Le premier ministre Justin Trudeau accueille le vice-président Joe Biden sur la colline du Parlement à Ottawa en 2016. Samedi, M. Trudeau a félicité le nouveau président élu pour sa victoire aux élections américaines. (Canadian Press)

Justin Trudeau et Joe Biden débattent énergie, climat, Chine et pandémie

Lundi, le premier ministre canadien Justin Trudeau est devenu le premier dirigeant international à s’entretenir directement avec le nouveau président élu des États-Unis.

Le premier ministre canadien Justin Trudeau a été l’un des premiers dirigeants internationaux à féliciter Joe Biden et Kamala Harris pour leur élection, moins d’une heure après l’annonce du résultat par les grands médias américains. Les deux dirigeants en 2016. (THE CANADIAN PRESS/Patrick Doyle)

Le symbolisme dans ce rapprochement téléphonique n’a pas échappé aux observateurs politiques des deux côtés de la frontière. Ils y voient un retour à une relation plus traditionnelle entre les deux nations.

Sur le plan pratique, cet appel était incontournable étant donné l’état de crise continentale soulevée par le problème de l’heure : la pandémie. Les États-Unis sont le premier partenaire commercial du Canada. Leur frontière commune, la plus longue du monde, est fermée à tous les déplacements depuis le début de la pandémie.

Justin Trudeau et Joe Biden ont donc pris un engagement commun de lutter contre cette pandémie lors de leur première discussion.

Un communiqué du bureau du premier ministre canadien explique que les deux dirigeants « ont convenu de l’importance du partenariat unique entre le Canada et les États-Unis et se sont engagés à travailler ensemble pour lutter contre la pandémie mondiale de COVID-19 et pour soutenir une reprise économique durable dans les deux pays et dans l’hémisphère ».

Le bureau du président élu a également publié sa propre lecture de l’appel téléphonique qui indique que Joe Biden entend travailler en étroite collaboration avec M. Trudeau contre la pandémie et de faire progresser « la résilience contre de futures menaces biologiques ».

« Nous avons déjà travaillé ensemble auparavant, et nous sommes prêts à poursuivre ce travail et à relever les défis et les opportunités qui se présentent à nos deux pays, y compris le changement climatique et la COVID-19 », a écrit Justin Trudeau sur Twitter plus tard en après-midi.

Le président élu Joe Biden et la vice-présidente élue Kamala Harris écoutent lors d’une réunion avec le Conseil consultatif de transition sur la COVID-19,  le 9 novembre à Wilmington, au Delaware. AP Photo/Carolyn Kaster

L’énergie et l’économie ont alimenté les discussions

En vert, le tracé du nouveau pipeline Keystone XL proposé qui relierait l'Alberta au golfe du Mexique et en gris, le tracé du pipeline existant. Photo : Radio-Canada

En vert, le tracé du nouveau pipeline Keystone XL qui relierait l’Alberta au golfe du Mexique. Et, en gris, le tracé du pipeline existant. Photo : Radio-Canada

Des sources ayant une connaissance directe de l’appel ont déclaré que si l’accent principal de la conversation portait sur la pandémie, les deux hommes ont également discuté des relations commerciales bilatérales, en particulier de l’avenir du fameux pipeline Keystone XL.

Le projet de pipeline de plusieurs milliards de dollars, approuvé par l’administration républicaine, transférerait plus de 800 000 barils de pétrole brut par jour de la province de l’Alberta au Nebraska.

Les détails de ce que les deux dirigeants se sont dit durant l’appel n’ont toutefois pas été inclus dans les résumés de leur conversation. On rapporte seulement que Biden et Trudeau étaient impatients de « s’engager » sur la question de la « coopération énergétique » et d’autres questions liées aux ressources comme le bois d’œuvre.

Rappelons que lors de la campagne électorale présidentielle, Joe Biden avait fait plusieurs commentaires indiquant que, sous sa présidence, les États-Unis miseraient sur le combat contre le changement climatique ce qui entraînerait un désinvestissement très net de l’État dans le secteur pétrolier notamment. Il a dit qu’il mettrait un trait sur le projet de pipeline entre nos deux nations.

