La prévention des difficultés financières est considérée comme un des moyens pour éviter des dissolutions de programmes et des pertes d’emplois comme c’est le cas à L’Université Laurentienne, en Ontario. Selon la Fédération des professionnèles (FP-CSN), il revient au gouvernement du Canada de mettre en place une telle dynamique. Crédit : Istock

Crise à l’Université Laurentienne : craindre un effet d’entraînement au Canada?

Les difficultés financières de l’Université Laurentienne, en Ontario, ont entraîné la suppression de plusieurs programmes en français. Cette situation porte préjudice aux étudiants et à l’ensemble de la communauté francophone dans le nord de la province.

Protéger la formation universitaire

La Fédération des professionnèles (FP-CSN) craint que des universités canadiennes aient à subir les mêmes difficultés. Elle a donc invité le gouvernement fédéral à agir en amont pour prévenir une telle situation.

Ottawa devrait réviser la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) pour exclure les établissements d’enseignement.

On sait que l’Université Laurentienne a invoqué cette loi. Elle a pu mettre un terme aux programmes francophones et congédier du même coup plusieurs enseignants et du personnel de soutien.

« On ne peut pas traiter l’Université Laurentienne ou tout autre établissement similaire comme une simple compagnie. L’accès au savoir dans les autres régions du pays ne devrait pas dépendre des mauvaises décisions des administrations qui sont en place à un moment donné », a souligné Ginette Langlois, présidente de la FP-CSN, dans un communiqué.

À l’annonce de la mise de cette université sous la protection de la LACC, de la fermeture des programmes en français et des pertes d’emplois, plusieurs étudiants et organisations avaient exprimé leurs craintes de voir une bonne partie de la population de l’Ontario être privée de cours dans leur langue.

De plus, ils redoutaient des effets plus graves sur la vitalité des collectivités francophones.

La FP-CSN a peur que cela nuise au suivi des grossesses à long terme dans ces régions.

« L’abolition par l’Université Laurentienne d’un des deux seuls programmes de formation pour les sages-femmes pourrait jouer un rôle encore plus grand pour assurer le suivi des grossesses et les naissances dans les régions en pénurie d’obstétriciens. On doit assurer un plus grand accès à cette formation et non l’inverse », a souligné Mme Langlois.

La FP-CSN soutient que des problèmes comme ceux de l’Université Laurentienne sont susceptibles de s’étendre à l’ensemble des universités. Ottawa devrait donc jouer un rôle beaucoup plus proactif. On pourrait ainsi assurer le maintien de la formation universitaire partout au pays.

L’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (APPUL) demande également au gouvernement fédéral de s’impliquer encore plus dans le financement des universités.

Permettre aux francophones du Canada de continuer à recevoir des enseignements dans leur langue partout au pays. Photo : iStock

Préserver les programmes de langue française

L’un des enjeux, dans un contexte minoritaire, est d’assurer la survie des enseignements en français afin de maintenir cette langue.

Au Québec, malgré la loi 101 adoptée spécifiquement pour protéger le français, on constate un certain recul dans quelques localités. La grande région de Montréal, qui connaît une influence forte de l’anglais, en est un exemple probant.

Pour éviter que cela se répète dans les universités du Québec, Mme Langlois invite les autorités à tirer les leçons de cette affaire.

« Ce qui arrive à l’Université Laurentienne devrait servir de signal d’alarme avant qu’une des régions du Québec perde son université », a-t-elle affirmé.

Le noeud du problème des universités en ce contexte de pandémie est beaucoup plus financier.

Plusieurs services qui permettaient à celles-ci de renflouer leurs caisses ont disparu avec les restrictions sanitaires. Les inscriptions ont baissé dans bien des cas, notamment celles des étudiants internationaux.

Les universités dotées d’infrastructures d’hébergement n’ont pas accueilli de nouveaux hôtes depuis plus de 14 mois.

À la Laurentienne, on a expliqué que les problèmes actuels étaient en grande partie attribuables aux investissements dans des logements qui sont restés inoccupés. C’est ce qui a conduit aux décisions difficiles.

« Tout comme en Ontario, les universités du Québec sont dans un étau financier qui les force trop souvent à prendre des décisions qui ne vont pas dans l’intérêt des étudiants et de l’avancement de la recherche publique », a ajouté Ginette Langlois.

Il se poserait un problème de transparence dans la gestion des fonds, car l’ACCPU et l’APPUL soutiennent que l’Université Laurentienne a déclaré un budget équilibré pour la septième année de suite en 2017, et encore en 2019, avant de recourir à un tour de « passe-passe financier » pour camoufler ses problèmes financiers.

Cette tâche s’est avérée plus ardue que prévu en raison de la disparition des fonds destinés à la recherche et d’autres ressources de fonctionnement.

Pour éviter une telle situation à l’avenir, les associations du secteur de l’éducation placent beaucoup d’espoir dans une stratégie préventive du fédéral.

Selon un communiqué de la Fédération des professionnèles (FP-CSN)

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Catégories : Santé
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