L'OACI a mis en place plusieurs outils au fil des ans pour aider les compagnies aériennes à réduire leurs émissions. (Photo : Paul Chiasson / La Presse canadienne)

Une relance verte pour l’aviation canadienne?|Les organismes internationaux

S’adressant aux dirigeants des secteurs de l’aviation, le président du Conseil de l’OACI, M. Salvatore Sciacchitano, a récemment souligné l’importance de placer la solidarité, l’innovation et la durabilité au cœur des plans de relance des États et des exploitants.

Il s’exprimait par vidéoconférence à la 76e Assemblée générale annuelle de l’IATA et au Sommet de l’aviation de Berlin AeroDays2020 qui se tenait fin novembre.

M. Sciacchitano a notamment indiqué que « l’attente est forte à l’échelle mondiale pour que l’aviation se reconstruise en mieux après la pandémie, tant du point de vue de la réduction des émissions que de son rôle à l’égard de la durabilité ». 

Ce message a été complété par la secrétaire générale de l’organisation, la Dre Fang Liu, lors du séminaire de l’OACI sur la relance écologique de l’aviation qui se tenait également fin novembre.

La Dre Liu a ouvert le séminaire en assurant à ses intervenants et à ses invités que les gouvernements continuaient de collaborer avec l’industrie et la société civile sur le programme de travail environnemental actuel de l’OACI et ses priorités.

« Cela comprend toutes les activités visant à limiter et à réduire les impacts de l’aviation en matière de changements climatiques, ainsi que les recherches en cours sur les objectifs à long terme concernant le CO2 produit par les vols internationaux », a-t-elle noté.

Ce programme comprend notamment le régime CORSIA de compensation des émissions des vols internationaux évoqué dans notre précédent article dont la mise en place s’accélère.

De nouvelles décisions prises le 26 novembre ont d’ailleurs permis de finaliser le projet et de lancer la phase pilote du régime en 2021 qui devrait durer trois ans.

Les mesures prises par l’OACI pour régler la question des changements climatiques vont de pair avec nos initiatives visant à promouvoir la croissance durable et la prospérité à long terme de l’aviation internationale », a déclaré Mme Liu par voie de communiqué.

« Les éléments de mise en œuvre du CORSIA sont prêts, et les États et les transporteurs aériens sont prêts à les utiliser. »

Dr Fang Liu, secrétaire générale de l’OACI

CORSIA est le cheval de bataille de l’organisme onusien dans sa relance verte, mais pas sa seule arme.

Les outils environnementaux mis en places par l’OACI

En 2004, l’assemblée de l’OACI a adopté trois grands objectifs environnementaux :

  • limiter ou réduire le nombre de personnes touchées par le bruit des avions;
  • limiter ou réduire l’impact des émissions de l’aviation sur la qualité de l’air local;
  • limiter ou réduire l’impact des émissions de gaz à effet de serre de l’aviation sur le climat mondial.

Pour y parvenir, l’organisme a mis en place plusieurs outils.

Elle soutient le développement de carburant d’aviation durable (SAF en anglais) grâce au Cadre mondial de l’OACI pour l’aviation et les carburants alternatifs (GFAAF), une base de données en ligne pour faciliter le partage des informations relatives aux carburants d’aviation durables. Il comprend également un flux en direct des vols utilisant des carburants d’aviation durables.

La Vision 2050 de l’OACI pour des carburants d’aviation durables mis en place en 2017 appelle les États, l’industrie et les autres parties prenantes à utiliser une proportion significative de SAF d’ici 2050. L’organisme international veille à la mise en place de ces objectifs par la publication de bilans et la création d’ateliers et de séminaires.

Tous les outils mis en place par l’OACI sont disponibles sur son site web. (Photo : site web de l’OACI)

L’OACI utilise également des Plans d’action des États et assistance pour aider les gouvernements qui n’avaient pas les moyens de mettre en place des initiatives vertes. Ces plans d’action permettent « à tous les États membres de l’OACI d’établir une stratégie à long terme relative aux changements climatiques pour le secteur de l’aviation internationale, en impliquant tous les acteurs concernés au niveau national ».

En tout, 119 États sur les 193 que compte l’OACI ont volontairement soumis leur plan d’action national à l’organisme.

La plateforme d’innovation pour les avions électriques et hybrides (E-HAPI) fait aussi partie des outils de l’OACI. Il s’agit d’un site web qui répertorie tous les projets d’aviation mondiaux relatifs à « l’électrification des systèmes d’aéronefs, la recherche sur la propulsion électrique et les investissements dans la conception d’aéronefs électriques ou hybrides ».

