Ce plan de plantation d'arbres devrait réduire les émissions de gaz à effet de serre canadiennes de 12 mégatonnes d’ici 2050. Il permettra également de créer jusqu’à 4300 emplois, selon le gouvernement canadien. (Photo : Paul Hartley / iStock)

Le Canada lance son plan visant à planter deux milliards d’arbres

Ça a pris plus d’un an pour la mettre en branle, mais la stratégie canadienne pour la plantation de deux milliards d’arbres sur 10 ans est enfin prête.

Pour ce faire, le ministre des Ressources naturelles du Canada, Seamus O’Regan, a annoncé un investissement de 3,16 milliards de dollars.

Selon le gouvernement, cet engagement permettra de lutter contre les changements climatiques en réduisant la pollution par le carbone. Il constitue également un élément clé des efforts déployés par le pays pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050, pouvait-on lire dans le communiqué.

Selon les estimations gouvernementales, ce plan de plantation d’arbres devrait réduire les émissions canadiennes de gaz à effet de serre de 12 mégatonnes d’ici 2050. Il permettra également de créer jusqu’à 4300 emplois.

 Les Canadiens souhaitent avoir un air plus pur, une eau plus propre et des emplois stables et de qualité alors que nous nous remettons de la pandémie. Planter deux milliards d’arbres constitue un élément important du plan de notre gouvernement pour y parvenir. Ces arbres absorberont la pollution, assainiront notre air et notre eau et aideront les collectivités à s’adapter aux répercussions des changements climatiques.Jonathan Wilkinson, ministre de l’Environnement et du Changement climatique

Comment la plantation d’arbres, peut-elle aider à lutter contre les changements climatiques?

Les experts s’entendent pour dire que les forêts représentent un moyen puissant pour lutter contre les changements climatiques. (Photo : Forêt du Parc national Banff en Alberta – iStock/ Pgiam)

L’économiste de l’environnement Dave Sawyer a dit que deux milliards, c’est un bon début lorsqu’il s’agit d’utiliser la nature pour aider le Canada à réduire ses émissions de gaz à effet de serre.

  • Les avantages écologiques et économiques connexes. Outre le carbone, la plantation et la protection de grandes étendues de forêts canadiennes génèrent des bénéfices écologiques, dont la protection des sols.
  • Le capital naturel du Canada recèle un important potentiel de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les 226 millions d’hectares de forêts aménagées du Canada séquestrent environ 25 mégatonnes de CO2e (Mt CO2e) par an. Le potentiel de puits de carbone supplémentaire pourrait atteindre un total de 1000 Mt CO2e d’ici 2050.
  • L’engagement de planter 2 milliards d’arbres semble être un bon début pour atteindre l’objectif de zéro GES d’ici 2050. Nous calculons que les réductions d’émissions en 2050 grâce au programme proposé représenteront 20 % du potentiel de réduction estimé des forêts canadiennes. Ces estimations sont quelque peu prudentes, car nous supposons qu’une grande partie du carbone séquestré, plus de 30 %, sera finalement libérée par des perturbations naturelles telles que les incendies et les parasites.
  • Le coût en carbone de la plantation de 2 milliards d’arbres semble être une bonne affaire. Pour déterminer le coût du carbone séquestré, nous supposons un taux de partage des coûts en plus des 2 milliards de dollars d’investissement fédéral de 50 %, ce qui donne un coût total du programme de 4 milliards de dollars pour planter 2 milliards d’arbres. Sur la base de cette hypothèse, nous estimons le coût moyen du carbone du programme proposé à environ 20 $ par tonne de CO2e (tCO2e) pendant la durée de vie des arbres.
  • L’engagement de planter des milliards et des milliards d’arbres semble réalisable. En tant que producteur de bois, il est juste de dire que le secteur forestier canadien connaît bien la science de la plantation d’arbres et de la gestion des forêts. Et avec un historique de projets conçus pour séquestrer le carbone afin de satisfaire aux exigences réglementaires comme en Colombie-Britannique, nous comprenons sans doute quelque chose à l’économie du carbone des arbres.

Un accroc 

Selon Greenpeace, il peut s’écouler des décennies, voire des siècles, avant qu’une forêt soit efficace dans le processus de stockage de carbone. (Photo : donald_gruener / iStock)

Il n’y a pas de doute. La forêt boréale canadienne peut contribuer à la lutte contre les changements climatiques.

Cependant, les forêts anciennes représentent une meilleure option dans la lutte contre les changements climatiques que les jeunes forêts, rappelle Greenpeace Canada.

Les écosystèmes forestiers anciens sont importants pour ce qui est du stockage et de l’absorption du carbone. Bien qu’on plante ces deux milliards d’arbres tout en continuant de reboiser après une coupe commerciale, il peut s’écouler des décennies, voire des siècles, avant que l’ancien niveau du stock de carbone ne soit rétabli par la repousse, surtout si les forêts anciennes sont coupées à blanc, affirme Greenpeace.

Selon l’organisme international, la modélisation de la gestion historique des forêts en Europe, notamment en Norvège, en Suède et en Finlande, montre que, dans l’ensemble, les forêts européennes ont libéré plus de carbone dans l’atmosphère qu’elles n’en ont absorbé au cours des 250 dernières années, en grande partie à cause de l’extraction du bois de la forêt.

Pourquoi ce plan a-t-il pris plus de temps que prévu à entrer en vigueur? 

(Photo : shakzu / iStock)

Le gouvernement du Canada explique ce retard par l’arrivée de la pandémie de COVID-19 qui aurait compliqué le lancement du programme de plantation d’arbres.

Planter un arbre peut paraître simple, mais pour le faire à grande échelle, de façon durable et inclusive, il faut une planification rigoureuse, dit le gouvernement.

Le processus de plantation d’arbres s’étend sur plusieurs années et commence par la commande de semences des espèces d’arbres désirées.

Par la suite, nous devons augmenter la capacité des pépinières, faire pousser des semis jusqu’à ce qu’ils soient assez grands pour être plantés dans le sol, repérer et préparer du terrain disponible en milieux urbains et ruraux pour en faciliter l’accès et en optimiser les conditions, et surveiller les semis plantés pour en assurer la santé et la survie.Communiqué officiel

Le plan du gouvernement permettra de mettre en terre les arbres à partir du printemps prochain dans des zones urbaines partout au pays.

Collaborer à la plantation de 2 milliards d’arbres

(Photo : iStock/sarayut)

Le gouvernement a indiqué avoir déjà commencé à établir des partenariats à long terme afin que le pays « dispose de l’infrastructure, en particulier des pépinières, pour mener à bien l’ensemble de son plan de plantation d’arbres ».

En effet, la réussite de ce projet dépend de partenariats avec des collectivités autochtones, des organisations et les nombreux intervenants de la chaîne d’approvisionnement, directe et indirecte, liée à la plantation d’arbres, comme les provinces et les territoires, le secteur privé, le milieu universitaire, des organismes non gouvernementaux, des urbanistes et des citoyens canadiens.

Planter un arbre ne semble peut-être pas si compliqué, mais en planter des milliards de manière durable et inclusive tout en favorisant la biodiversité est tout un défi. Il faut donc bien planifier pour planter le bon arbre au bon endroit.

RCI avec des informations du Gouvernement du Canada, Smart Prosperity Institute et Greenpeace Canada.


Catégories : Environnement et vie animale, Politique
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