La Fédération canadienne des enseignantes et enseignants du Canada (CTF-FCE) soutient, à l’issue d’un sondage sur la santé mentale de ses membres, que ces derniers ont besoin d’une aide multiple pour gérer les difficultés qu’ils rencontrent.
Le sondage, mené du 16 au 25 novembre, a permis de recueillir l’avis de 14 000 enseignants partout au Canada. La CTF-FCE a donné un aperçu de leur santé mentale et des enjeux entourant l’exercice de leur profession en contexte de pandémie.
Il en ressort que la crise sanitaire a rehaussé d’un cran le stress, surtout chez ceux qui présentent une condition émotionnelle fragile en temps normal. C’est donc une question connue, qui a déjà été mainte fois documentée, mais qui est aujourd’hui exacerbée par la COVID-19.
C’est près de la moitié des enseignants du pays qui « sont stressés, ont du mal à gérer ce stress et se sentent de plus en plus malheureux », dit le rapport.
Bien que les résultats du sondage ne le montrent pas, la situation aura des répercussions sur l’enseignement, la réussite des élèves, le climat de travail, etc.
Il a été mentionné, au cours des derniers mois, que plusieurs élèves ont démontré un haut niveau de désintérêt, en raison des impacts trop négatifs de la pandémie sur leur santé émotionnelle et sur celle de leurs familles.
Plusieurs organismes intervenant dans les communautés ont récemment rapporté qu’en raison des contraintes financières et techniques liées à l’apprentissage à distance, de nombreuses familles ont été incapables d’offrir l’Internet de haute vitesse et les outils technologiques nécessaires à l’apprentissage de leurs enfants.
Certains, en difficulté d’apprentissage, ont vu leur situation se compliquer davantage, alors que des enseignants non spécialisés doivent faire des tâches d’encadrement d’élèves en psychoéducation, en plus de leur charge de travail habituelle.

L’enseignement à distance imposée par la pandémie de la COVID-19 au cours des premiers mois de l’année 2020 a laissé percevoir des niveaux de stress importants chez de nombreux jeunes, faisant redouter une hausse du décrochage au pays. Photo : iStock
Contexte d’accroissement du risque de décrochage scolaire
Par ailleurs, les organismes ont relevé que les pertes d’emplois dans les familles, en raison des restrictions imposées par la COVID-19, ont aggravé les difficultés des élèves et creusé les écarts entre eux.
À cela vient se greffer une situation tout aussi critique pour les enseignants soumis à des difficultés supplémentaires en santé mentale et physique, ce qui suscite des craintes pour l’avenir de l’éducation partout au pays.
Selon les organisations communautaires, la pandémie risque de se traduire par de hauts niveaux de décrochage parmi les jeunes.
Comme l’indiquent les données de la CTF-FCE, les enseignants éprouvent de plus en plus de difficultés à s’occuper de leur santé physique sur une base quotidienne. Le stress, la mauvaise santé psychologique et émotionnelle doublée à la sédentarité inquiètent la Fédération, qui recommande de « multiples couches de soutien ».
Les écoles, les commissions scolaires et les ministères de l’Éducation doivent agir rapidement.
L’écoute est une étape préalable, soutient la fédération. Les gouvernements doivent amasser des données sur les problèmes des enseignants et leur accorder la parole. Mais la stratégie consiste aussi à faire parler les autres travailleurs et travailleuses de l’éducation, ainsi que les élèves.
L’étape suivante consiste à trouver les moyens pour répondre aux problèmes de manière adéquate. À cette étape, la fédération estime qu’il faut répondre à la charge de travail des enseignants devenue trop importante en raison de la pandémie. Cela passera par des solutions pour atténuer les conséquences de cette charge de travail des enseignants et pour calmer leurs inquiétudes en ce qui a trait aux impacts sur la santé et la sécurité des élèves, de leurs collègues, et sur leur propre sécurité.

À l’occasion d’une campagne de la CTF-FCE, en octobre dernier, sa présidente Shelley Morse observe qu’enseigner ce n’est pas seulement transformer les connaissances, mais c’est aussi contribuer à l’épanouissement scolaire. Photo : iStock
De nombreux départs
La main-d’œuvre est vieillissante au Canada et la pénurie de main-d’oeuvre se pose avec acuité dans plusieurs filières. Le secteur de l’éducation n’échappe pas à ce problème.
La pénurie observée au cours des dernières années semble s’être accentuée avec la pandémie de COVID-19 en 2020.
Au Québec, en 2019, ce sont près de 360 postes d’enseignants qui ont été laissés vacants, dont près des trois quarts dans la grande région de Montréal.
À l’occasion de la rentrée scolaire 2020-2021, plusieurs commissions scolaires québécoises et conseils scolaires ontariens ont fait part de leurs besoins importants en enseignants, surtout dans les domaines les plus spécialisés (psychoéducation, orthopédagogie, etc.)
Lors d’une campagne lancée en octobre dernier dans le but d’attirer les jeunes dans ce métier, la CTF-FCE faisait état d’un manque criant d’enseignants en milieu minoritaire francophone au Canada.
Cette campagne misait sur la valorisation de cette profession en vue de changer les perceptions au sein du public et d’attirer une main-d’œuvre davantage diversifiée.
À cause de la COVID-19 et du stress qui s’est accentué au sein de ce personnel, plusieurs qui n’ont pas réussi à s’adapter au nouveau contexte ont déserté, d’autres sont en absence prolongée parce qu’ils ont été en contact avec le virus ou en raison de maladies plus sérieuses. De plus, les enseignantes enceintes ont été mises en congé. Ces faits viennent aggraver la situation.
Compte tenu de l’impact prépondérant de l’enseignant dans la vie et la réussite scolaire des élèves, la pénurie et les problèmes de santé mentale qui touchent bon nombre de ces travailleurs au pays sont des obstacles qui devraient interpeller les pouvoirs publics.
Avec des informations de la CTF-FCE, du Regroupement des organismes communautaires québécois de lutte au décrochage scolaire et quelques données chiffrées de Radio-Canada
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