Selon l’OMS, la pauvreté frappe 150 millions d’enfants supplémentaires dans le monde en 2020, ce qui compromet leur accès à plusieurs services sociaux de base : santé, éducation, alimentation et autres biens de première nécessité. Crédit : Istock

OMS : enfants et adolescents, des sacrifiés de la COVID-19 dans le monde?

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) mentionne que la crise sanitaire actuelle risque de laisser en plan de nombreux enfants et adolescents dans le monde. Des « générations sacrifiées » en raison des manques en nutrition et en éducation. À l’occasion de la journée mondiale de l’enfance, l’organisme onusien a dressé un bilan des répercussions de cette pandémie sur les enfants.

Le rapport documente les faits à propos de jeunes de moins de 20 ans de 87 pays. Bien que les effets de la COVID-19 sur leur santé soient amoindris et ne se situent pas au même niveau que ceux sur les personnes plus âgées, l’OMS souligne que ces conséquences sont « désastreuses et de plus en plus importantes ».

L’organisme mentionne que le nombre de cas ne cesse de croître et risque de « modifier le cours de la vie de toute une génération d’enfants », en raison des impacts sur leur éducation, leur nutrition et leur bien-être.

« À l’occasion de la journée mondiale de l’enfance, nous demandons aux gouvernements, à nos partenaires et au secteur privé d’écouter les enfants et d’accorder la priorité à leurs besoins, à l’heure où nous réinventons l’avenir et nous nous préparons à un monde post-pandémie », dit le rapport de l’OMS.

Des enfants canadiens de milieux défavorisés tout aussi vulnérables

Les enfants canadiens ne sont pas à l’abri des effets de la COVID-19 sur leur quotidien. Dans une étude de la Première financière du savoir, une société qui s’occupe des régimes enregistrés d’épargne-études au pays, publiée pendant la semaine nationale d’épargne-études, du 15 au 21 novembre, ces impacts sont significatifs.

De nombreux élèves ont « manqué des jalons importants » de leur parcours scolaire en raison des restrictions et fermetures qui ont marqué les premiers mois de la pandémie au Canada.

Ils sont tout aussi nombreux à avoir développé un stress. Celui-ci a eu un impact sur leur capacité à socialiser, sur leurs notes et sur leur motivation à poursuivre leurs études.

La majorité du décrochage scolaire durant cette période est attribuable à la pandémie. Les jeunes ont de plus en plus de désintérêt pour des sujets aussi cruciaux pour leur développement personnel que la lecture, l’écriture et les mathématiques.

Pour plusieurs parents au Canada, il est difficile de joindre les deux bouts. Les pertes d’emplois et de revenus ont considérablement nui à leur capacité d’épargner pour les études postsecondaires de leurs enfants.

La pandémie a également eu une incidence négative sur les capacités financières de nombreux parents. Ce sont 4 parents canadiens sur 10 qui seraient incapables d’épargner pour les études postsecondaires de leurs enfants.

La pauvreté sévit dans plusieurs communautés vulnérables au pays, malgré les aides gouvernementales. Cette précarité affecte directement les enfants.

Le collectif pour un Québec sans pauvreté a tiré la sonnette d’alarme sur cette situation, au mois de juin dernier, alors que la crise était à son plus haut niveau partout au Canada.

L’organisme a enregistré le témoignage de Jessica Massé. Cette dernière se présente comme « une citoyenne à faibles revenus du Québec » qui a été en proie à toutes sortes de difficultés, dès les premières heures de cette crise.

« Depuis le début de la pandémie, tout a augmenté. L’épicerie est plus chère. Il faut que je m’achète des masques pour prendre l’autobus, même la coiffeuse a augmenté ses prix. Les personnes qui ont perdu leur job à cause de la pandémie ont reçu la Prestation canadienne d’urgence (PCU). Ça les aide à compenser l’augmentation des prix de tout. Mais nous, par contre, on n’a rien eu. Le morceau de viande coûte plus cher pour nous aussi, c’est une injustice », dit-elle.

La situation de Jessica Massé est révélatrice de la misère qui frappe plusieurs familles et enfants, notamment pour les bénéficiaires de l’aide social. Ils doivent souvent composer avec des sommes dérisoires chaque mois pour subvenir à leurs besoins de base en plus de répondre aux attentes de leurs enfants.

« 1088$ par mois au programme de solidarité sociale, ou 690$ par mois au programme d’aide sociale, c’est nettement insuffisant pour bien vivre au Québec en temps normal. Imaginez en temps de crise! », lance Serge Petitclerc, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté.