Interrogé sur ce que le Canada va faire pour éviter que le projet de pipeline ne soit tué, le ministre des Affaires étrangères François-Philippe Champagne avait déclaré le week-end dernier que le gouvernement canadien fera valoir ses arguments en tant que fournisseur d’énergie fiable aux États-Unis.

Quoi faire avec la Chine?

Puis, il a été question entre les deux hommes de la Chine et de sa détention arbitraire prolongée des deux Canadiens Michael Spavor et Michael Kovrig.

Rappelons que les relations du Canada avec la Chine se sont entremêlées dans quelques dossiers importants ayant eu des répercussions politiques significatives au cours de la présidence républicaine, en particulier après que le Canada a répondu à une demande d’extradition des États-Unis pour arrêter Meng Wanzhou de la compagnie Huawei.

Meng Wanzhou, munie d’un bracelet électronique à la cheville, quitte sa résidence à Vancouver. (Jeff Vinnick/Getty Images)

On ne connaît pas les détails de la conversation qu’ont eus les deux dirigeants dans ce dossier. On sait toutefois que Joe Biden a souvent souligné l’autoritarisme de la Chine lors des débats des primaires du Parti démocrate.

Plus tard en journée lundi, alors que le premier ministre canadien répondait aux questions des journalistes, on lui a demandé s’il pensait que M. Biden mettrait davantage de pression sur Pékin ou s’il envisageait une autre approche dans l’affaire de l’extradition aux États-Unis de la responsable de la compagnie Huawei, actuellement détenue au Canada.

« Je suis extrêmement sûr que le nouveau gouvernement américain continuera à être un bon partenaire pour le Canada et les autres nations du monde, alors que nous cherchons à faire comprendre à la Chine que l’approche qu’elle adopte ne fonctionne tout simplement pas, tout en lui faisant comprendre l’importance de libérer les deux Canadiens qui sont détenus arbitrairement depuis plus de 700 jours maintenant », a déclaré M. Trudeau.

Quoi penser du perdant des élections présidentielles américaines?

La Maison-Blanche le 5 septembre 2020 Photo : Cheriss May/Reuters

On ignore si Joe Biden et Justin Trudeau ont échangé sur le refus de l’actuel occupant de la Maison-Blanche de reconnaître les résultats des élections.

Il prétend, sans preuve, qu’il y a eu une conspiration médiatique généralisée et des démocrates pour fausser le décompte des voix.

Interrogé par les journalistes sur le refus de ce dernier de concéder la victoire, le premier ministre canadien a déclaré laconiquement qu’il se concentrait sur la défense des intérêts canadiens.

Au même moment, à Washington, le procureur général des États-Unis, Bill Barr, autorisait les procureurs fédéraux de tout le pays à poursuivre leurs enquêtes concernant des « allégations substantielles » d’irrégularités pendant le vote.

Le leader de la majorité au Sénat, Mitch McConnell, déclarait pour sa part que le président sortant est « à 100 % dans son droit » de remettre en question les résultats des élections et d’envisager des options légales.

Emily W. Murphy (Photo : Bill Clark)

Entre-temps, une fonctionnaire nommée par l’administration républicaine refuse d’autoriser pour le moment l’accès à l’argent qui, selon la loi fédérale, doit être accordé au gagnant d’une élection présidentielle. Emily W. Murphy, responsable de l’administration des services généraux, refuse de délivrer une lettre qui permet à l’équipe de transition de M. Biden d’entamer le transfert de pouvoir.

Cela empêche les équipes de M. Biden de s’installer dans les bureaux du gouvernement, notamment dans des installations sécurisées où elles peuvent discuter d’informations classifiées. Les équipes ne peuvent pas non plus rencontrer leurs homologues dans les agences ou commencer à vérifier les antécédents des candidats aux postes de haut niveau du gouvernement qui nécessitent un accès très secret.

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Les gens regardent des feux d’artifice après que les médias ont annoncé que le candidat démocrate à la présidence des États-Unis, Joe Biden, a remporté l’élection présidentielle américaine de 2020, à Wilmington, Delaware, États-Unis, le 7 novembre 2020. REUTERS/Mark Makela

RCI avec CBC News, La Presse canadienne et le New York Times

Catégories : Économie, Environnement et vie animale, International, Politique
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