La multiplication des cas de COVID-19 dans quatre provinces canadiennes et l’impact des variants suscitent quelques préoccupations. La stratégie vaccinale est remise en question dans certains cas.
Lors du point de presse des responsables fédéraux, mardi, une bonne partie des interventions a porté sur le variant brésilien P1. La Dre Theresa Tam, médecin hygiéniste en chef du Canada, et ses collègues croient que ce variant risque de poser un véritable défi.
« Ce variant sera peut-être plus coriace avec la vaccination », a-t-elle affirmé.
Faut-il entendre par là que le P1 résisterait aux différents vaccins? Rien n’est moins sûr. Les experts soutiennent qu’il est important de continuer à observer les effets des vaccins.
Ceux-ci ont démontré jusqu’à présent une certaine efficacité sur les autres variants, mais l’expérience sud-africaine semble prouver que, dans certains cas, il peut y avoir des résistances.
« Le vaccin n’est pas une solution miracle », a déclaré l’un des médecins présents au point de presse de mardi.
Il a souligné l’importance de continuer à observer les mesures de santé publique, car malgré la vaccination, le variant brésilien pourrait réserver des surprises.
Selon les données de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), quatre variants du SRAS-CoV-2 (lignées B.1.1.7, B.1.351, P1, B.1.525) font actuellement l’objet d’une surveillance accrue en raison de leur impact qui pourrait être important sur l’évolution de la pandémie. Ils seraient plus transmissibles et plus virulents que les autres variants de la COVID-19.
Le variant P1 serait de 80 à 150 fois plus transmissible et de 10 à 80 % plus virulent (risque de décès) que les variants courants. Il serait actif dans les affections à haute charge virale. Il pourrait même réinfecter des personnes ayant déjà été infectées. Mais des études approfondies devraient encore être menées.
Ottawa approvisionne, les provinces inoculent
En général, le vaccin est considéré comme un moyen sûr et efficace pour se protéger contre la COVID-19. En plus de renforcer le système immunitaire, il permet de réduire le risque de contracter le virus. C’est du moins ce qui découle des plans mis en place dans les provinces et territoires pour mener à bien la campagne de vaccination.
Ces plans sont soutenus par le gouvernement fédéral qui s’assure de l’approvisionnement et de l’acheminement des vaccins approuvés dans l’ensemble du pays.
Cet acheminement se fait sur une base hebdomadaire. Au 5 avril, Ottawa a confirmé la distribution de 10 059 960 doses de vaccin.
Les provinces les plus durement touchées par les variants, soit l’Ontario (4 022 875 doses), le Québec (2 320 707 doses), la Colombie-Britannique (1 289 060 doses) et l’Alberta (1 078 215 doses) ont reçu les quantités les plus importantes. Mais, la vaccination piétine. Les populations montrent peu d’engouement à se faire vacciner.
Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a fait part de sa détermination d’assurer une campagne réussie dans l’ensemble du pays, en fournissant les quantités de vaccins nécessaires pour la réalisation des objectifs. Le but pour le Canada est, qu’au 1er juillet, chaque adulte au pays ait reçu au moins une dose de vaccin. Ce sont 44 millions de doses qui seront livrées d’ici la fin du mois de juin.
Il s’agit des vaccins qui ont été approuvés par Santé Canada, notamment Pfizer-BioNTech, Moderna, COVISHIELD Verity/SII, AstraZeneca et Johnson & Johnson.
En ce qui concerne AstraZeneca, les dernières nouvelles en provenance de l’Agence européenne du médicament confirment, en fin de compte, qu’il y a des liens possibles entre ce vaccin et de rares cas de caillots sanguins chez certains patients inoculés. Mais l’Agence continue d’affirmer que les bénéfices l’emportent sur les risques.
Il faut noter que ce vaccin a récemment changé de dénomination, à la suite de la polémique concernant les effets secondaires. Il est désormais connu sous le nom VAxzevria.

Casse-tête avec les différents variants du coronavirus. Le variant P1 a été détecté pour la première fois en janvier 2021 au Brésil. Photo : iStock
Plans de vaccination centrés sur une approche graduelle
Les plans de vaccination des provinces sont semblables, en raison de l’approche graduelle par âge (des plus âgés aux plus jeunes). Selon qu’on est travailleur essentiel, personne résidant dans un centre de soins de longue durée, patient souffrant d’une maladie chronique ou personne vivant dans une communauté autochtone, on peut faire partie des premières phases.
De façon générale, la dernière phase des plans ouvre la vaccination à l’ensemble de la population.
Les provinces les plus touchées comptent accélérer la cadence.
Au Québec, les autorités annoncent 72 022 rendez-vous dès mercredi, sur l’ensemble de son territoire. Montréal est en position de tête avec près de la moitié des rendez-vous qui sont pris, cela 24 heures après les critiques qui ont fusé concernant le faible taux de participation de la population à la campagne durant la fin de semaine pascale.
Les personnes de 60 ans et plus doivent encore rattraper leur retard. Elles sont invitées à prendre rendez-vous dès maintenant.
Québec veut maximiser l’utilisation des doses disponibles. C’est ainsi que 2000 doses supplémentaires initialement dédiées à la vaccination à Montréal vont être redistribuées dans les autres régions.
Au moins 18,8 % de la population au Québec a été vaccinée et 1 592 197 doses ont été administrées, avec en moyenne 40 658 personnes vaccinées chaque jour.
En Ontario, la stratégie vise les 50 ans et plus à certains endroits, mais les enseignants estiment qu’ils doivent être vaccinés en priorité, en raison de leur exposition reliée à leur travail.
Les variants atteignent de plus en plus de jeunes patients. Au Québec, on a rapporté qu’un jeune de 16 ans a perdu la vie à cause de la COVID-19. En Ontario, 510 personnes sont aux soins intensifs, dont 310 sous respirateur artificiel.
En raison de la gravité de la situation, CBC a rapporté que les autorités ontariennes envisagent de demander aux personnes de demeurer chez elles. Elles n’auraient d’autres choix que de procéder à une fermeture totale des écoles, où la propagation des variants est de plus en plus marquée. Si elles étaient confirmées, ces mesures viendraient renforcer la mise sur pause des secteurs non essentiels annoncée ces derniers jours.
L’Ontario administre 76 199 doses par jour. Le total des doses est de 2 621 839. De plus, 323 148 personnes ont été entièrement vaccinées.
La Colombie-Britannique met l’accent, en ce mois d’avril, sur les travailleurs de première ligne : policiers, travailleurs de la santé, éducateurs de la maternelle à la 12e année, garderies et épiceries.
Le fait que chaque province dispose de son plan de vaccination n’exclut pas la collaboration avec le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI).
Ce comité fédéral joue un rôle de premier plan en vue d’un déroulement harmonieux et efficace de la vaccination à l’échelle du pays. Il s’agit avant tout de préserver la santé et la sécurité des Canadiens.
Tout se fait suivant une approche globale pancanadienne axée sur une étroite collaboration entre les différents paliers, comme l’a souligné le premier ministre du Canada lors d’un entretien avec le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, au sujet de la campagne dans cette province.
Selon des informations des gouvernements du Canada, de l’Ontario, du Québec, de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, de l'INSPQ, de CBC et de l’Agence européenne du médicament.
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