Plusieurs jeunes Canadiens sont exposés au décrochage scolaire en raison de la crise. Photo : iStock

Les ouvertures d’écoles plus avantageuses que les fermetures?

Les données du rapport ont été ventilées par âge. Les enfants et adolescents de moins de 20 ans représentent une personne infectée par le virus sur neuf, soit 11 % des 25,7 millions de cas dans ces pays. Ceux-ci sont susceptibles de transmettre le virus à d’autres personnes plus âgées. (rapport de l’OMS)

L’OMS souligne que les mesures élémentaires permettent de maintenir les écoles ouvertes, par contre, leur fermeture entraîne des coûts importants. L’ouverture des écoles présenterait ainsi un avantage net par rapport à la fermeture.

Selon les grandes tendances de son rapport, 572 millions d’enfants ont connu des fermetures nationales d’écoles dans 30 pays. Cela représente 33 % des enfants scolarisés dans le monde.

Ils ont plus de risque d’être en contact avec le virus en dehors de l’école. Sur 12 mois, on pourrait enregistrer deux millions de décès supplémentaires d’enfants de moins de 5 ans et 200 000 « mortinaissances » supplémentaires en cas d’interruption importante de services et d’augmentation de la malnutrition.

De six à sept millions d’enfants supplémentaires de moins de 5 ans seront frappés d’émaciation ou de malnutrition aiguë en 2020, soit une hausse de 14 %, avec un risque de 10 000 décès supplémentaires par mois, notamment en Afrique et en Asie du Sud.

Dans le monde, on enregistre un bond de 15 % durant les six premiers mois de 2020 du nombre d’enfants frappés par la pauvreté sous plusieurs formes. Ils n’ont ni accès à de l’eau potable ni à l’éducation, encore moins aux soins de santé ou à une saine alimentation, entre autres. Ce sont 150 millions d’enfants supplémentaires qui sont concernés.

La pandémie a également nui aux programmes d’immunisation des enfants dans certains pays. Photo : iStock

Baisse des services de santé

La COVID-19 perturbe les services de santé et les services sociaux essentiels. Cela représente une menace grave pour les enfants. Une enquête de l’UNICEF dans 140 pays, citée dans le rapport de l’OMS, révèle que le tiers des pays enregistre une baisse d’au moins 30 % des services de santé (vaccination de routine, soins ambulatoires pour maladies infectieuses de l’enfant, services de santé maternelle).

Cette enquête note une baisse de 40 % des services de nutrition pour les femmes et les enfants dans 135 pays. Ce sont environ 265 millions d’enfants dans le monde qui n’avaient pas toujours accès aux repas dans les écoles. Pas moins de 250 millions d’enfants de moins de 5 ans risquaient de ne pas bénéficier de la couverture des programmes de supplément de vitamine A, en octobre 2020. Par rapport à septembre 2019, le nombre de visites à domicile de travailleurs sociaux a fortement décliné en 2020.

L’étude de l’OMS n’est pas exhaustive en cela qu’elle n’a pas abordé les données par âge concernant les infections, les décès et les tests. Ces aspects auraient permis de mieux percevoir les conséquences de la crise sur les enfants et de mieux déployer les stratégies de réponse. (Rapport)

Néanmoins, l’organisation soutient que pour faire face à la crise sanitaire, les gouvernements et leurs partenaires doivent prendre des mesures pour s’assurer que tous les enfants poursuivent leurs études. Ils doivent réduire les écarts d’accès à Internet qui crée une barrière pour de nombreux enfants dans le monde.

L’accès aux services de santé, à de la nourriture et aux vaccins, entre autres services de base, doit être la priorité. La lutte contre la maltraitance, la violence et la négligence devrait faire partie des stratégies gouvernementales, tout comme la lutte contre la pauvreté.

« Depuis le début de la pandémie de COVID-19, l’idée selon laquelle les enfants ne sont presque pas touchés par la maladie s’est répandue. Rien n’est moins vrai », affirme Henrietta Fore, directrice générale de l’OMS.

« Les enfants peuvent tomber malades et transmettre le virus, mais cela ne constitue pas la partie émergée de l’iceberg. La perturbation des services essentiels et le bond du taux de pauvreté sont les principales menaces qui pèsent sur les enfants. Plus la crise se prolonge, plus les conséquences sur l’éducation, la santé, la nutrition et le bien-être des enfants seront graves. C’est l’avenir de toute une génération qui est menacé », a-t-elle ajouté.

Avec des informations de l'OMS, du mouvement coopératif Desjardins et du Collectif Pour un Québec sans pauvreté

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Catégories : Santé
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