Une carte d’un nouveau genre mettant en avant les zones naturelles à protéger a été dévoilée mardi afin d’aider le gouvernement canadien dans son objectif de protéger 30 % de ses terres d’ici 2030.
Jusqu’ici, reconnaître les habitats à conserver pour les futures générations restait un défi complexe.
Ces zones dépendent de données concernant à la fois la biodiversité, mais aussi une série d’avantages (l’eau douce, la régulation du climat, les loisirs) que les humains tirent de la nature.
Malgré que le Canada soit le deuxième plus grand pays au monde par sa superficie, moins de 1 % des terres canadiennes (0,6 % de la superficie totale, soit environ 56 000 km2) répondent à cette définition.
L’étude publiée dans Environmental Research Letters suggère également que certaines des zones les plus cruciales où les gens bénéficient de ces avantages clés de la nature « ne se trouvent pas dans les zones actuellement protégées et peuvent être menacées par l’extraction actuelle ou future des ressources naturelles ».
« Cette recherche est particulièrement pertinente, car elle devrait aider tous les niveaux de gouvernement à concevoir des plans de conservation qui garantissent la prospérité de l’homme et de la nature », ajoute Elena Bennett, de la Bieler School of the Environment de l’Université McGill et co-autrice de l’étude.
L’étude a été mené par une équipe composée de chercheurs issus de diverses institutions telles que les universités de Colombie-Britannique, McGill et Carleton et du Yellowstone to Yukon Conservation Initiative (Y2Y).
Identifier les habitats canadiens à protéger
Dans leur étude, les chercheurs ont mis au point une carte des divers habitats naturels à protéger dans les territoires et provinces canadiennes.
Ces zones répondent à un ou plusieurs besoins de l’homme :
- Fournir de l’eau douce pour l’irrigation, la consommation ou l’hydroélectricité par exemple ;
- Aider à réguler le climat comme dans le cas des forêts et des zones humides qui agissent comme des puits de carbone ;
- Proposer des activités de loisirs en pleine nature.
On retrouve certains de ces habitats dans les forêts de Colombie-Britannique et les basses terres de la baie d’Hudson pour le carbone de surface et souterrain par exemple.
Le centre nord du Québec, les montagnes de l’est de la Colombie-Britannique, les pentes orientales des Rocheuses en Alberta et la rive nord du lac Supérieur sont des zones comportant également de grandes réserves d’eau douce.
Enfin, les montagnes Rocheuses, l’est de l’Ontario et le sud du Québec constituent de véritables zones de loisir naturelles.
« Le Canada est aux prises avec la question de savoir où et comment protéger la nature », écrit dans un communiqué le Dr Aerin Jacob, co-auteur et membre du Yellowstone to Yukon Conservation Initiative.
Il prend notamment l’exemple de la pertinence de cette carte dans l’ouest de l’Alberta.
Prendre en compte tous les aspects
Les auteurs de l’étude ont tenu à considérer tous les aspects de ces zones afin d’aiguiller au mieux les gouvernements concernés.
Les méthodes de cartographie incluaient ainsi la capacité de la nature à fournir ces bénéfices mais aussi l’accès et la demande humaine pour ceux-ci.
« La plupart des recherches qui étudient les avantages que les gens tirent de la nature n’évaluent que les cas où la nature a le potentiel de fournir ces avantages », indique le Dr Matthew Mitchell, auteur principal de l’étude. « Par exemple, là où la pluie tombe. »
Il ajoute ainsi que sa carte consiste « à modéliser et à cartographier l’accès et la demande des êtres humains » ce qui a permis à son équipe de « déterminer où les gens tirent réellement ces avantages de la nature ».
Le Dr Mitchell prend ainsi l’exemple d’endroits clés produisant de l’eau que les gens utilisent pour la consommation, l’agriculture ou l’hydroélectricité.
« Les gouvernements doivent être conscients de ces deux choses afin de prendre des mesures pour protéger le bien-être de l’humanité. Des recherches comme celle-ci peuvent aider la société à le faire », conclut-il.
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