Le Québec a enregistré près de 1000 cas de COVID-19 jeudi. La forte hausse des variants sous surveillance inquiète les chercheurs de l’Institut national de santé publique. Ils ont lancé un appel à la prudence, alors que le retour en classe en présentiel au secondaire est imminent. Crédit : Istock

COVID – 19 / Québec : menace d’une 3e vague avec la prolifération des variants?

Des données de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) sonnent l’alarme sur les dangers que représentent les variants.

Jusqu’à 4682 cas cumulatifs ont été répertoriés dans la province. Les variants ont une propension à se propager rapidement, parce qu’ils ont le pouvoir de se transmettre plus vite d’une personne à une autre.

C’est ce qui découle des projections modélisées par une équipe de chercheurs pluridisciplinaires qui se sont penchés sur la question.

Ceux-ci soutiennent que la situation est suffisamment préoccupante pour inciter à une prise de conscience collective, afin d’éviter d’avoir à gérer une situation difficile, en cas de survenue d’une troisième vague.

Ce signal rouge s’inscrirait-il en contradiction avec la décision des autorités provinciales de permettre, par exemple, un retour en présentiel en classe, et ce dès lundi prochain, pour les élèves de 3e, 4e et 5e secondaire en zone rouge, un rassemblement de plus de 200 personnes dans les lieux de culte, ou la reprise des activités sportives dans des locaux publics?

Un responsable du CSSS du Bas-Saint-Laurent a confié, il y a quelques jours, à Radio-Canada, que le nombre de nouveaux cas liés aux variants était en hausse dans cette région. Parmi les patients hospitalisés, il y avait une fillette de 2 ans, ainsi que deux jeunes d’une trentaine d’années. Partout ailleurs, il est démontré que les jeunes sont de plus en plus touchés par les variants contrairement à la souche initiale qui ciblait davantage les personnes plus âgées.

La modélisation de l’INSPQ indique qu’un de ces variants, à savoir le B.1.1.7, se démarque comme le plus présent et le plus susceptible de se propager au Québec. Il pourra représenter jusqu’à 50 % des futurs cas.

Ce variant fait partie d’un groupe de variants du SRAS-CoV-2 qui font l’objet d’une surveillance rehaussée dans le monde. Ils sont particulièrement présents en Afrique du Sud, au Royaume-Uni et au Brésil.

Les experts soutiennent que le mois d’avril s’annonce « crucial » parce que ces variants pourraient devenir dominants au Québec.

Quels impacts sur la population et le système de santé?

Dans le cadre de leur modélisation afin d’évaluer les impacts des variants sur la transmission, les chercheurs de l’INSPQ ont une méthodologie qui fait appel au Rt.

Détails méthodologiques

Cette notion de Rt renvoie « au nombre moyen d’individus infectés par une personne avec SRAS-CoV-2 dans une population où certains individus sont immunisés ».

Ce Rt a été calculé spécifiquement pour les variants à surveillance rehaussée. Les chercheurs ont utilisé la proportion de tests avec un criblage positif.

Selon le calcul, le Rt des variants sous surveillance rehaussée est de 1,31. Celui des autres souches est de 0,92. Une personne infectée par un variant sous surveillance rehaussée peut infecter 1,31 personne. Pour ce qui est des autres formes du virus, une personne en infecte une seule. (Source : communiqué)

Les chercheurs ont mentionné que l’épidémie n’est déclarée en hausse que lorsque le Rt est supérieur à 1. Au Québec, il a été démontré que les variants sous surveillance accrue se transmettent environ 40 % plus efficacement que les autres.

« Les estimations actuelles montrent que les variants sous surveillance accrue connaissent une croissance rapide par rapport aux autres souches du virus, alors que les souches historiques sont contrôlées par les mesures actuelles. Les variants poursuivent leur croissance dans le reste du Québec ». – Mathieu-Maheu-Giroux, épidémiologiste de l’université McGill.

M. Maheu-Giroux a travaillé en équipe avec Marc Brisson, professeur titulaire à l’Université Laval, et en collaboration avec l’INSPQ.

Leurs travaux démontrent que la situation des variants au Québec n’est que le reflet de ce qui est actuellement perceptible à l’échelle mondiale.

Si on prend les cas de la France, de l’Italie ou de l’Allemagne, où ces variants créent une pression importante sur le réseau de la santé, forçant même un reconfinement dans certains cas, il y aurait de réels motifs de croire que les prochaines semaines risquent d’être difficiles au Québec.

C’est du moins ce que laisse présager l’observation suivante de Dr Gaston De Serre, épidémiologiste de l’INSPQ.

« L’augmentation des cas de variants sous surveillance accrue que l’on constate signifie que le niveau actuel d’application des mesures de prévention est insuffisant pour contenir leur propagation et maitriser l’épidémie, du moins jusqu’à ce qu’une très grande proportion de la population québécoise ait été vaccinée. »

Les chercheurs appellent à une action immédiate pour « limiter les impacts sur les hospitalisations et les décès ».

Il faut donc que toute la population adhère aux mesures sanitaires et que le dépistage et le traçage s’intensifient. C’est de cette façon qu’on peut ralentir la transmission et éviter d’avoir à faire face aux effets délétères d’une troisième vague.

Au Canada de façon générale, la hausse des variants est visible dans plusieurs provinces, notamment en Ontario, au Nouveau-Brunswick et en Colombie-Britannique.

L’Ontario s’est déclarée d’ores et déjà dans une troisième vague, alors qu’au Nouveau-Brunswick, certaines zones jusque-là oranges ont basculé jeudi dans le rouge.

Selon un communiqué de l'INSPQ

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Catégories : Société
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