Donald Trump prononce un discours sur la baisse des prix des médicaments sur ordonnance à la Maison Blanche en mai 2018. Aujourd'hui, il cherche à tenir sa promesse faite lors de sa campagne électorale de 2016 de réduire leurs coûts. (Jonathan Ernst/Reuters)

Le Canada interdit les importations de médicaments par Trump aux États-Unis

Les règles « d’importation de médicaments sur ordonnance », émises par Donald Trump en juillet dernier, entrent en vigueur lundi. Donald Trump estime que les importations de médicaments en provenance notamment du Canada font partie de la solution pour faire baisser les prix pour les Américains.

La règle américaine relative à « l’importation de médicaments sur ordonnance » autorise les pharmaciens ou grossistes américains agréés à importer en vrac certains médicaments sur ordonnance destinés au marché canadien.

Le président désigné Joe Biden a également parlé d’autoriser les importations américaines de médicaments sur ordonnance en provenance d’autres pays dans le cadre de ses plans visant à faire baisser le prix des médicaments lorsqu’il prendra ses fonctions le 20 janvier.

Sur l’avis de spécialistes de la santé, le gouvernement canadien a annoncé vendredi qu’il bloque à partir de maintenant les exportations vers les États-Unis de plusieurs médicaments sur ordonnance convoités par les Américains dans la crainte que l’initiative de fin de mandat de Donald Trump ait pour effet de vider les étagères des pharmacies canadiennes.

Bien que les prix des médicaments sur ordonnance au Canada soient plus élevés que dans d’autres pays, ils sont moins beaucoup moins chers qu’aux États-Unis en raison en bonne partie d’une série de mesures de contrôle des gouvernements.

Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré en septembre dernier qu’il était prêt dans le contexte de la pandémie à aider d’autres pays à s’approvisionner en produits pharmaceutiques si possible, ajoutant cependant que sa priorité était de protéger les besoins des Canadiens. (Getty Images/iStockphoto)

Pour éviter les pénuries et pas seulement en période de pandémie

« Il est interdit de distribuer certains médicaments destinés au marché canadien pour la consommation en dehors du Canada si cette vente risque de provoquer ou d’aggraver une pénurie de médicaments », dit la ministre canadienne de la Santé, Patty Hajdu, dans un communiqué.

« Le Canada est un petit marché, représentant 2 % des ventes mondiales de médicaments, qui s’approvisionne à 68 % sur le plan international. Le besoin de vigilance dans le maintien de l’approvisionnement national en médicaments se poursuit », ajoute la ministre.

« La pénurie de drogues reste un problème mondial et la COVID-19 a augmenté la demande de certaines drogues, ce qui rend encore plus complexe la tâche d’assurer l’approvisionnement en drogues là où il est nécessaire. Le gouvernement du Canada reste ferme dans ses efforts pour garantir que les Canadiens aient accès aux médicaments dont ils ont besoin, quand ils en ont besoin », conclut-elle.

Les entreprises canadiennes seront donc « tenues de fournir des informations pour évaluer les pénuries existantes ou potentielles, sur demande, et dans les 24 heures s’il existe un risque grave ou imminent pour la santé », selon la déclaration ministérielle.

Patty Hajdu (Adrian Wyld/The Canadian Press)

Il y a déjà des pénuries de médicaments

Depuis 2017, près de la moitié (44 %) des médicaments vendus au Canada ont été en pénurie au moins une fois, indique Santé Canada.

L’an dernier, des médecins spécialistes du cancer au pays avaient réclamé une solution permanente à la pénurie à l’échelle nationale de trois médicaments de chimiothérapie et qui sont administrés aux patients par voies intraveineuses.

La pandémie de COVID-19 a fait augmenter la demande de certains médicaments, compliquant davantage le maintien de l’approvisionnement en fonction des besoins.

« Alors que les Canadiens continuent de subir les conséquences de la pandémie de COVID-19, l’arrêté d’urgence contribuera à garantir la stabilité et l’intégrité de notre chaîne d’approvisionnement pharmaceutique canadienne », peut-on lire dans la déclaration.

Ce qui pourra être exporté et ce qui ne pourra pas l’être

Le décret du gouvernement couvre tous les médicaments qui peuvent être importés en vrac aux États-Unis, ainsi que ceux utilisés dans le traitement du virus, les produits biologiques et les substances réglementées.

Le gouvernement canadien n’a cependant pas précisé quels médicaments sont spécifiquement concernés par cette interdiction d’exportation. Il suggère cependant des critères pour déterminer si l’exportation d’un médicament sera autorisée, notamment si le produit est classé comme un médicament de niveau 3, s’il y a des pénuries sur d’autres marchés, s’il y a une augmentation prévue de la demande et d’autres facteurs concernant la chaîne d’approvisionnement en médicaments.

L’Alliance for Safe Online Pharmacies Canada (ASOP Canada) a publié dimanche une déclaration en réponse à cette interdiction d’exportation par Santé Canada où elle « applaudit notre gouvernement pour avoir émis un arrêté d’urgence visant à restreindre l’exportation en vrac de certains médicaments canadiens ».

« Notre approvisionnement en médicaments est destiné aux Canadiens, et non à un pays dont la population est 10 fois plus importante que la nôtre », souligne la déclaration d’ASOP

Le plan de dernière heure de Donald Trump

Donald Trump est entré en fonction en 2016 en accusant les entreprises pharmaceutiques de « s’en tirer à bon compte » et en se plaignant que les citoyens d’autres pays dont les gouvernements fixent les prix des médicaments profitent de médicaments fabriqués aux États-Unis à des prix moins élevés que ceux payés par les Américains.

En tant que candidat en 2016, M. Trump avait plaidé pour que le gouvernement américain négocie lui-même les prix avec les entreprises pharmaceutiques. Arrivé à la Maison-Blanche, il a abandonné cette idée, contestée par la plupart des républicains. Au lieu de cela, M. Trump a commencé à rechercher des changements par le biais de réglementations.

Quatre ans plus tard, tentant de clore une importante affaire en suspens, il vient de publier sa fameuse liste de nouveaux règlements. Mais en cette période d’incertitude politique, il est difficile de dire si les règles présidentielles ont été écrites de manière à résister aux contestations judiciaires attendues de l’industrie pharmaceutique ou si l’administration du président désigné Joe Biden les acceptera tel quel, les modifiera ou tentera de les annuler.

« Les compagnies pharmaceutiques ne m’aiment pas trop. Mais nous devions le faire », a déclaré Donald Trump, il y a une dizaine de jours, en annonçant ses nouveaux règlements.

« J’espère simplement qu’ils les garderont. J’espère qu’ils auront le courage de la garder », a-t-il ajouté, en faisant apparemment référence à la nouvelle administration Biden.

RCI avec Reuters, l’Agence France-Presse, Radio-Canada et CBC News

EN COMPLÉMENT

Catégories : Économie, International, Politique, Santé
Mots-clés : , , , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.