau chercherait à obtenir un « consensus » avec les provinces pour la modification de la gestion des risques. L’intention est de rendre le programme Agri-stabilité plus généreux, plus facile à comprendre et plus équitable.

« Nous sommes d’accord que le retrait de la limite de marge de référence devrait être la première étape », a dit Marie-Claude Bibeau.

Il y a une controverse autour de la GRE depuis quelques années. Parmi les récriminations de l’industrie, il y a notamment les problèmes liés aux coûts, les difficultés qui entravent les inscriptions aux programmes, les multiples changements, dont ceux relatifs au déclenchement des paiements et à la couverture des pertes.

Malgré les multiples pressions des acteurs du secteur agricole afin que les gouvernements apportent des modifications plus adaptées au nouveau contexte, le statu quo a été maintenu, même si la crise de la COVID-19 a considérablement réduit la capacité de production partout au pays.

Les améliorations permettraient de mettre les producteurs canadiens de grains à l’abri de la volatilité des marchés internationaux. Photo : iStock

Santé et protection du système alimentaire canadien en jeu?

Les producteurs de grains souhaitent notamment que soient rétablis les anciens paramètres du programme. Cela permettrait de ramener le seuil de déclenchement des paiements à 85 % et de supprimer la limite de marge de référence. Cette démarche fournira un soutien accru aux producteurs du pays.

« Nous sommes réconfortés par les commentaires de la ministre Bibeau, qui reconnaît qu’il est nécessaire d’augmenter les seuils et d’éliminer la limite de marge de référence afin de combler les lacunes d’Agri-stabilité », a affirmé Markus Haerle, président de Grain Farmers of Ontario, dans un communiqué.

Il redoute que les provinces ne partagent pas cet avis. Si cela se arrivait, les producteurs éprouveraient d’importantes difficultés à faire face aux futures perturbations, sans d’autres programmes de soutien.

« Pour un producteur de grains canadien à son niveau actuel de 70 %, le seuil de déclenchement du programme Agri-stabilité fournit peu de soutien durant les crises. La réunion des gouvernements représente une occasion unique pour les dirigeants d’assurer la santé et la protection de notre système alimentaire pour les générations à venir », a souligné Roy Culberson, président de l’Atlantic Grains Council.

Il a lancé un véritable cri du cœur aux provinces et aux territoires afin qu’ils apportent leur appui aux changements tant attendus.

La prochaine réunion virtuelle permettra sans doute de voir plus clair dans ce dossier. Il est attendu qu’elle établira les futures orientations de la gestion des risques avec du soutien supplémentaire, sans toutefois détruire la structure actuelle.

Cette réunion aura lieu à un moment où la transition est en cours aux États-Unis, avec l’arrivée d’une nouvelle équipe à la Maison-Blanche, à l’issue de la victoire des démocrates à la dernière élection présidentielle. Ce changement annonce-t-il de nouvelles politiques commerciales des États-Unis avec le Canada sous le régime de Joe Biden?

Les ministres canadiens vont-ils envisager les modifications au programme Agri-stabilité en prenant en considération cette nouvelle donne?

On sait que sous l’ancienne administration républicaine, les États-Unis ont mis sur pied une politique protectionniste, avec des programmes de soutien au secteur agricole, de 2018 à 2019. Ces soutiens sont toujours en place et créent des déséquilibres sur le marché, parce que les producteurs au Canada sont loin de bénéficier des mêmes appuis.

Cette nouvelle donne politique aux États-Unis sonne-t-elle la cloche pour une réorganisation du soutien du Canada à son secteur agricole? Si oui, cela devrait se faire dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) dotée d’un organe d’appel plus efficace. C’est du moins ce qui ressort de la Note sur la politique agroalimentaire indépendante de septembre.

Avec des informations des Producteurs de grains du Québec, le rapport intitulé Gestion des risques de l'entreprise en état de siège : des solutions de rechange pour le Canada, la Note sur la politique agroalimentaire indépendante - sept 2020 (Al Mussell et Douglas Hedley)

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Catégories : Économie
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