Le président français Emmanuel Macron, à gauche, au premier rang, à côté du fils du défunt président tchadien Idriss Deby, Mahamat Idriss Deby, à droite, lors des funérailles nationales à N'Djaména, au Tchad, Vendredi 23 avril 2021. Deby était au pouvoir depuis 1990 et a été réélu pour un sixième mandat le 11 avril 2021. (Christophe Petit Tesson / Photo piscine via AP)

Le Tchad ne se laissera pas déstabiliser par la rébellion, affirme le CMT

Une semaine après le décès de l’ex-président tchadien Idriss Déby Itno, le Conseil militaire de transition (CMT), avec à sa tête Mahamat Idriss Déby Itno, le fils du disparu, est aux commandes du pays pour 19 mois.

Lundi, le CMT a fait part de sa détermination à arrêter la progression des forces rebelles. Celles-ci avaient été annoncées aux portes de la capitale, à la veille des combats qui se sont soldés par la mort d’Idriss Déby Itno.

Il s’agit ainsi de s’assurer que l’ordre et la sécurité règnent dans ce pays considéré comme un allié fidèle de la France dans la lutte contre le terrorisme dans cette région sahélienne d’Afrique.

Le président français, Emmanuel Marcon, a réitéré ce même message de fermeté face à toute tentative de déstabilisation du Tchad lorsqu’il prenait part, aux côtés de plusieurs chefs d’État de la sous-région, aux obsèques le 23 avril.

Depuis, on a entendu les différents leaders d’opinion et chefs de mouvements politiques tchadiens prendre la parole pour s’exprimer sur la gestion des affaires dans le pays.

Il en ressort que les partis de l’opposition s’offusquent du fait que la constitution tchadienne n’ait pas prévalu dans le choix du dirigeant intérimaire, en attendant la tenue d’élections libres et démocratiques.

Une femme tchadienne tient une pancarte indiquant « non à la monarchisation du Tchad » lors d’une manifestation, à Paris, le dimanche 25 avril 2021. Des militants et partisans tchadiens du « Front pour le changement et la concorde » au Tchad ont organisé cette manifestation, à la suite du décès du président Idriss Déby Itno. Ils dénoncent la nomination de son fils à la tête du CMT. (Photo AP/Lewis Joly)

Mort au front par amour pour son pays?

En principe, selon la loi constitutionnelle, cette responsabilité incombe au président de l’Assemblée nationale. Aux dernières nouvelles, ce dernier aurait invoqué des raisons de santé et familiales qui n’étaient pas de nature à lui faciliter la tâche.

C’est ainsi que le choix a été porté sur Mahamat Idriss Déby Itno. L’homme de 37 ans est présenté comme un haut gradé de l’armée.

Ce général quatre étoiles a une certaine expérience du combat, en raison de sa participation aux différentes offensives tchadiennes contre les rebelles de la sous-région.

Malgré son jeune âge, il était le commandant de la garde républicaine. En tant que tel, il pesait d’un poids lourd dans le dispositif mis en place par son père.

Pour plusieurs, il n’était pas attendu à une si haute fonction à cet âge. Dans la perspective de la dernière élection présidentielle, le président Déby Itno avait lui-même rehaussé l’âge d’accession à la magistrature suprême dans ce pays à plus de 40 ans.

Sur les épaules de ce jeune soldat repose désormais la responsabilité de réconcilier les différentes tendances politiques de son pays, en plus de continuer à contribuer à l’effort de lutte contre l’islamisme radical et le terrorisme.

C’est sa bravoure dans cette lutte qui avait valu à son père d’être élevé au rang de maréchal. Les témoignages de ses pairs de plusieurs pays africains laissent percevoir un respect et une haute estime pour le défunt, en raison du « sens du devoir et de l’État » qu’il aurait su incarner.

D’aucuns affirment même que M. Déby Itno est désormais considéré comme une des figures marquantes du panafricanisme. Il a dénoncé la déstabilisation de la Libye. Celle-ci aurait une part de responsabilité dans le chaos qui règne dans cette sous-région.

Il avait dit vouloir mourir au front, non par courage, mais par amour pour son pays. Il n’aurait pas voulu assister au désordre qui plane.

Selon le Conseil militaire de transition qui a annoncé sa disparition, il aurait succombé aux blessures graves reçues au front nord du Tchad, à Kanem, alors qu’il tentait de repousser une tentative des rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) d’envahir la capitale.

Cette thèse est loin de faire l’unanimité. Des arguments contraires de sources divergentes font état d’un coup d’État militaire savamment muri.

Les Tchadiens lors d’une manifestation avec leur drapeau national à Paris, le dimanche 25 avril 2021. (AP Photo/Lewis Joly)

Le FACT ne s’avoue pas vaincu

La diaspora tchadienne au Canada et ailleurs, en Europe notamment, avait maintes fois exprimé son désaccord avec le pouvoir de N’Djamena sous Idriss Déby Itno.

Elle s’inscrivait ainsi contre sa longévité au pouvoir, ses élans dictatoriaux et ses multiples incursions dans la Loi constitutionnelle pour la modifier à son goût, selon ses aspirations à conserver la fonction présidentielle en vue de maintenir le contrôle sur le Tchad.

Aujourd’hui, cette diaspora dénonce une volonté affichée d’instituer une dynastie dans un pays démocratique. Elle appelle au retour à l’ordre constitutionnel, pour une meilleure préparation de la transition vers des élections transparentes.

Mahamat Idriss Déby Itno a fait part de sa volonté de ne pas confisquer le pouvoir, en œuvrant notamment à la tenue des élections après l’échéance de 18 mois.

Il faut observer que le Parlement a été dissous, tout comme le gouvernement qui a été remplacé par le CMT. L’idée de réunir toutes les forces vives du Tchad, sans distinction d’obédience politique, dans le but de préparer les futures élections, a fait surface, mais elle est loin de susciter l’adhésion de tous.

Les rebelles du FACT, qui avaient été annoncés vaincus, le 20 avril, semblent toujours bien actifs dans le nord du pays.

Après l’intervention de l’armée tchadienne, on avait signalé que plus de 300 d’entre eux avaient été neutralisés, 150 arrêtés et faits prisonniers, parmi lesquels d’anciens hauts responsables du pays.

Aujourd’hui, le FACT dément cette information, ne s’avouant tout simplement pas vaincu, mais déterminé à mener son ambition jusqu’au bout.

Avec des images de La Presse canadienne

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