Marc Miller, ministre responsable des services aux autochtones, tient une conférence de presse à Ottawa le mercredi 2 décembre 2020 pour annoncer des fonds supplémentaires destinés à améliorer l'accès à l'eau potable dans les réserves. (Sean Kilpatrick/THE CANADIAN PRESS) 

1,5 milliard de plus pour mener l’eau potable aux lèvres des Autochtones

Services aux autochtones Canada (SAC) a fait un constat d’échec lors de sa conférence de presse mercredi. Il a annoncé que son gouvernement ratera sa cible en matière d’offre d’eau potable à toutes les communautés autochtones du pays d’ici mars 2021.

« C’était une échéance ambitieuse dès le départ, a déclaré le ministre Marc Miller. Bien que les raisons de ce retard soient nombreuses, je tiens à dire aussi clairement que possible qu’en fin de compte, c’est moi qui en porte la responsabilité et que j’ai le devoir de faire ce qu’il faut. »

Le gouvernement libéral avait précédemment engagé plus de 2,19 milliards de dollars pour construire et réparer les infrastructures d’eau et d’assainissement, et pour gérer et entretenir les systèmes existants dans les réserves. Plus de 1,6 milliard de dollars de ces fonds avaient déjà été dépensés à la fin du mois de juin.

Le ministre Marc Miller s’engage maintenant à dépenser une somme additionnelle de 1,5 milliard de dollars pour terminer les travaux. Actuellement, 59 avis demandant aux Autochtones des réserves de faire bouillir leur eau sont toujours en vigueur dans 41 communautés.

M. Miller estime que 20 autres avis pourraient être levés d’ici la fin décembre et qu’au printemps 2021, le nombre d’avis restants serait abaissé à 12.

Un engagement à long terme

Le ministre responsable a expliqué que la tâche du gouvernement n’est plus uniquement de répondre à des situations d’urgence, mais aussi de planifier à long terme un meilleur assainissement de l’eau potable dans les réserves.

L’investissement nouveau de 1,5 milliard est donc destiné à aider les Autochtones dans trois domaines clés.

Le premier domaine est celui du soutien continu des opérations quotidiennes et de l’entretien de l’infrastructure de l’eau dans les réserves, afin de maintenir cette infrastructure en bon état, même après la levée des avis de faire bouillir l’eau.

Les 616 millions de dollars sur six ans, dont 114,1 millions par an en permanence, devraient favoriser la formation d’opérateurs de stations de traitement de l’eau en plus d’aider les communautés à mieux retenir ces travailleurs spécialisés.

309,8 millions de dollars serviront à payer les travaux interrompus en raison de la pandémie et d’autres retards dans le projet. La COVID-19 a poussé certaines communautés des Premières Nations à fermer leurs frontières aux entrepreneurs et à arrêter temporairement les travaux d’amélioration de leurs réseaux d’eau.  © ICI Radio-Canada/Martine Laberge

Réactions des autochtones

Le chef national de l’Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde, a salué le nouveau financement comme étant un pas dans la bonne direction, mais a averti que des ressources supplémentaires seraient nécessaires dans les budgets futurs.

« L’accès à l’eau potable est un droit fondamental, a déclaré M. Bellegarde. Ce n’est pas juste que dans un pays riche comme le Canada, vous ne puissiez toujours pas ouvrir les robinets pour l’eau potable. »

Des familles au sein des réserves autochtones ont affirmé dans le passé qu’elles limitaient le nombre de bains ou de douches que prenaient leurs enfants afin d’éviter l’exposition à de l’eau insalubre.

Un enfant autochtone de 5 mois a des irritations et des lésions sur tout le corps. © Derek Stephen/Facebook

Depuis 2016 que le gouvernement de Justin Trudeau se fait tirer l’oreille

La situation du manque d’accès à l’eau potable a été dénoncée en 2016 par l’organisme Human Rights Watch (HRW) après une enquête dans cinq communautés de la province de l’Ontario.

Cette organisation internationale de défense des droits de la personne y avait rencontré plusieurs personnes souffrant de divers problèmes liés à des infections de la peau : eczéma, psoriasis, et autres qui, selon eux, étaient associés à la qualité de l’eau dans leurs maisons.

Dans son rapport, l’organisme constatait que l’eau contaminée et les installations défectueuses dans les réserves ontariennes des Premières Nations mettaient en péril la santé des résidents, engendraient une surcharge de travail pour les parents et le personnel soignants et exacerbaient d’autres problèmes dans les réserves.

L’organisation internationale de défense des droits de la personne accusait les gouvernements fédéral et provinciaux de s’être dédouané de leur obligation de garantir l’accès à l’eau potable aux Premières Nations et leur demandait de « prendre des mesures urgentes pour assumer leur rôle dans cette crise ».

RCI avec CBC News et Radio-Canada

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