Greenpeace et la Fondation Coule pas chez nous ont émis des réserves sur les possibilités de financement d’un projet d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) en Nouvelle-Écosse.
Il s’agit d’un projet du promoteur Pieridae Energy. Selon les deux organisations, cette entité souhaiterait bénéficier d’un appui fédéral à hauteur de 925 M$ pour la concrétisation.
Il s’agit d’un projet de terminal à Goldboro, en Nouvelle-Écosse, qui sera alimenté par pipeline gazier dans l’axe Montréal-Portland.
Les contestataires mentionnent que le contexte est peu favorable, en raison des enjeux environnementaux et de la question de l’acceptabilité sociale. On sait qu’au Québec, la mobilisation contre le projet GNL Saguenay prend de plus en plus de l’ampleur.
Dans les provinces de l’Ouest canadien, les gouvernements misent sur les ressources naturelles pour redynamiser l’économie. Celle-ci est durement impactée par la pandémie de COVID-19.
L’extraction, l’acheminement et la commercialisation de ces ressources sur de nouveaux marchés permettraient la réalisation de cet objectif.
Mais, les gouvernements doivent composer avec les organisations de défense de l’environnement. Celles-ci exigent que les projets à forte concentration de gaz à effet de serre soient abandonnés dans le but de sauver la planète.
C’est pourquoi Greenpeace et la Fondation ne Coule pas chez nous exigent du fédéral qu’il n’accorde pas de financements au projet de GNL de Pieridae.

Le méthane représente le sixième des émissions totales de GES du Canada. Crédit : Istock
Allemagne/ Canada : un partenariat nuisible pour l’environnement ?
Cette demande de financement est contestée à un moment où le Canada et l’Allemagne sont engagés dans la négociation d’un partenariat commercial sur le plan énergétique.
Grâce à ce partenariat, le Canada pourra approvisionner l’Allemagne en gaz naturel liquéfié (hydrogène vert, bleu, gris et méthane fossile).
Les ONG dénoncent l’entente de principe qui serait intervenue la semaine dernière entre les deux pays. Citant Reuters, elles mettent en exergue quelques grandes lignes de cette entente de principe, dans le but de remettre en cause un projet dommageable pour l’environnement.
« Le Canada et l’Allemagne ont déclaré que la liquéfaction du gaz canadien, en vue de son exportation sous forme de GNL pour une regazéification en Allemagne, pourrait également faire partie de la coopération. Le gaz servirait alors de technologie de transition vers l’hydrogène, ou le projet de terminal GNL de Goldboro sur la côte est du Canada pourrait entrer en jeu ». (Reuters)
Soutenant que « l’exportation du méthane fossile est incompatible avec l’atténuation de la catastrophe climatique planétaire », les organisations dénoncent également les tractations en cours depuis 2020 entre Pieridae et l’administration fédérale en vue de la matérialisation de son projet.
« On prétend souvent que ce méthane pourrait servir de combustible de transition, mais même le président de Pieridae dit ouvertement que l’exportation de son GNL en Allemagne ne servirait en aucun cas à remplacer du charbon. Il servirait plutôt à remplacer des approvisionnements existants de méthane fossile. Ces derniers moins nocifs pour le climat, puisque n’ayant pas subi une très énergivore liquéfaction », affirme Pascal Bergeron, porte-parole d’Environnement vert plus, président du CA de la Fondation Coule pas chez nous.
Les deux organisations disent attendre du gouvernement qu’il se tourne résolument vers des « solutions de relance plus justes et vertes», conformément aux différents accords internationaux auxquels le Canada adhère.
Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace Canada, estime qu’accorder des financements pour le projet Goldboro “aggraverait la crise climatique et serait une véritable trahison de l’Accord de Paris”.
» […]Le gouvernement devrait plutôt créer des emplois verts et aider les travailleurs et les communautés à faire la transition des énergies renouvelables », a-t-il suggéré.
Le gouvernement du Canada a mis en place plusieurs mesures pour assurer une exploitation des ressources naturelles qui concilie les aspects économiques et les enjeux environnementaux.
Le Canada a adopté, en 2018, une règlementation pour l’atteinte de l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de moitié d’ici 2025, par rapport au niveau de 2012.
La mise en œuvre complète de cette règlementation ne devrait être effective qu’en 2023. Entre temps, les critiques ne cessent de fuser. Certaines, exprimées dans un rapport de l’Institut Pembina et de l’organisation environnementale Défense, publié dans le journal La Presse, font état d’une réduction de GES de seulement 29 % d’ici 2025 au pays.
Ottawa dispose aussi, depuis 2016, d’un cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques.
En 2020, ce plan renforcé, Environnement sain et économie saine, vise le dépassement des objectifs de réduction des gaz à effet de serre de l’Accord de Paris en 2030.
Bien plus, une Loi sur la carboneutralité a été déposée au parlement à la fin de l’année dernière. Le gouvernement viserait ainsi la carboneutralité du pays à l’horizon 2050.
Avec des informations de Campagne Climat-Énergie Greenpeace Canada, quelques données du gouvernement du Canada et de La Presse.
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