Enfin, l’organisme de l’ONU offre plusieurs outils aux acteurs de l’industrie afin de les aider à calculer leurs émissions, à prendre les décisions les plus judicieuses sur le plan environnemental ou encore pour réduire leurs dépenses en carburant.

Les objectifs de l’AITA

L’Association internationale du transport aérien (AITA), qui regroupe 290 compagnies aériennes, demande également à ses membres de respecter des objectifs environnementaux pour réduire les émissions de CO2.

Ces objectifs comprennent une amélioration moyenne annuelle du rendement énergétique de 1,5 % de 2009 à 2020. « L’industrie est en bonne voie pour
atteindre et dépasser cet objectif à court terme », peut-on lire sur le site de l’AITA.

Les membres de l’AITA se sont également engagés à stabiliser les émissions nettes de CO2 aux niveaux de 2020 avec une croissance neutre en carbone, mais aussi à réduire les émissions nettes de CO2 de l’aviation à la moitié de ce qu’elles étaient en 2005, d’ici 2050.

« La réalisation de cet objectif ambitieux nécessitera un investissement continu dans les nouvelles technologies et des mécanismes de soutien solides pour le déploiement de carburants aéronautiques durables », écrit l’association sur son site web.

Ces objectifs sont communs à plusieurs compagnies aériennes canadiennes, dont Air Canada, qui dit travailler étroitement avec les divers organismes internationaux ainsi que le gouvernement du Canada afin d’y parvenir.

Le logo de l’Association internationale du transport aérien est visible au salon international du tourisme ITB à Berlin, en Allemagne, le 7 mars 2018. (Photo : Fabrizio Bensch/Reuters)

Afin d’aider ses membres à réaliser ces objectifs, l’AITA a mis en place quatre piliers.

Le premier vise au développement de nouveaux avions et moteurs plus efficaces. Les moteurs électriques et à hydrogène sont notamment préconisés par l’association.

« Les avions de nouvelle technologie sont, en moyenne, environ de 15 à 20 % plus économes en carburant que les modèles qu’ils remplacent. »Association internationale du transport aérien

Le second veut améliorer l’aspect opérationnel et infrastructurel. Il est question de réduire le poids des avions ou améliorer le trafic aérien notamment.

Le troisième pilier se base sur le développement des SAF. « Jusqu’à présent, plus de 300 000 vols ont intégré les SAF », explique l’AITA.

« L’objectif est de parvenir à ce que l’utilisation des SAF représente 2 % de la quantité totale de carburant consommée d’ici 2025. À ce niveau, les coûts devraient être équivalents à ceux des combustibles fossiles, ce qui permettrait une adoption beaucoup plus rapide et plus large par les compagnies aériennes du monde entier. »

Le dernier pilier réside sur la création d’un marché carbone afin de traiter les émissions restantes. Le régime CORSIA répond d’ailleurs à cette demande.

Rappelons que pour aider les compagnies aériennes à respecter CORSIA, l’AITA a lancé la Bourse carbone de l’aviation (Aviation Carbon Exchange en anglais ou ACE), un nouvel « outil important pour aider les compagnies aériennes à respecter leurs engagements en matière de climat » pris dans le cadre du programme de l’OACI ou pris personnellement.

Tous les trois ans, l’OACI publie également un rapport environnemental qui regroupe les progrès réalisés dans la protection de l’environnement par le secteur de l’aviation internationale. Cliquez sur la photo pour accéder au rapport. (Photo : OACI)

Ainsi, l’industrie de l’aviation internationale espère réduire ses émissions et son implication dans les changements climatiques en utilisant ces divers outils. Toutefois, toutes ces mesures sont vivement critiquées par les organismes environnementaux comme n’étant pas suffisantes.

Au Canada, les compagnies aériennes se sont engagées à respecter les objectifs de l’AITA et de l’OACI, mais elles peinent encore à accepter des conditions écologiques plus draconiennes. Cela s’est notamment illustré par leur refus de demander le Crédit d’urgence pour les grands employeurs (CUGE) et ses contraintes environnementales. 

Note : Cet article s’inscrit dans une série de quatre articles sur la relance économique verte de l’aviation canadienne.

Voici les trois précédents articles :

Catégories : Environnement et vie animale, International, Politique, Société
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