Alec Castonguay en entrevue avec le journaliste de Radio Canada International Samir Bendjafer - 24.03.2021 - Photo : RCI

Alec Castonguay en entrevue avec le journaliste de Radio Canada International Samir Bendjafer - 24.03.2021 - Photo : RCI

Le jour où le système canadien de détection des pandémies a raté la COVID-19

Le Canada a été pendant de longues années le pays qui alertait en premier la planète des risques de pandémies à travers son Réseau mondial de renseignement sur la santé publique (RMRSP).

Mais le 30 décembre 2019, la première alerte mondiale sur la COVID-19 est donnée par ProMed (Program for Monitoring Emerging Diseases), un site internet américain « sans but lucratif » géré par la Société internationale des maladies infectieuses, rapporte le journaliste Alec Castonguay dans un livre intitulé Le printemps le plus long publié au début du mois de mars aux éditions Québec-Amérique.

(Écouter l’entrevue – Audio)

En entrevue avec Radio Canada International, le chef du bureau politique au magazine l’Actualité explique que « 85 pays de la planète se fient au réseau canadien d’alerte précoce pour savoir s’il y a une épidémie qui va se déclencher quelque part. L’Organisation mondiale de la santé a déterminé que 20% des alertes dans le monde chaque année venaient du Canada. Le Canada était capable de dire voici (par exemple) en Ouganda, voici en Chine ou voici ailleurs ce qui pourrait devenir une pandémie parce qu’on a détecté des signaux alarmants de maladies infectieuses. »

(L’entrevue – Vidéo)

Ce réseau formé d’une douzaine de spécialistes canadiens a été créé à la fin des années 1990. Son siège est situé dans l’immeuble de l’Agence de la santé publique du Canada à Ottawa.

Il a connu ses heures de gloire à partir de 2005 après la crise du SRAS qui a frappé Toronto en 2003.

« Ce réseau, ajoute Alec Castonguay, ne fonctionnait plus à l’automne 2019, tout juste avant la pandémie, parce qu’il y avait des tiraillements internes et parce qu’on avait fait des choix politiques pendant les dernières années qui avaient atrophié le système. Il est devenu moins efficace et moins performant. Il avait même arrêté d’émettre des alertes internationales au moment où la Chine commençait à avoir son épidémie la fin du mois de décembre 2019. »

Le même constat a été fait par un comité du ministère de la Santé du Canada qui vient de publier un rapport préliminaire sur le fonctionnement du réseau au début de la pandémie.

Selon le comité, le nombre d’alertes émises par le réseau n’a pas été constant les dernières années. « Il y en a eu 887 en 2009, à cause de la pandémie de H1N1. »

En 2013, ce nombre était de près de 200 alertes à cause de l’éclosion du virus H7N9 qui cause la grippe aviaire. Pour les autres années, le réseau a émis entre 21 et 90 alertes.

Pour l’année 2019, il n’y a eu qu’une seule alerte en mai. En 2020, deux alertes ont été envoyées.

Les États-Unis n’ont pas fait mieux

Alec Castonguay affirme que le fait que l’ex-président américain Donald Trump était à la Maison-Blanche au début de la pandémie a eu beaucoup de conséquences pour le Canada et le reste de la planète et pour son propre réseau de surveillance des pandémies.

« Donald Trump a atrophié son propre réseau de surveillance américain : les centres pour le contrôle des maladies infectieuses, les fameux CDC. Ils ont en poste des employés en Chine, car on sait qu’il y a beaucoup de maladies qui viennent de Chine. Mais, par exemple, le poste d’observateur à Wuhan [d’où est partie la pandémie, NDLR] n’a pas été remplacé depuis l’arrivée de Donald Trump qui était en guerre économique contre la Chine. L’administration Trump avait coupé la moitié de l’équipe en poste à Pékin et à Shanghai. Il y avait, donc, beaucoup moins de spécialistes pour analyser l’information. », explique le journaliste.

Ainsi, les Américains n’ont pas pu tirer la sonnette d’alarme mondialement, comme le Canada n’a pas pu le faire.

Avec les informations de La Presse Canadienne

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Cliquez sur l’image pour accéder aux bonnes feuilles du livre d’Alex Castonguay.

Catégories : Politique, Santé
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