Sans statut officiel, les immigrants ne peuvent bâtir une vie solide au Canada. La résidence permanente ouvre la voie à un multitude de possibilités. Crédit : Istock

Résidence permanente : les seuils fixés au Québec bloquent-ils 50 000 demandes?

L’organisme Le Québec c’est nous aussi lance un appel au gouvernement du Québec afin qu’il lâche du lest dans ce dossier. Pendant une conférence de presse, devant l’Assemblée nationale, elle a souligné l’importance de faciliter l’octroi de la résidence permanente aux milliers de personnes qui attendent depuis plusieurs années.

Les gouvernements se sont souvent accusés mutuellement de compliquer la tâche pour les demandeurs. C’est au fédéral qu’incombe la responsabilité de décerner un tel document. Mais, grâce à son programme d’octroi de certificats de sélection, le Québec peut choisir ses propres immigrants qu’il soumet par la suite à la procédure fédérale d’obtention de la résidence permanente.

Depuis plusieurs mois, voire des années, plus de 50 000 personnes sont dans cette situation et attendent désespérément ce document.

La ministre de l’Immigration continue à nier les délais et blâme Ottawa pour ces derniers. Le gouvernement de la CAQ doit agir maintenant. La réputation du Québec à l’international est marquée pour longtemps […] Le Québec doit redevenir une destination de choix pour ces familles et ces talents.Christine St-Pierre, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’immigration

Le Québec c’est nous aussi indique que dans une intervention, dans le cadre d’une demande d’accès à l’information, en janvier dernier, le ministre fédéral de l’Immigration, Marco Mendicino, s’offusquait déjà d’une lenteur dans les procédures au Québec. Celle-ci n’est pas de nature à faciliter la tâche au fédéral.

Le programme d’activité lié au programme des travailleurs qualifiés (Québec) (PTQQ) a reconnu un moratoire temporaire visant les fonctions liées à la réception des demandes en 2019. Le traitement se poursuit à un rythme lent. Cette mesure était attribuable aux restrictions imposées par le gouvernement du Québec quant aux admissions en raison d’un nombre limité de places dans les niveaux annuels. Par conséquent, il restait encore un nombre considérable de demandes à traiter dans la salle de courrier pour ce secteur d’activité, même avant la COVID-19. Marco Mendicino, ministre de l’Immigration, de la Citoyenneté et des Réfugiés

Le Québec et le Canada trouveront-ils un terrain d’entente pour que les milliers de personnes en attente obtiennent la résidence permanente? Photo : iStock

Contre la précarisation des immigrants

Entre-temps, leur statut précaire ne leur donne pas accès à tous les droits qui reviennent naturellement aux résidents permanents. Ils ne peuvent occuper certains emplois que s’ils sont détenteurs de la résidence permanente.

Avec une telle gestion de mon dossier d’immigration, j’ai été plongée dans l’incertitude de voir mes projets se réaliser. Le stress de ne pas savoir si je pourrai rester au Québec en attendant ma résidence permanente, bien que j’y construise ma vie depuis trois ans,  j’ai l’impression que mon projet de vie est suspendu au bout d’un fil tenu par deux gouvernements en opposition qui se renvoient la balle aveuglément et en silence à notre sujet. Pourtant, j’ai été sélectionnée par le Québec.Anne Lamarque, immigrante française

Las d’attendre, plusieurs envisagent de quitter le Québec pour s’installer dans d’autres provinces canadiennes. D’autres optent pour un retour dans leur pays d’origine, alors que la pénurie de la main-d’œuvre est criante dans bien des secteurs partout au Canada.

 Au bout de 6,5 ans au Canada, j’étais en statut implicite. Pour ceux qui ne le savent pas, cela signifie que mon permis de travail avait expiré et que ma demande de renouvellement n’était pas encore approuvée. En un mot, je n’avais plus de document d’immigration valide. Durant ce fameux statut implicite, il m’était impossible de pouvoir faire d’emprunt pour acheter un appartement. Les banques ont répondu gentiment qu’elles ne pouvaient prêter qu’à des personnes ayant un statut “légal” au Canada. Louise Mazauric, immigrante française

Pour l’organisme Le Québec c’est nous aussi, c’est une question de droit et de dignité pour ces personnes qui sont venues au Canada dans le but de bâtir une nouvelle vie et de contribuer à l’avancement de la société.

 Le Québec répète sans cesse qu’il souhaite arrimer l’immigration avec ses besoins de main-d’œuvre. Il semble oublier que derrière il y a des humains qui ne souhaitent qu’une chose : s’établir ici et construire une vie stable. Il devient de plus en plus évident, même pour des personnes déjà établies ici, que cela est beaucoup plus difficile à faire au Québec qu’ailleurs au Canada.Thibault Camara, président de Québec c’est nous aussi.

Depuis le 6 mai, certaines personnes qui ont un statut temporaire, les francophones, les travailleuses et les travailleurs essentiels sont admissibles à la résidence permanente, mais ils doivent, par exemple, démontrer qu’ils ont l’intention de s’installer en dehors du Québec.

Le fédéral a ouvert un programme pour permettre à 90 000 immigrants déjà sur le sol canadien de bénéficier de la résidence permanente.

Le Québec c’est nous aussi souhaite voir tous ceux qui sont en attente au Québec être pris en compte dans ce nouveau programme.

Cela suppose que cette province fasse preuve d’une plus grande ouverture. Les autorités doivent lever la barrière des seuils et cesser de privilégier l’immigration temporaire. En fixant les seuils, seules quelques personnes peuvent recevoir la résidence permanente. Cela a pour conséquence de maintenir plusieurs autres dans une situation de précarité.

« Oublier les seuils pendant quelques minutes de courage politique et demander à Ottawa de procéder immédiatement au traitement de milliers de dossiers de l’inventaire montrerait aux personnes qui ont choisi le Québec que le gouvernement a à cœur de les voir rester ici », dit Thibault Camara.

Catherine Dorion, députée de Taschereau, Québec solidaire, invite le gouvernement du Québec à mettre un terme au démantèlement du système d’immigration provincial par la fin des barrières, des abus et de la précarité.

 Le gouvernement du Québec doit cesser de traiter les personnes immigrantes comme de la chair à PIB ou comme des chiffres qu’on peut déplacer d’une colonne à l’autre. Nous avons besoin du leadership de Québec afin de régulariser rapidement le statut des personnes immigrantes qui sont déjà installées ici et qui contribuent tant à notre société. Catherine Dorion.
Selon un communiqué de l’organisme Le Québec c’est nous aussi

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Catégories : Société
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