La Chine pèse lourd au Forum international sur la sécurité d’Halifax

Tous les représentants d’une vingtaine de pays participants semblaient avoir quelque chose à dire au sujet de la Chine lors du Forum international sur la sécurité à Halifax, un rassemblement annuel au Canada de dirigeants des plus grandes démocraties de la planète.

À ce forum qui attire depuis 12 ans des politiciens, des diplomates et des chefs militaires, il est courant d’y critiquer la Chine et la Russie. Mais cette année, actualité internationale oblige, les comportements chinois ont été particulièrement pris à partie.

Du secrétaire d’État américain Mike Pompeo, au secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, les participants ont débattu sur les ambitions stratégiques de la Chine et sur la manière de réagir à son ton bagarreur et ses pressions brutales sur divers pays comme le Canada et l’Australie.

« Le Parti communiste chinois présente un risque énorme pour les systèmes, les fondements et les valeurs auxquels les démocraties du monde entier sont attachées », a dit M. Pompeo.

« Les gouvernements doivent faire leur bout de chemin », a-t-il ajouté dans son discours préenregistré, où il affirmait que les pays qui ont tenu tête à la Chine en ont payé le prix. Il n’a fait aucune référence à la détention par le Canada de Meng Wanzhou, la dirigeante de la compagnie chinoise Huawei, ni à l’emprisonnement des Canadiens Michael Kovrig et Michael Spavor.

Il a cependant reconnu que le Canada avait « fait du bon travail » pour tenir tête à la Chine, mais a dit que les entreprises des pays démocratiques qui gagnent énormément d’argent en Chine ont la responsabilité morale de réfléchir à leurs activités et de se demander si elles sont dans l’intérêt de la sécurité nationale de leur propre pays.

M. Stoltenberg a adopté un ton plus conciliant. « La Chine n’est pas un ennemi. La Chine n’est pas un adversaire », a-t-il mentionné, citant les avantages d’une collaboration étroite avec une Chine en pleine expansion. Cependant, il a reconnu que « la montée de la Chine renforce l’importance de l’OTAN et l’unité entre les alliés de l’OTAN ».

La Chine, isolée diplomatiquement, mais forte économiquement

L’un des ateliers du Forum international sur la sécurité a commencé avec une vidéo grise et granuleuse montrant un éléphant poursuivi et finalement vaincu par un groupe de lions. Cela se voulait une métaphore visuelle de l’isolement relatif de Pékin en tant que puissance mondiale dont l’agressivité pourrait être mise en échec par les démocraties occidentales si elles agissaient de concert.

Un sentiment de consternation palpable a été ressenti par les participants à l’atelier lorsque la conversation a porté sur la question de savoir si la communauté internationale se comportait véritablement en une meute de lions ou en une collection de chatons.

Emily Lau, ancienne législatrice démocratique à Hong Kong, a lancé cet avertissement : la répression politique et sécuritaire accrue de la Chine dans l’ancien territoire sous administration britannique est un test de la force et de la détermination de l’Occident.

« Nous sommes en train de disparaître sous les yeux du monde entier », a affirmé Emily Lau par vidéoconférence depuis Hong Kong. « Qu’est-ce qui disparaît? Notre liberté. Notre sécurité personnelle. L’État de droit. »

« Si nous ne croyons pas que ce que nous défendons est meilleur, si nous ne croyons pas à l’État de droit, à la démocratie, à la liberté, pourquoi quelqu’un d’autre devrait-il nous écouter? » a répondu Liam Fox, ancien ministre britannique de la Défense.

Un sondage international qui se fait l’écho des débats au Forum international sur la sécurité

Un sondage d’Ipsos réalisé pour le compte du forum révèle que 2020 a vu une chute précipitée de la proportion de citoyens du monde qui croient que la Chine aura une influence positive sur les affaires mondiales au cours de la prochaine décennie.

L’enquête, menée auprès de plus de 21 000 citoyens dans 28 pays, révèle que seulement 42 % des citoyens du monde pensent que la Chine aura une influence positive globale, soit une baisse de 11 points par rapport à l’année dernière.

Tout au long de la dernière décennie, une proportion croissante a cru que la Chine aurait une influence positive, atteignant un pic de 58 % en 2017. Cependant, en 2018 et en 2019, seuls 53 % des citoyens pensaient la même chose, et aujourd’hui seulement 42 % pensent que l’influence de la Chine sera positive au cours de la prochaine décennie.

En ce qui concerne l’influence de la Chine, les personnes interrogées en Russie (81 %), au Mexique (72 %), en Malaisie (68 %), au Pérou (67 %) et en Arabie saoudite (65 %) sont les plus susceptibles de croire que l’influence de la Chine sera positive, tandis que les personnes interrogées  en Grande-Bretagne (19 %), au Canada (21 %), en Allemagne (24 %), en Australie (24 %), au Japon (24 %), aux États-Unis (24 %) et en France (24 %) sont les moins susceptibles de le croire.

La Chine n’est cependant pas le seul pays dont les scores ont considérablement baissé ces dernières années dans les coups de sonde d’Ipsos. En 2016, sous l’administration Obama, 64 % des citoyens des grandes démocraties de la planète pensaient que les États-Unis auraient une influence positive sur les affaires mondiales. Cette proportion est tombée à 55 % en 2017 après l’élection de Donald Trump à la présidence, et a encore chuté pour atteindre 50 % en 2020.

« Une approche différente envers la Chine est nécessaire et le président Biden sera plus efficace en travaillant avec les pays alliés contre l’expansion chinoise », a dit ce week-end au forum Chris Coons, sénateur démocrate de l’État du Delaware.

RCI avec CBC News, CNN, IPSOS et VOA

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