Le Canada a pris part jeudi à un sommet virtuel sur l’environnement, à l’occasion du Jour de la Terre. Lors de ce sommet convoqué par les États-Unis, plusieurs dirigeants de grands pays, à l’instar du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de la France ont annoncé de nouvelles cibles de réduction des gaz à effet de serre. Leurs annonces ont laissé sceptiques plusieurs organisations de défense de l’environnement qui considèrent qu’il s’agit de simples déclarations de bonnes intentions, alors que l’urgence climatique est plus qu’une réalité. Crédit : Istock

Réduction de 40 à 45 % des GES au Canada en 2030 : « peu ambitieuse », selon Greenpeace

Aujourd’hui est Jour de la Terre. Les États-Unis profitent de l’occasion pour mobiliser les autres pays autour des enjeux climatiques. La nouvelle administration de Joe Biden entend ainsi marquer le retour des Américains après un quasi-boycottage de l’administration Trump.

Selon Justin Trudeau, le monde fait face à une menace

Pour M. Biden et son équipe, il ne suffit pas de participer, il faut marquer une réelle démarcation avec les pratiques obsolètes qui détruisent l’environnement.

Cela signifie pour les pays d’opter pour des cibles de réduction des gaz à effets de serre (GES) plus contraignantes pour répondre aux accords internationaux.

D’ailleurs, le Canada a revu ses cibles pour 2030. Ainsi, Ottawa annonce la réduction de 40 à 45 % des GES au pays d’ici 2030 par rapport à 2015. C’est de 10 à 15 % de plus par rapport aux cibles précédentes.

Le premier ministre Justin Trudeau entend de ce fait renforcer la contribution du Canada à l’effort mondial de lutte contre les changements climatiques.

C’est avec enthousiasme qu’il marque sa participation au sommet qui regroupe une quarantaine de pays.

« Je suis encouragé de voir un si grand nombre de pays réunis pour combattre les changements climatiques. C’est la seule manière de relever les défis auxquels les peuples sont confrontés dans tous les coins de notre planète », a-t-il dit.

L’enjeu climatique en englobe bien d’autres tout aussi significatifs, notamment les droits de la personne.

M. Trudeau mentionne à ce sujet que les dirigeants doivent travailler ensemble au respect des exigences environnementales et affirmer leur engagement pour le respect des droits de la personne.

Ils ne doivent pas oublier d’apporter leur soutien aux personnes qui sont victimes de persécutions dans le monde.

« Pendant qu’on se fie à la science pour sauver des vies et développer des vaccins, on doit aussi écouter la science climatique qui nous dit qu’on est face à une menace existentielle », a-t-il ajouté.

Un prix du carbone à 170 $ la tonne en 2030 au Canada

Ayant résumé les efforts de son administration pour lutter contre les changements climatiques au cours de ses cinq années au pouvoir, il mentionne la taxe carbone. Il relève que « la pollution n’est plus gratuite au Canada ».

Justin Trudeau évoque les investissements dans les énergies renouvelables, la décarbonation de l’industrie, la protection des océans et la fin du plastique à usage unique, entre autres.

Il s’agit d’un ensemble d’éléments qui s’inscrivent dans le plan climatique fédéral. Il vise à plus long terme la carboneutralité du Canada en 2050.

Le Canada compte ainsi « s’inscrire dans l’histoire globale positive », avec ses actions pour inverser la donne dans la lutte contre les changements climatiques.

Le premier ministre fait part de la volonté de son administration de bonifier son plan climatique au fil des ans. Cela exige de demeurer actif contre une menace qui ira en s’accentuant, si rien n’est fait pour la contrer.

« Nous devons agir maintenant parce qu’il n’y a aucun vaccin contre une planète polluée », a affirmé M. Trudeau.

Fidèle à sa tradition, il mentionne qu’il s’agit de mener de pair « ambition climatique et économique ».

Dans le contexte du Canada qui compte en grande partie sur ses vastes ressources naturelles et son sous-sol pour maintenir et renforcer sa croissance économique, ce double objectif vaut souvent à l’administration Trudeau une critique acerbe de la part d’organisations écologistes, de la société civile et d’autres groupes de défense de l’environnement.

Ceux-ci n’y voient qu’un subterfuge pour engraisser les compagnies pétrolières.

Un oiseau mort sur la côte canadienne du Pacifique plein de plastique (Chris Jordan)

Greenpeace en première ligne de la critique

L’organisation n’a eu que des remarques négatives à l’annonce des nouvelles cibles du gouvernement libéral pour la réduction des GES.

À 40 ou 45 %, Patrick Bonin, responsable de la campagne climatique de cette organisation, a confié que le Canada est loin d’une cible qui doit « refléter sa juste part » de l’effort mondial dans la lutte aux changements climatiques.

« La cible proposée par Trudeau est moins ambitieuse que ce qu’exige la science du climat », a-t-il observé.

Il n’y a aucun engagement à éliminer les combustibles fossiles au pays et à l’étranger, selon Patrick Bonin. Il considère que comme pays riche, le Canada devrait donner l’exemple.

« Il devrait adopter une cible de réduction des GES d’au moins 60 % d’ici 2030 par rapport à 2005 en plus de planifier une sortie des combustibles fossiles et cesser immédiatement de les subventionner », a ajouté M. Bonin.

Il a dénoncé la trop « grande influence » des industries pétrolières et gazières au pays. Elles sont plus animées par l’ambition de réaliser des gains que par une volonté réelle de préserver la santé et la sécurité des communautés.

La cible de réduction des GES de 60 % suggérée par ce représentant de Greenpeace se rapproche de celle qui a été proposée par le gouvernement britannique de Boris Johnson.

En prélude à la conférence du 22 avril, il a annoncé une réduction des GES de l’ordre de 78 % d’ici 2035.

Du côté de l’Union européenne (UE), on parle d’une réduction de 55 % en 2030, tandis que le Japon situe sa cible autour de 50 %.

Des pays comme la Russie, la Chine l’Allemagne, la France et l’Inde prennent part à ce sommet. L’ensemble des grands pays participants représenterait jusqu’à 80 % des émissions mondiales de GES.

Leurs nouvelles cibles traduisent une volonté de faire mieux pour sauver la planète. Mais, de l’avis des experts, celles-ci ne devraient pas qu’être de belles paroles. Il faut des actions concrètes afin que les effets soient plus perceptibles.

La planète est en situation d’urgence, en raison de la menace d’un réchauffement supplémentaire de 1,6 degré Celsius au cours des six prochaines années, a mis en garde l’ONU, à la veille du sommet.

Selon des informations du gouvernement du Canada et un communiqué de presse de Greenpeace.

En complément :

ONU : la menace climatique s’intensifie et il faut des actions plus concrètes

Changements climatiques : nous sommes au bord de l’abime, selon le chef de l’ONU

Catégories : Environnement et vie animale
Mots-clés : , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.